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Critique de lolo71


Niccolo Machiavelli écrit le prince en 1513. Jusqu'en 1512, en tant que secrétaire de la seconde chancellerie, chargé des affaires étrangères de la république florentine, il accomplit des missions diplomatiques en Italie et en France. En 1512, après le retour des Médicis à Florence, il est injustement accusé d'avoir conjuré contre eux, est emprisonné et torturé. Libéré un mois plus tard, il se retire dans la campagne toscane où il rédige le prince. Il le dédicace à Laurent de Médicis le jeune, nouveau chef du gouvernement de Florence, auprès de qui il convoite une charge de conseiller.
Machiavel a mis à profit ses années d'expérience et d'observation de vie politique et diplomatique pour écrire un traité sur ce que doit être l'art de gouverner. Il émaille sa démonstration d'exemples tirés de l'histoire contemporaine - César Borgia revient sans cesse, il semble être la figure même du prince -, de l'histoire antique, de la mythologie ou de la bible, faisant de constants allers et retours entre théorie et pratique. Il s'intéresse aux systèmes monarchiques (les principats), et se propose d'étudier « de quelles espèces ils sont, comment ils s'acquièrent, comment ils se maintiennent, pourquoi ils se perdent » (lettre du 10 décembre 1513 à Francesco Vettori).
L'auteur a donné son nom à une doctrine à forte connotation péjorative, le machiavélisme. Définition du Robert : art de gouverner efficacement sans préoccupation morale quant aux moyens. le mot charrie avec lui les notions de ruse, de perfidie, de cynisme. Qu'on en juge : un prince doit toujours s'exercer à la guerre, y compris en temps de paix ; des vices et des vertus communément admis chez les hommes, il ne doit garder que ceux qui lui sont utiles pour garder son Etat ; il doit être avare de sa fortune et de celle de ses sujets, mais généreux avec celle des autres ; il vaut mieux être craint qu'aimé, ne pas redouter d'être cruel mais fuir le mépris et la haine; il ne faut pas toucher au bien et aux femmes de ses sujets, mais plutôt leur ôter la vie lorsqu'on veut les punir ; il n'est pas nécessaire pour le prince de tenir sa parole si cela doit se retourner contre lui ; etc. En somme, le prince doit savoir être lion et renard : « renard pour connaître les filets, et lion pour effrayer les loups ». Savoir user de la carotte et du bâton.
De tout cela il ressort une vision très négative des rapports humains. Certes le prince doit avoir pour but le bien-être de son peuple, encourager la vertu et se donner en exemple, mais les hommes étant méchants par nature, et cherchant toujours à contester son pouvoir, il lui faut savoir biaiser pour le conserver. « Paraître enclin à la pitié, fidèle, humain, intègre, religieux, et l'être ; mais avoir l'esprit ainsi fait que, lorsqu'il faut ne pas l'être, tu puisses et tu saches devenir le contraire », dit Machiavel en interpellant le prince.
On peut voir ce livre comme la mise à nu de l'action politique, dépouillée des oripeaux moraux qui masquent sa vraie nature. Machiavel fait la lumière sur la réalité de l'exercice du pouvoir, fait avant tout d'opportunisme et de calcul. Mais c'est aussi une adresse au nouveau dirigeant de Florence, une sorte de mode d'emploi pour surmonter la crise que connaît alors la république. Et tout en se posant humblement en conseiller adoptant le point de vue du peuple, il tente de redorer son blason auprès des puissants. Machiavélique, Machiavel ?


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