AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782849413715
217 pages
François Bourin (15/05/2013)
3.55/5   32 notes
Résumé :
Le 17 février 1970, aux États-Unis, deux petites filles et leur mère enceinte sont retrouvées assassinées dans l’appartement familial. Le père, Jeffrey MacDonald, s’en sort avec quelques blessures légères. Blanchi dans un premier temps, l’homme est rattrapé par l’affaire quelques années plus tard. Il croise alors la route de Joe McGinniss, un célèbre écrivain-journaliste en quête d’un nouveau best-seller. Les deux hommes s’entendent sur un projet de livre. À l’annon... >Voir plus
Que lire après Le journaliste et l'assassinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
En 1970 en Californie, Jeff Mac Donald, un médecin servant dans une unité de bérets verts, est accusé puis blanchi par un tribunal militaire du meurtre de sa femme enceinte et de ses deux petites filles. Quelques années plus tard, un dossier convaincant, fruit de l'enquête reprise par la justice fédérale, le fait de nouveau comparaître devant un tribunal. Cette histoire intéresse le journaliste désargenté (ses livres ne se vendent plus) Joe Mc Ginniss qui, après une rencontre avec Mac Donald pour un article, accepte de signer un contrat avec lui pour écrire un livre sur l'affaire.

Rapidement les deux hommes se lient d'amitié et ne se quittent plus. Une amitié de séduisants mâles américains aimant le football et les femmes, de deux séducteurs sûrs de leur charme. Une proximité qui pousse Mac Donald à répondre aux questions les plus indiscrètes de Mc Ginniss qui intègre son équipe de défense. le journaliste affirme croire dur comme fer à l'innocence de son ami et quand celui-ci, à l'issue de son second procès tenu en 1979, est condamné à perpétuité, il lui envoie des lettres en prison où il lui dit souffrir autant que lui de cette monstrueuse injustice.

Mais quand le livre paraît, Mac Donald découvre une toute autre réalité. Son ami et partenaire le décrit comme un dangereux psychopathe dont il est persuadé de la culpabilité. Mac Donald décide, devant tant de duplicité et de mauvaise foi, d'attaquer Mc Ginniss en justice pour « tromperie et violation de contrat ». Procès que Mac Donald va gagner. Mc Ginniss est condamné pas tant pour avoir écrit ce qu'il pensait réellement de cette affaire dans un livre de non-fiction (dans un roman, la liberté d'expression est totale) que pour avoir trompé son sujet en lui soutirant des informations par le biais d'une fausse amitié.

Ce récit passionnant de Janet Malcom pose le problème des rapports de l'auteur et de son sujet dans la littérature de non-fiction. Un cas d'école déontologique où la question est de savoir si, au nom de la vérité, tous les moyens sont permis.

Commenter  J’apprécie          291
Après lecture de ce récit, j'aurais honte de vouloir tromper mon lecteur : il s'agit de non fiction. le journaliste et l'assassin est "considéré outre-atlantique comme un classique, et classé parmi les cent plus grands ouvrages de non fiction de la Modern Library". C'est court, dans les 200 pages, absolument passionnant et à découvrir absolument.

Première étape : En 1970, après que sa femme et de ses deux fillettes aient été assassinées, Jeffrey McDonald est lavé de tout soupçon par un jury. Quelques années plus tard, il est à nouveau accusé de ces meurtres, et il demande au journaliste Joe MGinnis de suivre l'affaire et écrire ensuite un livre, après avoir eu accès aux documents de la défense. A l'issue du procès, McDonald est cette fois déclaré coupable, s'ensuit une correspondance amicale entre McDonald - en prison- et McGinnis.

Deuxième étape : Quelques années plus tard, paraît le livre de McGinnis, intitulé Fatal Vision, dans lequel il dépeint McDonald sous les traits d'un coupable. Celui-ci (qui a toujours clamé son innocence) se sent trahi et intente un procès à McGinnis.

