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Critique de Marmara


Un bien beau roman d'une auteure trop peu connue en France.

Anjali est jeune, elle est belle, et comme l'ont fait tant de jeunes filles avant elle, elle rêve, bien sûr, de son prince charmant. Elle épouse Prakash, bel officier qui à tous égards, semble répondre à ses attentes, mais, comme chacun le sait, la vie fait souvent ce qui lui chante...

Cette union, qui se présentait sous les meilleurs auspices, ne survivra pas à quelques mois de vie commune.

En effet, Anjali, pourtant très imprégnée de la culture de son pays, l'Inde, en l'occurence, prendra la décision de divorcer, au risque de se mettre la société à dos. Elle épousera Sandeem en seconde noces, et aura de lui un petit garçon, Aram, victime collatérale de la catastrophe de Bhopal.

"Aram ; un nom donné à quelqu'un censé vivre éternellement " ; Aram voulait dire immortel ".

Mais Anjali, dont l'ex- mari avait purement et simplement oublié de venir la chercher, se trouvait encore à la gare de Bhopal, lorsqu'a eu lieu cette terrible tragédie, l'explosion de l'usine de gaz d'Union Carbide.

Ce roman rend hommage à ces milliers de personnes dont la vie a été fauchée de manière si inattendue, ainsi qu'à celles qui à l'époque n'étaient pas de ce monde, mais qui aujourd'hui encore, payent un lourd tribut à cette tragédie.

Au fil des pages, le lecteur assiste à la métamorphose d'Anjali. Anjali jeune fille, qui dans son imaginaire se destine à une vie de rêve, Anjali dont les rêves de jeunesse se fracassent contre les remparts de la réalité, et Anjali, femme touchante et déterminée, qui se déleste de traditions séculaires, pour ne pas se cantonnner à son "déshonorant" statut de femme divorcée, mais continuer à dérouler le fil de son existence, et à cueillir ce que la vie consent à lui accorder.

À travers l'histoire de cette jeune femme, c'est la société Indienne que nous dépeint Amulya Malladi. Les mariages arrangés, la conception qu'ont les Indiens de cette "union sacrée", celle qu'ils ont du divorce, et le regard désapprobateur qu'ils posent sur ce qui, dans notre société, ne serait que vétilles.

Lire Amulya Malladi, c'est s'immerger en terre inconnue, dans un monde aux antipodes du notre, et je dirais même, que c'est voyager dans le temps, tant ces us et coutumes me semblent tout droit sortis d'une époque révolue.

Ceci ne confère d'ailleurs que plus de charme et d'intérêt à cet ouvrage dans lequel l'auteure aborde de nombreux thèmes. La vie de famille, l'adultère, la maladie, la mort, le pardon,
l'amitié, et bien d'autres sentiments et situations qui jalonnent une vie. À travers les réflexions intimes des différents protagonistes, elle évoque également la complexité de l'âme humaine, et les contradictions qui s'y disputent.

Cet ouvrage est une dédicace à tous les parents qui ont enduré, ou endurent la douleur d'être confrontés à la maladie d'un enfant ; à tous ceux qui, le coeur pénétré de chagrin, font preuve de courage, et tentent de tenir la mort en respect, de repousser l'échéance, avec pour seule arme la force de leur amour et l'énergie de leur désespoir.

La fin est émouvante, sans éclats, feutrée comme l'est l'atmosphère de tout instant solennel, et donne une magistrale réplique au titre de ce roman.


Je te remercie, Magali, (ladybird), de m'avoir fait découvrir cette talentueuse auteure.
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