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Critique de Andromeda06


Grand Corps Malade, de son vrai nom Fabien Marsaud, est un artiste dont j'apprécie la personne autant que ses textes. "Patients" est dans ma liste d'envies depuis sa publication, il m'aura pourtant fallu qu'il soit proposé en lecture commune ce mois-ci pour que je le découvre enfin. Un peu déçue, dès sa réception, qu'il soit si peu épais (168 pages), c'est finalement enchantée que j'étais au sortir de ma lecture.

Le mot "patients" fait référence ici autant à la patientelle qu'à la patience. Relations entre patients et personnel médical, statut de patient dans un établissement de santé. Reconstruction et acceptation qui demandent beaucoup de patience.

Fabien revient sur son séjour dans un centre de rééducation, suite à un accident qui l'a rendu "tétraplégique incomplet". Il nous raconte les soins, les repas, les toilettes, tous les actes de la vie quotidienne qu'il n'est plus en mesure de faire lui-même. Il nous raconte ses séances de rééducation, d'ergothérapie. Il nous parle des relations qui s'instaurent entre les différents membres du personnel et lui. Il nous parle aussi des améliorations de son état de santé, des progrès qu'il fait. Mais surtout, il nous parle des autres patients, paralysés comme lui ou pire encore. Des liens d'amitié qui se créent, de l'importance de leur présence, du soutien qu'ils s'apportent les uns aux autres, inconsciemment ou non.

Au vu de ses textes, je m'attendais à un style bien plus poétique. Pourtant, Fabien nous conte son histoire en toute simplicité, et ça n'en est que plus sincère et touchant. Il n'hésite pas à jouer d'(auto)dérision, de sarcasme et de cynisme également, rendant sa situation et celle des autres non pas moins dramatiques, mais plutôt moins déprimantes. Il aborde avec humour bon nombre d'événements et de situations, il évoque souvent la bonne humeur et la bonne entente entre les patients, les blagues, les plaisanteries, les railleries. Pour un sujet aussi délicat et peut-on dire également aussi dramatique, on sourit, voire même on rit franchement très souvent.

Il y a presque vingt ans, ma mère a "vécu" plusieurs mois dans un centre de rééducation, mais en région bordelaise, suite à un accident aussi (mais qui n'a rien à voir avec celui de Fabien). Traumatisme crânien qui a engendré une hémiplégie gauche, elle est restée de longs mois dans un fauteuil roulant. Dans le témoignage de Fabien, je reconnais celui de ma mère : la dépendance constante aux autres, les soins, la douche, les repas, les séances de rééducation et d'ergothérapie, les vertiges, la fatigue dès le plus petit effort, l'attente aussi des membres du personnel très peu disponibles immédiatement, certains qui sont moins gentils que d'autres... Lors de nos visites, je me souviens d'un groupe qui n'arrêtait pas de se chambrer et de rigoler tout le temps (que des mecs, comme chez Fabien), entre eux, avec les autres ou même avec le personnel. Ma mère nous répétait souvent : "je ne les comprends pas, ils sont pire que moi, eux ils ne remarcheront jamais, et ils ont un meilleur moral que moi, ils plaisantent, ils n'arrêtent pas de se charrier". J'ai retrouvé cette même ambiance, cette même entente dans le témoignage de Fabien, tout comme les doutes, et l'espoir d'une amélioration significative de leur état.

Un témoignage touchant à souhait, drôle, émouvant, plein de sincérité et de considération. Nous rappelant que derrière chaque handicap, il y a une personne à part entière.
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