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Critique de colimasson


On peut décider de découvrir Freud et sa pensée en lisant les multiples essais et articles qu'il a écrits ou en se plongeant dans sa correspondance, forte de quelques 20 000 lettres. On peut aussi trouver qu'un abrégé de son oeuvre fera tout aussi bien l'affaire. le Freud en bande dessinée, réalisé par Corinne Meier et Anne Simon, pourrait être un de ces ouvrages… La psychanalyse parle de la psychanalyse et Corinne Mayer s'arroge le droit de savoir en rappelant qu'elle se situe dans la lignée de Freud et qu'elle exerce elle-même la profession de psychanalyste.


On découvre donc Sigmund Freud dans les débuts de sa vie. Aîné d'une famille de huit enfants, il est promis à une grande carrière qui défoule dès sa jeunesse son ambition. Il étudie la médecine pour obtenir l'assurance d'un gagne-pain, mais rêve en réalité d'être un savant… La découverte de l'hypnose par Charcot le lancera peu à peu sur la voie qui deviendra la sienne : celle de la psychanalyse. Et de découverte en découverte, le lecteur pourra revenir sur les avancées les plus marquantes du docteur viennois…


Freud se distingue des autres bandes dessinées à tendance biographique par une plongée dans la subjectivité même du personnage. Aucun narrateur extérieur ne prend en main la narration : le tout est laissé au jugement de Freud, qui s'exprime en sa propre personne. Un peu de changement ne fait pas de mal… hélas, l'artificialité du processus est flagrante et rend immédiatement compte de la volonté trop didactique (au point d'en être réductrice) de Corinne Maier. Vous avez envie d'en savoir un peu sur Freud, mais pas trop quand même ? Bonne pioche ! Voici dans cette bande dessinée le minimum légal à connaître sur le personnage pour comprendre les références qui peuvent lui être faites dans la vie quotidienne ou pour épater un bon ami dont notre pulsion de vie –à travers Eros- se serait entiché et aurait envie d'impressionner... Parmi les petites histoires les plus connues, on retrouvera le cas d'Anna M., l'homme au rat, le petit Hans et sa terreur des chevaux et le mythe d'Oedipe. Des petits détails de la vie de Freud nous seront dévoilés, qu'il s'agisse de sa vie privée, de sa vie familiale, de ses ambitions intellectuelles ou de sa fin de vie.


Le travail au dessin d'Anne Simon est presque plus remarquable que le scénario de Corinne Maier et cherche à intégrer une once d'originalité par le biais de couleurs qui n'appartiennent pas à la gamme de la réalité. On vire plus souvent aux ambiances oniriques –presque psychédéliques, quoique se cantonnant quand même à la douceur des tons. Beaucoup de symboles sont utilisés pour représenter des évènements abstraits de la vie de Freud (sa conceptualisation de l'inconscient, du moi, du surmoi…) et tentent de pallier tant bien que mal aux raccourcis faciles qu'emprunte le déroulement de la biographie. Toutefois, l'usage à outrance des symboles rend parfois le remplissage des cases bien laborieux et pousse à s'interroger sur la nécessité de recourir au dessin…et donc à la bande dessinée… mais Corinne Maier aurait alors dû étoffer davantage ses textes.


En dernière page, Corinne Maier se permet de ressusciter Freud et de le placer devant un écran de télévision afin que celui-ci constate, avec horreur bien sûr, ce que la parole des média a fait de son édifice culturel. « Quatsh ! Que de bêtises débitées en mon nom ! », vocifère-t-il en brandissant les poings, l'air visiblement indigné de se faire le spectateur de la récupération erronée de son oeuvre. Dommage que Corinne Maier n'ait pas placé notre bon vieux psychanalyste devant sa propre réalisation… on aurait bien aimé savoir ce qu'il en aurait pensé !
Lien : http://colimasson.over-blog...
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