De l'extrême Ouest alaskien jusqu'à l'est et au sud-ouest du Groenland, des lignes de flux et de reflux culturel se sont toutes croisées à Thulé. C'est dire la complexité de cette société esquimaude polaire.
Ils ont gardé en fait, par respect et intimité avec la nature, la compréhension sensorielle de l'univers et l'esprit communautaire, ces qualités que nous avons perdues et qui, dans le nouveau monde de demain, s'avéreront indispensables...Voici bientôt 20 ans que les jeunes esquimaux apprennent le danois et personne içi en 1950 ne peux le parler; comme si l'alphabétisation allait au détriment de cette écriture mentale qu'est la mémoire...
On connaît, dans notre longue histoire, un sorcier qui est réapparu cinq fois après sa mort. On connaît même un [chaman] qui, ayant fait, d'une falaise, une chute mortelle, a vu ses restes mangés par un chien. [...] Il revenait à la vie et se présentait au village accompagné de l'animal dont la bouche était encore pleine de sang... [...] La seule blessure mortelle pour un sorcier est, disent les Inouit, à la gorge. (p.101)
Ayant décidé d'hiverner 200 kilomètres plus au nord, à Siorapalouk, station exclusivement indigène, Thulé n'est pour moi qu'une escale. Escale protégée : je dois montrer ma verge au médecin -ici c'est la loi- afin d'établir que je ne serai pas à la source d'aucune maladie vénérienne. (p.39)
"Autorisation Groenland accordée."
Je relis le texte de ce télégramme que m'adresse l'ambassadeur de France à Copenhague et qu'un Noir claudicant vient d'apporter dans ma case.
p. 15
Inégalité des sexes : les femmes mangent à part et après l'homme. L'ordre de distribution de la nourriture au retour de la chasse est significatif : les chiens, les enfants, les chasseurs, les femmes. (p.150)