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Critique de LoupAlunettes



Trouvé dans un trou de blaireaux, Mo' mettait fin aux recherches mais avait déclenché par la même occasion une foule de questions sur sa disparition, sur son aventure de survie dans les bois. C'était le drôle d'événement du moment.
" Pas parler" lui avait-elle prié, avec d'autres mots dont la petite tonalité avait été rendu légèrement abrasive par la vie sauvage. Un peu éprouvé, surpris de ce qu'il venait de découvrir, Mo' hésitait à se confier à sa mère déja bien bouleversée, à prendre conseil auprès de Gaby qui semblait quelqu'un de confiance. Il avait un peu peur de faire fuir le petit "animal" qui l'avait soigné plusieurs jours durant, lui prodiguant cataplasmes de boue fraîche sur ses blessures, lui offrant de la viande crûe pour reprendre des forces. Qui était-elle? Car sous ses dehors crasseux et noirs, sous la paillasse de cheveux emmêlés, il y avait eu une jeune fille. Qui est Ailes?
: "Dans les branches", pour dire vrai, est un parcours d'aventure(s), une exploration de la nature, du dessus, du dessous et au niveau du sol, une ode totale au travers du destin dramatique de la petite Ailes. Un contraste permanent qui plombe ou fait décoller du sol.
Emmanuelle Maisonneuve glisse une succession d'apprentissages livrés par un nombre de personnages variés qui respectent la nature, en connaissent les secrets pour en vivre ou ici aussi, y survivre.
C'est une toute autre vie qui s'ouvre à Mo' "Morgane" , grand ado' de 14 ans ( dans les deux sens du terme). Une aventure inattendue dans la vraie vie. Il est un jeune geek réservé, fan de jeux vidéos de Fantasy qui n'éprouve sa valeur que dans cet espace où il trouve régulièrement refuge, un monde virtuel où, on le lit, il se protège d'un quotidien familial compliqué.
Ses rencontres, entrainées par LA rencontre principale, celle d'avec son "troll", vont lui permettre de faire face à ses petites peurs, de grandir et de prendre confiance en ce monde qui l'entoure. Pris sous l'aile de Gaby, "le grand type" comme il l'appelle, Mo' va connaitre la vie à la ferme, se sentir utile et connaitre une complicité paternelle qu'il n'arrive pas à nouer avec le compagnon de sa mère.
Gaby va prendre part à ses centres d'intérêts et l'aider aussi dans sa quête d' "Ailes". Elle, c'est une jeune ado' cachée dans les bois, amie de la nature et des blaireaux, c'est Ailes comme il la surnomme car on ne sait pas au début du roman qui elle est. Ce petit oiseau tombé du nid va le suivre, l'épier puis le sauver, le soigner.
Les journaux intimes de l'ancien propriétaire de la ferme de Gaby vont faire le jour sur une partie de l'itinéraire de cette "troll" des bois, dévoiler la source de ces connaissances du mode survie.
Nous sommes bel et bien dans le thème du partage et de la transmission, de Gaby à Mo', du fermier à Ailes et enfin de Ailes à Mo'.
Mo'va découvrir la nature à l'orée des bois chez les hommes et en son coeur parmi les animaux. Se terrer dans les galeries des blaireaux, approcher le chevreuil au point de presque le toucher est une expérience inattendue pour Mo'. La " vie" secrète d'Ailes va se trouver menacer par l'oncle Gé sans qu'il le sache, avec ses amis "chasseurs" de blaireaux d'une part dont les trous fragilisent les sols, puis l'explosion des carrières de pierres. Il ne faut point trop en dire mais notre Mo' s'attache à sa beauté crasseuse et insaisissable comme une biche aux sabots d'airain. Pour Mo', cette histoire est plus incroyable qu'une fiction et pour nous lecteurs, c'est la fiction dans la fiction. La référence au célèbre "Victor, enfant Sauvage" de l'Aveyron est plus qu'évidente, elle est même citée dans les recherches de Mo' qui tente de déterrer le passé de Ailes et pense faire les choses dans le bon sens. Nous pensons aussi à " La rencontre, la véritable histoire de Ben Mac Donald", l'enfant recueilli par les blaireaux d'Allan W. Eckert.
Emmanuelle Maisonneuve glisse de la délicatesse et de la sensibilité dans un monde perçu au départ comme un peu rude pour ces deux jeunes ados aux parcours différents cependant. La vie sauvage est d'une rudesse encore différente. Il est question de problèmes de communication avec les ados voire même de maltraitance et les descriptions à la ferme ou dans les bois sont des espaces d'oxygène et de liberté retrouvés bien restitués ainsi par l'auteure. L'épaisseur du roman ne doit pas être un obstacle à cette lecture dans laquelle on se plonge sans difficultés.
A découvrir, vraiment.
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