Citations sur La Breizh brigade, tome 2 : Ni français, ni breton... (24)
Nessie, c’est ainsi que les Malouins surnommaient le plongeoir surplombant la piscine de Bon-Secours, en référence au mystique monstre du Loch Ness. A marée haute, son long cou et sa tête de béton affleuraient en effet juste au-dessus des flots, comme celui d’une créature surgie de l’abîme.
A aucun moment, il n’a exprimé la moindre animosité à l’égard de Saint-Malo, je dirais même que c’est tout le contraire.
On parlait pourtant d’un Anglais qui proposait de commémorer une attaque des siens sur la ville fortifiée.
Quant a Enora, assise au fond de la pièce, elle jouait malgré elle les entremetteuses entre Soizic et Clara, lesquelles ne cachaient pas leur intérêt réciproque. Après tout, à quoi serviraient les ex si on ne pouvait pas les recycler.
La Breizh Brigade se rendit au Java café au grand complet et ce dès l’ouverture. La cadette se sentait un peu fébrile d’introduire sa mère et sa grand-mère dans ce qui constituait son repère, mieux son refuge. Elle poussa la haute porte vitrée sur rue d’une main un peu tremblante, aussi cueillit par cette exclamation :
- Salut, Nono, dis donc, t’as changé de style de copines ? Fanny est au courant ?
D’un coin de torchon, Lolo le patron désigna Maggy et Louise goguenards. Enora allait se récrier et spécifier l’identité des deux femmes à ses côtés, mais sa granny les prit de cours.
- Fuking ballinks. Vous tenez un bar ou vous jouez dans Gossip Girl ?
- Well, je pense qu’il vaut mieux, que l’une d’entre nous y aille, on a déjà failli se faire gauler la dernière fois.
- Pour moi, c’est pas possible, se justifia Loulou. Déjà que j’ai séché la première heure de cours ce matin, je ne pas me décharger sur mes collègues toute la matinée. D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est photo de classes.
- Je vais y aller, proposa sa fille.
- I’ll come with you.
- Oui mais moi si je me fais choper je pourrais prétexter que j’ai un ticket avec Clara et que je la poursuis sur son lieu de travail. Stockeuse ? c’est un bon alibi non ?
- Tu sais que j’entends tout hein ! brailla Fanny à l’autre bout de la ligne.
Seule Maggy demeura camper- là où l’intrus volant les avait surprises. Elle esquiva une première charge, puis une deuxième, étonnamment souple pour son âge. Il fallait bien que tout cet exercice horizontal serve à quelque chose
- On n’annonce pas qu’on va quitter quelqu’un, on le quitte et surtout on le fait pour soi-même et personne d’autre.
- James, is that you my dear ?
Et comme aucune réponse ne lui parvint de l’autre côté du ventail, elle tourna la poignée vermoulue d’une main tremblante et entra dans la pièce.
- Blading fucking help, espèce de grand cornichon, tu as failli me faire crever de trouille ! on peut savoir à quoi tu joues ?
- Un problème lieutenant ?
- Bonjour madame. Votre voisine nous a signalé des bruits suspects qui provenaient de chez vous un peu plus tôt.
- Damned, s’écria – t-elle contrarié. Quels bruits suspects ?
- Des cris de femme on nous a dit.
- Des cris de…
Le rire de Mary Corrigan éclata soudain comme un tonnerre, lui coupant à elle-même la chique.
- Qu’est-ce qu’il y a de si drôle, s’agaça son interlocuteur.
- Well, rassurez-moi, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a d’autres motifs que la douleur à une expression incontrôlée de la voix n’est-ce pas ?
Les trois autres hommes en uniforme, captèrent l’allusion avant leur officier. Et tandis que celui-ci opposait encore un visage interdit, ils s’esclaffèrent à leur tour sous cape.
- Ha, finit il par percuter en rosissant. Ce genre de cri là.
- Yes, sir, et si ma charmante voisine pratiquait un peu plus certaines activités en chambre, elle saurait distinguer le plaisir de la souffrance. Enfin, je l’espère pour elle.
Il était flagrant qu’elle détestait celui qu’il était devenu au cours de son ascension. L’ambition avait étouffé ses convictions – si tant est qu’il en ait jamais eu – puis peu à peu tué l’amour entre eux. Un grand classique des dynamiques de couple.