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Critique de gerardmuller


Ellynn / Robert Mallet

C'est un roman magnifique de sensibilité, de délicatesse et d'élégance que nous offre Robert Mallet dans cette évocation de l'ambigüité qui peut habiter une relation entre un homme adulte et une fillette.
En effet, Aubry, artiste peintre londonien venu chercher la solitude et la paix dans le sud ouest de l'Irlande tombe amoureux d'une maison isolée qui regarde l'océan du haut de la lande balayée par les vents et les embruns. Elle est à vendre.
Il l'achète et va faire connaissance peu à peu de son voisinage.
Martha, sa voisine la plus proche est veuve et élève trois enfants dont Ellynn, l'aînée âgée de 8 ans avec qui la relation est difficile.
Suite à une dispute avec sa mère, Ellynn, capable de toutes les folies, se réfugie chez Aubry qui va avec l'accord de la mère prendre en charge son éducation et sa scolarité.
Ellynn, fillette attachante et intelligente, installée chez Aubry est excessive dans tous ses sentiments et s'attache à cet homme d'abord comme à un père qu'elle n'a jamais eu, puis de façon passionnelle en lui vouant un véritable culte mêlé d'une tendresse délicate et exclusive qu'Aubry ne refuse pas et ne peut repousser.
La relation entre Martha et Aubry elle aussi est particulière avec ses hauts et ses bas, et le voisinage jase.
Aubry est aussi un personnage attachant, qui s'interroge beaucoup, non seulement sur son désir de solitude en quelque sorte contrariée par la présence d'Ellynn, mais encore sur la nature de ce qui l'attache passionnément à Ellynn. Il veut absolument être sans reproche et agit en permanence avec une rigueur de tous les instants face à l'ambigüité de la situation dont il a parfaitement conscience.
« Il est bouleversé par un attachement : non par celui d'Ellynn à lui et par le sien à elle, non par deux attachements qui se distinguent et s'ajoutent, mais par un seul attachement où les deux se confondent pour créer une sorte de lien qui leur appartient autant à l'un qu'à l'autre. »
« …Aubry est triste jusqu'à la détresse parce qu'il a la certitude que ces jours ne reviendront jamais…Jamais il ne retrouvera ces radieuses plages où son existence demeurait étale, comme en état de grâce hors du temps, où s'exprimait une félicité toute naturelle dans les relations entre les êtres et les choses qui donnaient un sens à sa vie. »
À cause de ce bonheur transparent et profond, au coeur d'une solitude absolue requise pour tenter de mieux voir en lui à travers toutes les ombres qui se sont abattues sur la plus belle clairière de sa vie, Aubry voit venir le drame qui couve et le dénouement va se jouer de façon pathétique et déchirante.
Une lutte permanente entre la passion et la raison va se poursuivre tout au long des belles pages de ce roman, un très beau roman au riche style parfaitement maitrisé et où l'auteur n'hésite pas faire montre de sa connaissance et de son amour pour cette terre irlandaise qu'il a comprise intimement pour la décrire avec magie.
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