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Critique de keisha


keisha
16 septembre 2013
Après lecture de ce récit, j'aurais honte de vouloir tromper mon lecteur : il s'agit de non fiction. le journaliste et l'assassin est "considéré outre-atlantique comme un classique, et classé parmi les cent plus grands ouvrages de non fiction de la Modern Library". C'est court, dans les 200 pages, absolument passionnant et à découvrir absolument.

Première étape : En 1970, après que sa femme et de ses deux fillettes aient été assassinées, Jeffrey McDonald est lavé de tout soupçon par un jury. Quelques années plus tard, il est à nouveau accusé de ces meurtres, et il demande au journaliste Joe MGinnis de suivre l'affaire et écrire ensuite un livre, après avoir eu accès aux documents de la défense. A l'issue du procès, McDonald est cette fois déclaré coupable, s'ensuit une correspondance amicale entre McDonald - en prison- et McGinnis.

Deuxième étape : Quelques années plus tard, paraît le livre de McGinnis, intitulé Fatal Vision, dans lequel il dépeint McDonald sous les traits d'un coupable. Celui-ci (qui a toujours clamé son innocence) se sent trahi et intente un procès à McGinnis.

Troisième étape : Janet Malcolm se penche sur l'histoire de ce dernier procès et rencontre les différents protagonistes. McDonald, guère échaudé par son expérience avec McGinnis, n'hésite pas à parler et correspondre longuement. En revanche McGinnis coupe vite cours à tout contact : comme une partie de sa défense repose sur le fait qu'il ne pouvait laisser voir toute sa pensée à McDonald de crainte qu'il ne cesse leur collaboration, et comme Janet Malcolm semble lui être non favorable, lui-même dit préférer cesser de la rencontrer.
Très subtil, et ce n'est pas la seule mise en abyme du livre, Janet Malcolm étant accusé plus tard d'avoir écrit ce livre pour se défendre dans une affaire où elle même était accusée par le sujet d'un de ses livres...

Ce livre est plein de notations extrêmement intéressantes, malheureusement impossibles à toutes citer. En particulier la différence entre personnages de roman, et gens de la vraie vie. Hélas McGinnis ne pouvait pas changer McDonald en un personnage différent.

Vous l'avez compris, ce récit fascinant pose le problème de l'éthique du journaliste, et Janet Malcolm essaie dans ses rencontres de ne pas tromper son interlocuteur, y compris lorsque cela lui couperait toute source d'information.

Ne pas rater la postface, passionnante, Où Malcolm reprend l'opposition fiction/non fiction.
"L'écrivain de non fiction hérite d'un monde tout fait."
"L'auteur de livres de fiction est maître de sa maison et peut y faire ce qu'il veut; il peut même la démolir si ça lui chante. Mais l'auteur de livres de non fiction n'est qu'un locataire, et doit se conformer au conditions stipulées sur son bail: il y est dit qu'il doit laisser la maison -en l'occurrence, les faits- dans l'état où il l'a trouvée. Il peut y apporter ses propres meubles, les disposer comme il l'entend, et il a le droit d'écouter la radio sans trop monter le son. Mais il ne doit rien changer à la structure de base de la maison ni à aucune de ses caractéristiques architecturales."

Et l'éditeur offre même à la toute fin une note indiquant ce que sont devenus les "personnages" depuis 1990, date de parution aux Etats Unis.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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