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En 1970 en Californie, Jeff Mac Donald, un médecin servant dans une unité de bérets verts, est accusé puis blanchi par un tribunal militaire du meurtre de sa femme enceinte et de ses deux petites filles. Quelques années plus tard, un dossier convaincant, fruit de l'enquête reprise par la justice fédérale, le fait de nouveau comparaître devant un tribunal. Cette histoire intéresse le journaliste désargenté (ses livres ne se vendent plus) Joe Mc Ginniss qui, après une rencontre avec Mac Donald pour un article, accepte de signer un contrat avec lui pour écrire un livre sur l'affaire.

Rapidement les deux hommes se lient d'amitié et ne se quittent plus. Une amitié de séduisants mâles américains aimant le football et les femmes, de deux séducteurs sûrs de leur charme. Une proximité qui pousse Mac Donald à répondre aux questions les plus indiscrètes de Mc Ginniss qui intègre son équipe de défense. le journaliste affirme croire dur comme fer à l'innocence de son ami et quand celui-ci, à l'issue de son second procès tenu en 1979, est condamné à perpétuité, il lui envoie des lettres en prison où il lui dit souffrir autant que lui de cette monstrueuse injustice.

Mais quand le livre paraît, Mac Donald découvre une toute autre réalité. Son ami et partenaire le décrit comme un dangereux psychopathe dont il est persuadé de la culpabilité. Mac Donald décide, devant tant de duplicité et de mauvaise foi, d'attaquer Mc Ginniss en justice pour « tromperie et violation de contrat ». Procès que Mac Donald va gagner. Mc Ginniss est condamné pas tant pour avoir écrit ce qu'il pensait réellement de cette affaire dans un livre de non-fiction (dans un roman, la liberté d'expression est totale) que pour avoir trompé son sujet en lui soutirant des informations par le biais d'une fausse amitié.

Ce récit passionnant de Janet Malcom pose le problème des rapports de l'auteur et de son sujet dans la littérature de non-fiction. Un cas d'école déontologique où la question est de savoir si, au nom de la vérité, tous les moyens sont permis.

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Dans son livre, Janet Malcolm, journaliste, souligne l'ambiguïté de la relation auteur-sujet dans les livres de non-fiction. Nombreux sont en effet les personnes qui attaquent leur auteur en justice pour avoir déformé les propos tenus. C'est à l'occasion du procès Mac Donald vs Mac Ginnis où le plaignant, accusé du meurtre de sa femme et de ses deux filles, reprochait à l'auteur du livre retraçant sa vie de l'avoir représenté en meurtrier psychopathe et d'avoir trahi son amitié, que Janet Malcom s'est intéressée à cette question fondamentale qui sous-tend les oeuvres de non-fiction. Elle explore avec habileté les multiples facettes de la relation auteur-sujet en interrogeant les différents protagonistes du procès et conclut qu'il ne peut y avoir de réponse simple à ce problème moral.
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Après lecture de ce récit, j'aurais honte de vouloir tromper mon lecteur : il s'agit de non fiction. le journaliste et l'assassin est "considéré outre-atlantique comme un classique, et classé parmi les cent plus grands ouvrages de non fiction de la Modern Library". C'est court, dans les 200 pages, absolument passionnant et à découvrir absolument.

Première étape : En 1970, après que sa femme et de ses deux fillettes aient été assassinées, Jeffrey McDonald est lavé de tout soupçon par un jury. Quelques années plus tard, il est à nouveau accusé de ces meurtres, et il demande au journaliste Joe MGinnis de suivre l'affaire et écrire ensuite un livre, après avoir eu accès aux documents de la défense. A l'issue du procès, McDonald est cette fois déclaré coupable, s'ensuit une correspondance amicale entre McDonald - en prison- et McGinnis.

Deuxième étape : Quelques années plus tard, paraît le livre de McGinnis, intitulé Fatal Vision, dans lequel il dépeint McDonald sous les traits d'un coupable. Celui-ci (qui a toujours clamé son innocence) se sent trahi et intente un procès à McGinnis.

