Citations sur La Breizh brigade, tome 2 : Ni français, ni breton... (24)
Quand deux hommes convoitent la même femme, ils sont d’ordinaire si obnubilés par leur cible qu’ils ne se calculent même pas. Mais quand deux femmes en pincent pour le même homme, elles se repèrent et s’évaluent au premier coup d’œil. Chacune mesurant instantanément ses chances.
A aucun moment, il n’a exprimé la moindre animosité à l’égard de Saint-Malo, je dirais même que c’est tout le contraire.
On parlait pourtant d’un Anglais qui proposait de commémorer une attaque des siens sur la ville fortifiée.
Il en allait des affaires criminelles comme des desserts artisanaux : les surprises, bonnes ou mauvaises, étaient toujours de mise.
La plaisance avait au moins cette vertu : chasser les soucis par le vent du Nord et regonfler les voiles de sa motivation.
Nessie, c’est ainsi que les Malouins surnommaient le plongeoir surplombant la piscine de Bon-Secours, en référence au mystique monstre du Loch Ness. A marée haute, son long cou et sa tête de béton affleuraient en effet juste au-dessus des flots, comme celui d’une créature surgie de l’abîme.
- Un problème lieutenant ?
- Bonjour madame. Votre voisine nous a signalé des bruits suspects qui provenaient de chez vous un peu plus tôt.
- Damned, s’écria – t-elle contrarié. Quels bruits suspects ?
- Des cris de femme on nous a dit.
- Des cris de…
Le rire de Mary Corrigan éclata soudain comme un tonnerre, lui coupant à elle-même la chique.
- Qu’est-ce qu’il y a de si drôle, s’agaça son interlocuteur.
- Well, rassurez-moi, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a d’autres motifs que la douleur à une expression incontrôlée de la voix n’est-ce pas ?
Les trois autres hommes en uniforme, captèrent l’allusion avant leur officier. Et tandis que celui-ci opposait encore un visage interdit, ils s’esclaffèrent à leur tour sous cape.
- Ha, finit il par percuter en rosissant. Ce genre de cri là.
- Yes, sir, et si ma charmante voisine pratiquait un peu plus certaines activités en chambre, elle saurait distinguer le plaisir de la souffrance. Enfin, je l’espère pour elle.
Bien souvent, ce n’est que lorsqu’on rompt sa routine qu’on réalise qu’elle en est devenue une.
- Tu connais la devise officieuse de Saint-Malo ?
- Pas Français… hésita-t-il.
- « Ni Français, ni Breton, Malouin suis ».
Dire qu’on les avait mobilisés pour une banale partie de jambes en l’air ! Certes celle qui s’égosillait de si bon matin n’avait pas vraiment le profil attendu pour de tels débordements impudiques. Mais tout de même… Si on ne pouvait plus baiser sans se faire dénoncer par ses voisins, quel que fût son âge, où allait le monde ?
La Breizh Brigade se rendit au Java café au grand complet et ce dès l’ouverture. La cadette se sentait un peu fébrile d’introduire sa mère et sa grand-mère dans ce qui constituait son repère, mieux son refuge. Elle poussa la haute porte vitrée sur rue d’une main un peu tremblante, aussi cueillit par cette exclamation :
- Salut, Nono, dis donc, t’as changé de style de copines ? Fanny est au courant ?
D’un coin de torchon, Lolo le patron désigna Maggy et Louise goguenards. Enora allait se récrier et spécifier l’identité des deux femmes à ses côtés, mais sa granny les prit de cours.
- Fuking ballinks. Vous tenez un bar ou vous jouez dans Gossip Girl ?