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Critique de Cancie


Choutov, la cinquantaine, écrivain à audience modeste, d'origine russe et ancien dissident, vit à Paris. Pour fuir l'impasse de sa relation amoureuse avec la jeune Léa, il décide de se rendre à Saint-Pétersbourg et tenter de rejoindre Iana, cette jeune femme dont il était amoureux trente ans auparavant, espérant aussi retrouver ses idéaux de jeunesse.
C'est une Russie totalement nouvelle et métamorphosée qu'il va retrouver et avoir du mal à comprendre tout comme sa passion de jeunesse avec qui il ne parviendra plus à communiquer. Il reste abasourdi devant cette Russie inconnue où les livres sont devenus des produits !
Iana l'accueille dans un lieu, autrefois composé de quatre appartements communautaires disposés sur deux étages et transformés aujourd'hui, en un seul habitat luxueux pour elle et son fils. Choutov va rencontrer Volski, un vieux paraplégique qui n'a malheureusement pas pu encore être transféré dans une maison de retraite et qui en attendant d'être évacué, d'ici deux jours est encore alité dans la chambre où il résidait. le vieil homme, au cours d'une soirée, sortant de son mutisme, va raconter à Choutov quelle a été sa vie et ce sera donc La vie d'un homme inconnu.
Nous allons revivre avec lui ce qu'a été l'histoire de sa vie, sa vie ainsi que celle de Mila, sa femme. Andreï Makine, embarque le lecteur dans la marche irrémédiable de l'Histoire, au travers du récit de cet inconnu. Depuis les dernières heures de ce que Volski appelle son ancienne vie, un moment doux qui se condensa dans le goût d'une tasse de chocolat, le dernier jour de paix, le lendemain étant annoncé le début de la guerre, jusqu'à aujourd'hui.
C'est avec effroi que nous traversons les horreurs du blocus que vécurent les habitants de celle qui se nommait encore Leningrad : une température glaciale, une tranche de pain par jour, l'épuisement, l'immobilité, le néant. Telle avait été la décision de Hitler : « la ville, bientôt occupée, ne serait pas vidée de ses habitants, ils resteraient sur place, coupés du monde, sans nourriture, sans eau, sans soins médicaux et, à la fin de l'hiver, l'armée du Reich procéderait aux « travaux d'entretien sanitaire », c'est-à-dire à la destruction de deux millions de cadavres. »
Sa jeunesse, la ville morte du blocus, la guerre avec la gigantesque bataille de Koursk dans laquelle il devint méconnaissable, le Goulag, c'est ce qu'en une heure à peine, le vieillard a conté à Choutov. Ce destin est traversé par l'amour infaillible et indestructible que Volski a porté à Mila, cette femme détruite par le régime soviétique, et qui a transfiguré sa vie, lui permettant de supporter toutes ces terribles épreuves et ce malgré les séparations, et les corps vieillis et métamorphosés par la cruauté de la vie. À travers ces deux destins, que relate La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, tout en relatant ces vies brisées, cette époque indéfendable, nous offre, outre un formidable hymne à la littérature, un hymne à la terre natale, à la passion de sa patrie, à la beauté et à la poésie, n'oubliant pas, cependant d'évoquer l'émergence de cette « nouvelle Russie ». Un bel hommage est également rendu au théâtre, à la voix, aux chansons, à l'expression corporelle.
Si le début m'a paru un peu lent, j'ai ensuite été vite emportée par la beauté, la densité, la puissance de cette écriture qui sait si bien évoquer les atmosphères, sachant les rendre avec beaucoup de sensibilité et de justesse.
J'ai été subjuguée par ce voyage entrepris par Choutov pour répondre à sa quête intérieure, voyage si bien rendu par l'auteur !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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