Troisième étape : Janet Malcolm se penche sur l'histoire de ce dernier procès et rencontre les différents protagonistes. McDonald, guère échaudé par son expérience avec McGinnis, n'hésite pas à parler et correspondre longuement. En revanche McGinnis coupe vite cours à tout contact : comme une partie de sa défense repose sur le fait qu'il ne pouvait laisser voir toute sa pensée à McDonald de crainte qu'il ne cesse leur collaboration, et comme Janet Malcolm semble lui être non favorable, lui-même dit préférer cesser de la rencontrer.
Très subtil, et ce n'est pas la seule mise en abyme du livre, Janet Malcolm étant accusé plus tard d'avoir écrit ce livre pour se défendre dans une affaire où elle même était accusée par le sujet d'un de ses livres...

Ce livre est plein de notations extrêmement intéressantes, malheureusement impossibles à toutes citer. En particulier la différence entre personnages de roman, et gens de la vraie vie. Hélas McGinnis ne pouvait pas changer McDonald en un personnage différent.

Vous l'avez compris, ce récit fascinant pose le problème de l'éthique du journaliste, et Janet Malcolm essaie dans ses rencontres de ne pas tromper son interlocuteur, y compris lorsque cela lui couperait toute source d'information.

Ne pas rater la postface, passionnante, Où Malcolm reprend l'opposition fiction/non fiction.
"L'écrivain de non fiction hérite d'un monde tout fait."
"L'auteur de livres de fiction est maître de sa maison et peut y faire ce qu'il veut; il peut même la démolir si ça lui chante. Mais l'auteur de livres de non fiction n'est qu'un locataire, et doit se conformer au conditions stipulées sur son bail: il y est dit qu'il doit laisser la maison -en l'occurrence, les faits- dans l'état où il l'a trouvée. Il peut y apporter ses propres meubles, les disposer comme il l'entend, et il a le droit d'écouter la radio sans trop monter le son. Mais il ne doit rien changer à la structure de base de la maison ni à aucune de ses caractéristiques architecturales."

Et l'éditeur offre même à la toute fin une note indiquant ce que sont devenus les "personnages" depuis 1990, date de parution aux Etats Unis.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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C'est un essai connu dans le milieu journalistique, qui pose d'importantes questions éthiques sur le métier d'écrivain. L'autrice-journaliste y raconte le procès d'un confrère, lui-même poursuivi pour fraude par le sujet de son livre, un meurtrier psychopathe l'accusant d'avoir feint l'amitié pour mieux le démolir sur la place publique par la suite. Tout ça est assez méta : une journaliste qui écrit sur le procès d'un journaliste qui a écrit sur le procès d'un autre... On peut s'y perdre si on ne fait pas attention!

Janet Malcolm revisite l'affaire de meurtre et la poursuite en fraude qui a suivi, tout en abordant ses expériences personnelles et en s'interrogeant sur la relation unissant un auteur et son sujet et sur les limites éthiques à respecter. Ce n'est pas léger, mais l'écriture intelligente et parfaitement maîtrisée de la journaliste rend le tout très agréable à lire. Même si les événements traités commencent à ne plus trop être d'actualité, la réflexion demeure pertinente à l'ère de l'autofiction et des réseaux sociaux.
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En 1970 Jeffrey MacDonald, un médecin militaire, est accusé du meurtre de sa femme et de ses deux fillettes. Il est d'abord relaxé par un tribunal militaire puis, en 1979, rejugé par un tribunal civil à la demande de la famille de sa femme. le journaliste Joe McGinniss décide alors d'écrire un livre sur l'affaire. Il prend contact avec l'équipe de défense qu'il intègre et signe avec l'accusé un contrat réglant le partage des droits d'auteur. MacDonald renonce par avance à poursuivre McGinnis en diffamation si ce que celui-ci écrit ne lui plaît pas. Pendant les sept semaines que dure le procès McGinniss vit avec MacDonald et se comporte comme son ami. Il fond en larmes à l'annonce du verdict de culpabilité. le livre tiré de cette expérience, Fatal vision, sort en 1983. Entre le procès et la sortie du livre McGinniss a correspondu avec MacDonald en prison pour compléter sa documentation, lui affirmant régulièrement qu'il le croyait innocent. C'est donc une vraie surprise pour MacDonald de se découvrir dépeint en psychopathe forcément coupable. Il porte plainte contre McGinnis pour tromperie. C'est ce dernier procès, qui s'est tenu en 1987, qui inspire à Janet Malcolm le présent ouvrage, écrit en 1990.

