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Critique de JeanBaptisteMalet


Extraits de l'article de Libération : «La Capitale de l'humanité», une cité laissée en plans

Au début du XXe siècle, un projet urbanistique fou, le Centre des communications, a failli voir le jour. Ville-monstre, ville-monde, cette cité idéale, pensée par le sculpteur américain Henrik Andersen, l'auteure américaine Olivia Andersen et l'architecte français Ernest Hébrard, n'est restée qu'une utopie. Fresque littéraire d'une envergure quasi aussi démesurée que le projet qu'il dépeint, la Capitale de l'Humanité décrit avec la rigueur du document (mais la dramaturgie d'un roman) l'élaboration minutieuse de cette cité, aujourd'hui complètement oubliée. (...)

De cette cité, imaginée comme l'aboutissement de la pensée d'Hendrik Andersen, il ne reste plus aujourd'hui que des plans, des notes et des livres que Jean-Baptiste Malet va découvrir et déplier un à un, ébloui autant qu'amusé par autant de folie rationnelle. (...)

Le lecteur s'étonne, sourit, se désole. Mais la force de Jean-Baptiste Malet est de ne jamais juger ses personnages, au contraire. Et cette tendresse fait qu'à force, on s'attache à ces doux dingues. Il cherche à comprendre leurs motivations profondes, en puisant régulièrement du côté biographique et psychologique. le récit est habilement construit en escargot, entre annonce d'un rebondissement, retour historique pour l'expliquer puis avancée chronologique par-delà l'événement pour en faire résonner la portée au-delà de l'anecdote, jusqu'au prochain noeud dramatique. Un vrai page-turner. (...)

C'est finalement l'histoire elle-même qui se chargera d'arrêter «les rêveurs», nom indiqué sur la sépulture du cimetière du Testaccio où la petite troupe est réunie dans la mort. Quand la guerre éclate, tous leurs projets disparaissent avec la violence qui s'abat sur le monde : «Par une cruelle ironie de l'histoire, ces camps sordides clôturés de barbelés ont réalisé par la coercition l'un des objectifs du Centre mondial de communication : réunir en un même lieu des hommes du monde entier», écrit Jean-Baptiste Malet. Ainsi se termine cette cité maculée d'hybris du Centre mondial : des plans roulés dans une vieille maison romaine ; des sculptures recouvertes d'un drap puis redécouvertes près de cent ans plus tard ; un petit musée visité par de rares curieux ; mais surtout un grand livre, qui redonne à cet astre mort l'éclairage effrayant qu'il mérite.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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