Troisième étape : Janet Malcolm se penche sur l'histoire de ce dernier procès et rencontre les différents protagonistes. McDonald, guère échaudé par son expérience avec McGinnis, n'hésite pas à parler et correspondre longuement. En revanche McGinnis coupe vite cours à tout contact : comme une partie de sa défense repose sur le fait qu'il ne pouvait laisser voir toute sa pensée à McDonald de crainte qu'il ne cesse leur collaboration, et comme Janet Malcolm semble lui être non favorable, lui-même dit préférer cesser de la rencontrer.
Très subtil, et ce n'est pas la seule mise en abyme du livre, Janet Malcolm étant accusé plus tard d'avoir écrit ce livre pour se défendre dans une affaire où elle même était accusée par le sujet d'un de ses livres...

Ce livre est plein de notations extrêmement intéressantes, malheureusement impossibles à toutes citer. En particulier la différence entre personnages de roman, et gens de la vraie vie. Hélas McGinnis ne pouvait pas changer McDonald en un personnage différent.

Vous l'avez compris, ce récit fascinant pose le problème de l'éthique du journaliste, et Janet Malcolm essaie dans ses rencontres de ne pas tromper son interlocuteur, y compris lorsque cela lui couperait toute source d'information.

Ne pas rater la postface, passionnante, Où Malcolm reprend l'opposition fiction/non fiction.
"L'écrivain de non fiction hérite d'un monde tout fait."
"L'auteur de livres de fiction est maître de sa maison et peut y faire ce qu'il veut; il peut même la démolir si ça lui chante. Mais l'auteur de livres de non fiction n'est qu'un locataire, et doit se conformer au conditions stipulées sur son bail: il y est dit qu'il doit laisser la maison -en l'occurrence, les faits- dans l'état où il l'a trouvée. Il peut y apporter ses propres meubles, les disposer comme il l'entend, et il a le droit d'écouter la radio sans trop monter le son. Mais il ne doit rien changer à la structure de base de la maison ni à aucune de ses caractéristiques architecturales."

Et l'éditeur offre même à la toute fin une note indiquant ce que sont devenus les "personnages" depuis 1990, date de parution aux Etats Unis.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
Commenter  J’apprécie          90
Dans son livre, Janet Malcolm, journaliste, souligne l'ambiguïté de la relation auteur-sujet dans les livres de non-fiction. Nombreux sont en effet les personnes qui attaquent leur auteur en justice pour avoir déformé les propos tenus. C'est à l'occasion du procès Mac Donald vs Mac Ginnis où le plaignant, accusé du meurtre de sa femme et de ses deux filles, reprochait à l'auteur du livre retraçant sa vie de l'avoir représenté en meurtrier psychopathe et d'avoir trahi son amitié, que Janet Malcom s'est intéressée à cette question fondamentale qui sous-tend les oeuvres de non-fiction. Elle explore avec habileté les multiples facettes de la relation auteur-sujet en interrogeant les différents protagonistes du procès et conclut qu'il ne peut y avoir de réponse simple à ce problème moral.
Commenter  J’apprécie          100
C'est un essai connu dans le milieu journalistique, qui pose d'importantes questions éthiques sur le métier d'écrivain. L'autrice-journaliste y raconte le procès d'un confrère, lui-même poursuivi pour fraude par le sujet de son livre, un meurtrier psychopathe l'accusant d'avoir feint l'amitié pour mieux le démolir sur la place publique par la suite. Tout ça est assez méta : une journaliste qui écrit sur le procès d'un journaliste qui a écrit sur le procès d'un autre... On peut s'y perdre si on ne fait pas attention!

