Même aujourd’hui, cinq ans plus tard, je sais que toute ma Russie, celle forgée par mon esprit, est un pur mensonge. Ma carte mentale de la mère patrie est parsemée de fiction, comme les vieilles cartes de l’Atlantique le sont de sirènes et autres monstres marins : ici au nord de Moscou, se trouve la chocolaterie de mon père ; ici, Ivan Illitch accroche des rideaux ; ici coule la Volga, polluée de réfugiés ; là trotte le nez de Gogol ; ici, les braves citoyens jettent des cailloux à la statue de Staline….
Comme c'est étrange, cette profession systématiquement associée à la solitude, à la virginité et au désespoir féminin. La bibliothécaire, avec son pull à col roulé, qui n'a jamais quitté sa ville natale.
En bonne Russe, j’avais envie de pénétrer par effraction dans la maison du pasteur Bob et de l’empoisonner. En bonne américaine, j’avais envie de poursuivre quelqu’un en justice.
Mais en bonne bibliothécaire, je restais assise à mon bureau et attendais.
"comme c'est étrange, cette profession systématiquement associée à la solitude, à la virginité et au désespoir féminin. La bibliothécaire, avec son pull à col roulé, qui n'a jamais quitté sa ville natale. Assise à son bureau, elle rêve du grand amour."
La blague favorite de mon père : "Qu'est-ce qu'un Russe? Un nihiliste. Qu'est-ce que deux Russes? Une partie d'échecs. Qu'est-ce que trois Russes? Une révolution."
Je continue de penser que les livres peuvent vous sauver.
Cependant, je continue de penser que les livres peuvent vous sauver.
La veille, je lui avais raconté qu'un libraire indépendant d'Hannibal mettait la clef sous la porte, et il m'avait lâché : "Tu t'attends à quoi ? Je t'ai vue utiliser Amazon [...]"
Comme c'est étrange, cette profession systématiquement associée à la solitude, à la virginité et au désespoir féminin. La bibliothécaire, avec son pull à col roulé, qui n'a jamais quitté sa vile natale. Assise à son bureau, elle rêve du grand amour.
Voici le tableau final. Voici les sous-titres utiles. Voici quelques dernières notes d’espoir pour les curieux, ceux qui comme Ian et moi ne peuvent se retenir de lire les dernières phrases en premier. […] Imaginez-le sous ses couvertures avec la lampe de poche. Pour une éternité bienheureuse, un tel monde devrait suffire. Pour le moment, il devrait le sauver.
Faisons le pari.
(p. 368)