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Critique de Apoapo


Ce livre se compose de deux textes inédits sur Mussolini, établis à partir de notes et de manuscrits en possession des héritiers de Malaparte, et publiés en Italie seulement en 1999.
« Muss » est une esquisse de biographie du Duce, ou plutôt une réflexion tirée à la fois d'anecdotes mettant en évidence les traits ridicules de sa psychologie, et d'une analyse sociologique et culturelle sérieuse du fascisme, notamment en relation avec la catholicisme (foi populaire et institution ecclésiastique). Commencée en 1931 à Paris pour paraître chez Bernard Grasset, ami de l'auteur, elle fut interrompue parce que ce dernier se sentait menacé, non sans raison, puisque son arrestation et relégation coïncidèrent avec son retour en Italie en 1933. Reprise ensuite en 1945-46 sur des tons remarquablement plus amers et aussi plus caustiques et sarcastiques, à un moment où l'auteur aurait eu tout intérêt à marquer sa position critique vis-à-vis du régime, elle ne fut toutefois pas publiée à cette époque non plus. A noter qu'un texte sur la visite de Malaparte à la morgue où gisait Mussolini, destiné à un autre ouvrage mais figurant ici (intelligemment) en appendice à « Muss », révèle une étrange pitié, assurément un sentiment de pardon et à l'évidence l'ampleur de l'ambivalence des sentiments que l'auteur vouait au dictateur. Ceci peut expliquer que l'ouvrage soit resté inédit de son vivant.

Le deuxième texte, « Le Grand Imbécile », qui remonte sans doute à 1943, est une farce hyperbolique basée sur un épisode historique réel survenu au cours du siège de Padoue en 1509 : l'auteur imagine que la fin la plus adaptée pour un Mussolini chevauchant gauchement – entravé par son gros cul – à la tête de son armée de sbires, consisterait à se trouver face à la ville natale de Malaparte, Prato, entourée de fortifications, à haranguer contre... une chatte féroce et en présence d'une population hilare !

Il apparaît donc clairement trois styles - voire trois modes d'écriture - distincts qui s'alternent au fil de ces pages : l'intimisme du récit, parfois presque dans le registre impudique du commérage et de la revanche personnelle ; la réflexivité de l'essai, surtout dans les pages de 1931 destinées à un public français jugé imparfaitement conscient de la nature et des dangers du fascisme (d'autant qu'Hitler n'est pas encore au pouvoir en Allemagne) ; la créativité purement littéraire, qui caractérise non seulement « Le Grand Imbécile » mais certaines pages plutôt poétiques ajoutées à « Muss » dans ses versions successives.

Je choisis trois extraits qui relèvent du deuxième style, dont un assez long qui constitue une intéressante prise de conscience de la propre position de l'auteur face au fascisme. (cf. mes citations)
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