Janet Malcolm revisite l'affaire de meurtre et la poursuite en fraude qui a suivi, tout en abordant ses expériences personnelles et en s'interrogeant sur la relation unissant un auteur et son sujet et sur les limites éthiques à respecter. Ce n'est pas léger, mais l'écriture intelligente et parfaitement maîtrisée de la journaliste rend le tout très agréable à lire. Même si les événements traités commencent à ne plus trop être d'actualité, la réflexion demeure pertinente à l'ère de l'autofiction et des réseaux sociaux.
Commenter  J’apprécie          70
Ce livre est intéressant car il pose la question de savoir jusqu'où peut aller un journaliste devant écrire un livre sur quelqu'un. Doit-il rapidement donner la tonalité de ce qu'il va écrire et la position qu'il va adopter, ou peut-il faire croire qu'il ira dans une certaine direction et, au dernier moment, en adopter une autre. C'est la question qui se pose dans les relations entre Jeffrey McDonald, accusé du meurtre de sa femme enceinte et de ses deux fillettes, et Joe McGinniss, journaliste s'étant engagé à publier un livre pour faire éclater la vérité.
Le second va sympathiser avec le premier, lui extorquer un maximum d'informations et surtout lui faire croire qu'il va publier des arguments qui devraient lui permettre d'être innocenté alors que le procès avait reconnu sa culpabilité.
Janet Malcolm, elle-même journaliste, est revenue sur le procès intenté a posteriori par McDonald à McGinniss pour « duperie » en quelque sorte. Elle a pu interroger les différents protagonistes de cette affaire et elle nous montre les points de vue des uns et des autres. Elle insiste intelligemment sur les limites qu'il ne faudrait pas franchir lorsqu'un auteur se lance dans une oeuvre de non-fiction avec une matière à traiter qui est bien réelle (ici le fait divers décrit précédemment).
Au final, ce livre est intéressant car il nous parle d'une affaire criminelle que, nous autres français, connaissons peu voire pas du tout, qu'elle évoque des aspects déontologiques qui doivent être pris en compte et qu'elle nous offre une vue globale du problème qui permet à chacun de se faire sa propre opinion sur le sujet.
Pour information, Jeffrey McDonald est toujours en prison, se déclare toujours innocent et milite toujours pour une révision de son procès.
La seule petite lacune du livre tient, de mon point de vue, au fait qu'on n'évoque pas assez l'autre piste du meurtre correspondant à la présence de quatre hippies qui auraient pu commettre le crime (dans un scénario proche de l'affaire Manson/Polanski), piste que mettait en avant McDonald.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (7)
Telerama
19 avril 2024
Janet Malcolm s’empare avec vigueur des notions de loyauté, d’honnêteté, de responsabilité, d’obligation morale. Et ouvre la focale pour réfléchir, au-delà de ce cas précis, sur la relation qui se noue entre l’auteur et son sujet.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
22 mars 2024
L’Américaine décrypte la relation entre le reporter Joe McGinniss et le meurtrier Jeffrey MacDonald, le second ayant porté plainte contre le premier après s’être senti trahi.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
OuestFrance
26 février 2024
Avec « Le journaliste et l’assassin », la rédactrice du New-Yorker Janet Malcolm propose une réflexion pleine d’acuité autour des relations qui unissent l’auteur d’un livre et son sujet. Une réédition bienvenue.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Telerama
22 février 2024
Étudiant cette « histoire d’amour trahie » entre l’assassin et le journaliste — qui est aussi, et avant tout, l’histoire d’une manipulation réciproque —, Janet Malcolm s’empare avec vigueur des notions de loyauté, d’honnêteté, de responsabilité, d’obligation morale.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
23 mars 2015
Les très bons livres sont rares. Et, malheur, ils passent parfois inaperçus.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
17 juin 2013
Saisissant récit sur les relations ambiguës entre un auteur et son sujet.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
12 juin 2013
Bel ouvrage de non-fiction narrative, Le Journaliste et l'Assassin dévide la pelote machiavélique des relations entre l'auteur et son sujet, livre une fine analyse — au sens psychanalytique du terme — du métier de journaliste, et offre quelques bonnes raisons de ­balayer devant notre porte...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons l'impression que quelque chose se produit dans la tête des gens quand ils rencontrent un journaliste, et que c'est en réalité exactement le contraire de ce à quoi on s'attend. On pourrait penser qu'une méfiance et une prudence extrêmes seraient à l'ordre du jour, mais en réalité, impétuosité, impulsivité et confiance puérile sont bien plus fréquentes. La rencontre journalistique semble provoquer chez le sujet le même effet régressif que la rencontre psychanalytique. Il devient en quelque sorte l'enfant de l'auteur qu'il regarde comme une mère permissive, prête à tout accepter et à tout pardonner ; et il s'attend à ce que ce soit elle qui écrive le livre. Mais bien évidemment, l'ouvrage est écrit par le père, un homme strict qui voit tout et ne pardonne rien.
