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Critique de Calimero29


Dans ce roman très autobiographique, Maryam nous raconte son enfance et son adolescence dans la cité de Drancy jusqu'à khâgne et hypokhâgne qu'elle a intégrés grâce aux quotas (quel vilain mot froid et cynique). Ce qui caractérise cette période de sa vie, c'est son besoin obsessionnel de s'intégrer, elle qui est d'origine iranienne, si différente physiquement et socialement.
Pour cela, elle décide de s'attaquer à sa chevelure crépue, à ses sourcils qui forment une barre et à sa pilosité conséquente. Ce combat donne lieu à des pages désopilantes et hilarantes malgré le sujet douloureux et à un échec retentissant. Elle passe ensuite à l'habillement, elle qui est vêtue comme un sac avec des pulls et des pantalons informes et de deuxième main. Là aussi, échec total.
Elle est excellente élève et sur les conseils d'un oncle, elle postule pour intégrer le prestigieux lycée Fénelon, le graal qui lui permettra de quitter la cité, d'avoir une vie de rêve ; elle est acceptée mais très vite son niveau ne lui permet plus de suivre ; elle se sent marginalisée, exclue, mal à l'aise dans un milieu qui ne l'acceptera jamais et elle abandonne.
Elle retourne vivre en cité et le livre se termine sur une phrase magnifique : « Ici, c'est chez moi. J'ai jeté mon ancre ».
Le besoin d'intégration, synonyme de liberté, à hauteur d'enfant puis d'adolescente est le fil rouge du roman. le périph' est le mur symbolique qu'il faut franchir pour y arriver. Ce n'est qu'après un long processus qui fait passer l'enfant puis l'adolescente de rêves en déceptions que le roman s'avère être finalement une ode à la cité, même si la vie n'y est pas rose tous les jours, même si la violence entre jeunes y est très présente, même si on y vit chichement mais la narratrice en connaît les codes, elle se sent faire partie d'une communauté.
La description des enseignants vus par l'adolescente donne une image assez désolante de l'éducation nationale dans les cités entre démission face à une tâche insurmontable et camp disciplinaire même si quelques-uns arrivent à capter l'attention des enfants par des pédagogies peu conventionnelles.
Je me suis sentie très proche de l'enfant dont les autres se moquent du physique et de l'habillement car même sans être d'origine étrangère, j'ai connu la cruauté des enfants face à ceux qui sont différents, qui ne sont pas à la mode. L'auteur dédramatise par un humour décapant et l'autodérision ces moments douloureux où on voudrait disparaître dans un trou de souris.
Ce livre est très positif et dégage un sentiment de plénitude à la fin car la narratrice a trouvé sa place, loin de ses rêves, sans amertume, sans ressentiment. le titre, on le comprend lorsqu'on referme le livre, est très bien choisi, inspiré d'une chanson de Céline Dion « Pour que tu m'aimes encore ». Ici l'important, c'est de s'accepter soi-même, de s'aimer soi-même, d'être en harmonie avec soi-même. Un message optimiste qui fait du bien
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