Citations sur Il faut tuer Lewis Winter (31)
On joue pour deux raisons, l'une acceptable et l'autre pas. L'inacceptable c'est la cupidité, la perspective de davantage d'argent, dont on a pas réellement besoin. L'autre est l'excitation et c'est une autre affaire.
Vivre comme un bandit, c'est marrant. Être traité comme tel, non.
Ce sont les affaires. Calum a donné son accord. S’il échoue, il sera probablement puni. Pas exécuté. Si vous tuez un homme parce qu’il a échoué, qui voudra travailler pour vous ? Mais vous l’isolez. Vous lui menez la vie dure. Calum le sait. Il en a vu à qui c’est arrivé. Des hommes de talent. Ça arrive surtout aux grandes gueules, aux imbéciles qui croient pouvoir faire le boulot. C’est facile de tuer un homme, mais difficile de bien le tuer. Ceux qui le font bien le savent. Ceux qui le font mal le découvrent à leurs dépens. Leurs dépens avec leurs conséquences. Même ceux qui ont du talent ne doivent pas perdre ça de vue.
Quelqu'un qui a été votre ami et votre confident pendant vingt ans peut vous lâcher en un clin d’œil. ça arrive. Tout être sensé garde en tête cette triste réalité; les autres l'apprendront.
Il y en a qui se lèvent et vont passer toute la journée dans un bureau. D'autres qui construisent. Ou qui conduisent. C'est leur métier. Ils n'y pensent pas, ils le font. Pour Calum, il consiste à tuer. Il va se préparer. Le jour venu, il le fera.
John Young est à une table au centre de la pièce et enduit la queue de billard de craie. Les billes sont dispersées sur la table, aucune n’a encore été empochée. Il vient peut-être de commencer, ou alors il a été nul. Calum n’en sait rien, il ne l’a encore jamais vu jouer. Tout le monde sait que Jamieson est bon. Qu’il a pris des leçons auprès de professionnels. Young a dû apprendre quelque chose de son patron.
« Calum, comment tu vas ?
– Très bien. » Il va prendre une queue au râtelier. Il est en jeans et T-shirt ; il ne joue bien qu’en T-shirt. Les manches entravent les mouvements.
Young rassemble toutes les rouges au centre de la table et les dispose avec le triangle. Il place soigneusement les autres sur leur mouche. Tout est précis, fait par quelqu’un qui joue souvent, et avec un partenaire sérieux. « Beau temps dehors, dit-il finalement.
– Oui. À toi de casser. »
Young se penche, ajuste et frappe. Une seule rouge s’échappe et la bille blanche revient. Une casse sans danger pour lui qui va rendre le prochain coup difficile. Il ne laissera pas Calum gagner.
Le club se trouve dans le centre, une petite entrée mène à un grand bâtiment. Un dimanche après-midi, personne à la porte. En général, quelques clients au bar, et en haut, aux huit tables de billard. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, un écriteau sur la porte : Fermé pour nettoyage. Un carton défraîchi qu’on ressort chaque fois qu’on a besoin d’intimité. Suspect, de toute évidence, mais personne ne se pose de questions. Calum ignore l’écriteau, ouvre la porte et entre.
Tous les indices sont là si vous voulez les chercher. Vous ne voulez sans doute pas, comme la plupart des gens. Une conversation ordinaire, deux personnes qui s’appellent par leur prénom sans être très proches. Des amis qui se retrouvent plutôt une fois par semaine que tous les jours. De simples connaissances. On a si souvent des conversations de ce genre, alors pourquoi s’en soucier ?
Ça commence par un coup de fil. Une conversation anodine, familière, amicale, on ne parle pas affaires. Un rendez-vous est pris, en terrain neutre, un lieu public de préférence. Quels que soient l’interlocuteur et le lieu de rencontre, il faut rester prudent. Parer à toute éventualité, rien n’est acquis d’avance. On est tenté de faire confiance, mais c’est une erreur. Quelqu’un qui a été votre ami et votre confident pendant vingt ans peut vous lâcher en un clin d’œil. Ça arrive. Tout être sensé garde en tête cette triste réalité ; les autres l’apprendront.
C'est facile de tuer un homme, mais difficile de bien le tuer. Ceux qui le font bien le savent. Ceux qui le font mal le découvrent à leurs dépens. Leurs dépens avec leurs conséquences.