L'autrice s'interroge ici sur la relation entre l'écrivain de no-fiction et son sujet. Elle qui a écrit précédemment sur la psychanalyse la compare à celle qui existe entre le thérapeute et son patient: sujet et patient sont pareillement "prêts à raconter leur histoire à quiconque veut bien l'entendre, et leur récit n'est jamais affecté par le comportement ou la personnalité de celui ou celle qui les écoute". Elle pense qu'au fond les sujets d'un livre ou d'un article savent parfaitement ce qui les attend quand la période des interviews sera terminée.

Il est question aussi du mensonge. A quel point est-il moralement défendable pour l'auteur de mentir à l'interviewé? Y a-t-il des mensonges moins graves que d'autres, notamment en fonction de la personne à qui on ment? Ces questions ont été débattues lors du procès MacDonald contre McGinniss.

L'autrice réfléchit enfin au travail de l'écrivain de non-fiction et aux différences qu'il présente avec celui du romancier.

J'ai découvert cette affaire MacDonald qui semble avoir défrayé la chronique aux Etats-Unis et fait encore régulièrement parler d'elle. MacDonald qui a toujours clamé son innocence est aujourd'hui encore en prison et ses avocats ont, depuis les années 1990, essayé à plusieurs reprises de le faire libérer. Ce qui m'a le plus intéressée dans cette lecture c'est ce que j'ai vu du fonctionnement du système judiciaire étasunien bien différent du nôtre avec notamment la possibilité pour les parties de se mettre d'accord pour éviter un procès.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Le journaliste dont il est question, c'est Joe McGinniss, et l'assassin, c'est Jeffrey MacDonald. Mac Donald a été accusé du meurtre de sa femme et de ses deux petites filles, puis a été blanchi. 9 ans plus tard, il est traduit devant une cour de justice en Californie, et McGinnis suit le procès pour en faire un livre. Les deux hommes deviennent amis. Apparemment, car, en fait, il s'agit d'une manipulation réciproque. L'autrice traite de la loyauté, d'obligation morale, et propose une réflexion sur la relation qui se noue entre l'auteur et son sujet. Ce récit stupéfiant devient alors un véritable traité d'éthique.
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Ce livre est intéressant car il pose la question de savoir jusqu'où peut aller un journaliste devant écrire un livre sur quelqu'un. Doit-il rapidement donner la tonalité de ce qu'il va écrire et la position qu'il va adopter, ou peut-il faire croire qu'il ira dans une certaine direction et, au dernier moment, en adopter une autre. C'est la question qui se pose dans les relations entre Jeffrey McDonald, accusé du meurtre de sa femme enceinte et de ses deux fillettes, et Joe McGinniss, journaliste s'étant engagé à publier un livre pour faire éclater la vérité.
Le second va sympathiser avec le premier, lui extorquer un maximum d'informations et surtout lui faire croire qu'il va publier des arguments qui devraient lui permettre d'être innocenté alors que le procès avait reconnu sa culpabilité.
Janet Malcolm, elle-même journaliste, est revenue sur le procès intenté a posteriori par McDonald à McGinniss pour « duperie » en quelque sorte. Elle a pu interroger les différents protagonistes de cette affaire et elle nous montre les points de vue des uns et des autres. Elle insiste intelligemment sur les limites qu'il ne faudrait pas franchir lorsqu'un auteur se lance dans une oeuvre de non-fiction avec une matière à traiter qui est bien réelle (ici le fait divers décrit précédemment).
Au final, ce livre est intéressant car il nous parle d'une affaire criminelle que, nous autres français, connaissons peu voire pas du tout, qu'elle évoque des aspects déontologiques qui doivent être pris en compte et qu'elle nous offre une vue globale du problème qui permet à chacun de se faire sa propre opinion sur le sujet.
Pour information, Jeffrey McDonald est toujours en prison, se déclare toujours innocent et milite toujours pour une révision de son procès.
La seule petite lacune du livre tient, de mon point de vue, au fait qu'on n'évoque pas assez l'autre piste du meurtre correspondant à la présence de quatre hippies qui auraient pu commettre le crime (dans un scénario proche de l'affaire Manson/Polanski), piste que mettait en avant McDonald.
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