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Critique de soniamanaa


Chroniquer un livre d'André Makine relève pour moi du défi.
Il me faudrait pouvoir planter un décor minimaliste pour oser me lancer dans un commentaire sur son dernier roman.
Un décor qui ressemblerait à ça :
Un "champs des derniers épis", le " vent ensoleillé de lumière " du ciel de Crimée, un "carré de laine", l'ombre d'un moulin et deux prénoms, Tania et Valdas.
Il me faudrait aussi arrêter les horloges pour exactement deux semaines. Deux semaines égarées dans la grande nébuleuse du temps, supprimées par décret par Lénine en 1918 afin que la jeune Union Soviétique rejoigne les pays civilisés dans leur chronologie grégorienne.
En dehors de ce décor et dans ce temps suspendu, le tumulte tapageur d'un siècle de fureur sur le continent eurasien.
Une guerre civile, deux conflits mondiaux d'inédite violence, l'exil, la misère, les armes prises sous une bannière puis dans le rang des résistants, des morts par centaines... La vie de Valdas pourrait remplir 1000 pages.
C'est le génie d'Andreï Makine que de livrer cette fresque en quelques 198 feuillets, comme un condensé alchimique et mystérieux qui ne laisserait en bouche que le souvenir de ces deux semaines envolées.
On dit que le temps perdu ne se rattrape pas. Et pourtant si, sous la plume de cet auteur magicien, il se fait même calendrier se jouant de toute temporalité et se tournant résolument vers une fugace éternité.
Ouf. Je suis arrivée au terme de ce billet. J'espère qu'il aura su dire mon enchantement.
Il existe en Russie une expression ambivalente et intraduisible pour exprimer une forme de mélancolie qui seule, permet de ressentir l'acuité et l'intensité du temps présent. On l'appelle la Toska.
En fermant ce livre, je m'y replonge avec délice avec le secret espoir de l'avoir partager un instant avec vous.
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