Commenter  J’apprécie          140
(...) une des différences fondamentales entre les personnages littéraires et les gens de la vraie vie : les personnages littéraires sont davantage peints à grands traits, de manière beaucoup plus évidente ; ils sont bien plus simples, ce sont des créatures génériques (plus mythiques disait-on) que les personnages de la vraie vie. Leur éclat extraordinaire vient de leur fixité dépourvue d’ambiguïté et de leur très grande cohérence. Par comparaison, les personnes de la vraie vie semblent être relativement inintéressantes parce qu'elles sont tellement plus complexes, ambiguës, imprévisibles et singulières que celles qu'on rencontre dans les romans.
Commenter  J’apprécie          100
L'auteur de livres de fiction est maître de sa maison et peut y faire ce qu'il veut; il peut même la démolir si ça lui chante. Mais l'auteur de livres de non fiction n'est qu'un locataire, et doit se conformer au conditions stipulées sur son bail: il y est dit qu'il doit laisser la maison -en l'occurrence, les faits- dans l'état où il l'a trouvée. Il peut y apporter ses propres meubles, les disposer comme il l'entend, et il a le droit d'écouter la radio sans trop monter le son. Mais il ne doit rien changer à la structure de base de la maison ni à aucune de ses caractéristiques architecturales.
Commenter  J’apprécie          60
N'importe quel journaliste qui n'est pas trop stupide ou infatué de lui même pour s'apercevoir ce qui se passe avec son sujet, sait que ce qu'il fait est moralement indéfendable. Il est une sorte de confident, jouant sur la vanité des gens, leur ignorance ou leur solitude, gagnant leur confiance et les trahissant sans remord
Commenter  J’apprécie          60
Suivant leur personnalité, les journalistes trouvent à leur traîtrise différentes justifications. Les plus pompeux parlent de liberté d'expression et du "droit du public à savoir", les moins talentueux parlent d'art, et les minables marmonnent qu'il faut bien gagner sa vie.
page 13
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Janet Malcolm (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Janet Malcolm
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • Les Effinger de Gabriele Tergit, Nicole Henneberg aux éditions Bourgeois https://www.lagriffenoire.com/les-effinger.html • Ce que je sais de toi de Eric Chacour aux éditions Philippe Rey https://www.lagriffenoire.com/ce-que-je-sais-de-toi.html • Les Enfants du blizzard de Melanie Benjamin et Patricia Barbe-Girault aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/les-enfants-du-blizzard.html • 10, villa Gagliardini de Marie Sizun aux éditions Arléa https://www.lagriffenoire.com/10-villa-gagliardini.html • L'oubliée de Salerne - le roman de Trotula, médecin, sage-femme et féministe du XIe siècle de Henriette Edwige Chardak aux éditions le Passeur https://www.lagriffenoire.com/l-oubliee-de-salerne-le-roman-de-trotula-medecin-sage-femme-et-feministe-du-xie-siecle.html • Traversée du feu de Jean-Philippe Blondel aux éditions L'Iconoclaste https://www.lagriffenoire.com/traversee-du-feu.html • La Moisson des innocents: Les enquêtes du généalogiste de Dan Waddell et Jean-rené Dastugue aux éditions Babel Noir https://www.lagriffenoire.com/la-moisson-des-innocents-babel-noir-les-enquetes-du-genealogiste.html • À prendre ou à laisser de Lionel Shriver et Catherine Gibert aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/194341-a-prendre-ou-a-laisser.html • Grands diplomates: Les maîtres des relations internationales de Mazarin à nos jours. de Hubert Vedrine et Collectif aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/grands-diplomates-les-maitres-des-relations-internationales-de-mazarin-a-nos-jours.html • La trilogie de Corfou: Intégrale de Gerald Durrell, Cécile Arnaud aux éditions de la Table Ronde https://www.lagriffenoire.com/la-trilogie-de-corfou-integrale.html • Un éclat d'or et de solitude de Sarah McCoy et Anath Riveline aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/un-eclat-d-or-et-de-solitude.html • Les Mystères de Paris 1/4 de Eugène Sue aux éditions 10-18 https://www.lagriffenoire.com/les-mysteres-de-paris-tome-1.html • Les Mystères de Paris 2/4 de Eugène Sue aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/les-mysteres-de-paris-tome-2-la-maison-de-la-rue-du-temple.html •
+ Lire la suite
autres livres classés : journalismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (169) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..