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Giovanni Benvenuti (Illustrateur)
Ditis (01/01/1957)
3.3/5   5 notes
Résumé :
Un fait divers. Son mystère. Sa banalité, les gens innocents, les simples spectateurs que le drame entraine dans son sillage.
La desintégration du coupable, la passion des justiciers.
La contagion du malheur, de la pitié, de la cruauté.
Pour Geneviève Manceron. la fonction du roman policier est de révéler ce que la vie laisse toujours dans l'ombre.
« Pauvres petites crevettes », une toile du peintre Latroche, mort il y a quarante ans, ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Geneviève Manceron (1906 - 1994) est un auteur que j'ai récemment découvert…

Je dois avouer qu'en tant que passionné de littérature populaire policière et, notamment, fasciculaire, les titres que je dévore sont rarement signés par des femmes (ou alors des femmes cachées derrière des pseudos d'homme sans qu'on le sache).

Non pas qu'il n'y en ait pas et, d'ailleurs, voilà longtemps que je me promets de découvrir la plume de Juliette Lermina-Flandre, la fille du grand écrivain Jules Lermina (à qui l'on doit, notamment, les excellentes aventures de Toto Fouinard) ou Maguelonne Toussaint-Samat, la fille du non moins éminent Jean Toussaint-Samat (l'auteur de « L'horrible mort de Miss Gildchrist », entre autres) ou, Renée Dunan (qui, elle, ne semble pas être la fille d'un écrivain, même si on ne sait pas grand-chose sur elle).

Bref, Geneviève Manceron dut signer une partie de son oeuvre (notamment dans le domaine de l'espionnage) sous le pseudonyme de Bruno Dax afin d'espérer être lue et, surtout, publiée.

Mais elle a également signé de son nom quelques romans policiers publiés (tous ou partie) dans la collection « La Chouette » des éditions Ditis dans la deuxième moitié des années 1950 dont, « Les brebis tondues », le roman par laquelle je l'ai découverte.

Convaincu par ce roman, j'ai sauté immédiatement sur un autre titre de l'auteur : « Pauvres petites crevettes » publié en 1957 :

Juliette Férial, une vieille antiquaire qui a du nez, sent que les tableaux du peintre Latroche, boudés depuis des décennies, s'apprêtent à valoir de l'or. Aussi, envoie-t-elle Fred, un jeune homme qui fut jadis l'apprenti de feu son mari, voir la veuve Latroche pour lui acheter tous les tableaux du peintre avant que d'autres ne se précipitent.

Fred, qui a besoin d'argent pour se lancer dans un projet, accepte, malgré qu'il n'ait plus eu de nouvelles de Juliette depuis longtemps et, surtout, que ce soit la veille de Noël.

Seulement, arrivé dans le village où vit la veuve Latroche, il se rend compte qu'il n'est pas tout seul. Entre le petit-fils d'un premier mariage du peintre, truand à la petite semaine ayant besoin d'argent pour rembourser ses dettes et éviter la prison et la fille de la veuve, venu pour assassiner sa mère et récupérer tous les biens pour subvenir aux besoins de son amant dont elle est folle amoureuse… Fred va avoir fort affaire d'autant que les dangers et les coups vont pleuvoir.

Si dans « Les brebis tondues » Geneviève Manceron proposait aux lecteurs un portrait de femme forte, délaissant les autres personnages et, notamment, les masculins, ici, elle livre plusieurs portraits de femmes plus ou moins complexes en opposition avec ceux d'hommes plus ou moins manichéens.

Car, les femmes sont à l'honneur, à travers une veuve à la mentalité complexe et sa jeune protégée, une jeune fille sauvage sortant de prison nonobstant la présence de la fille de la veuve, femme fragile qui n'est mue que par l'amour qu'elle voue à son amant qui, lui, n'est intéressé que par l'argent.

Mais Geneviève Manceron n'oublie pas, cette fois, les personnages masculins.

On oubliera le petit-fils du peintre, Maurice de Latroche, personnage faible et prévisible du roman pour s'attacher un peu plus à Fred dont le comportement et les sentiments sont plus difficiles à cerner et le commissaire Jeannet qui, malgré sa courte présence, s'avère être intéressant et moins simple dans sa composition qu'il n'y paraît.

L'auteur met en place tous les éléments du drame à travers des portraits préalables des trois héros de la tragédie à venir : Gisèle, la fille, Fred et Maurice. Par les motivations de chacun, l'on sent que les choses vont rapidement basculer et se régler dans le sang. Mais quand ? Comment ? Par qui ?

Puis vient Madeleine Latroche, la veuve du peintre, son ancien modèle, une femme désormais âgée que les gens du village détestent et traitent de sorcière et qui passe d'une dignité rigide à un comportement de campagnarde en fonction des situations. Taiseuse, peu intéressée par les autres, par sa fille moins que tout, elle a pourtant pris sous son aile la jeune Taline, une sauvageonne qu'elle a tirée de prison et qu'elle héberge et nourrit.

Les acteurs sont réunis, la lutte peut débuter. D'elle naîtra la violence…

Habilement menée, cette petite intrigue est plaisante à suivre de par la multiplicité des mentalités même si Fred est à l'honneur en étant le personnage central, celui qui fait naître à la fois la rage et l'envie chez les autres puisqu'il est en possession d'un demi-million dans le but d'acheter les tableaux.

Ainsi, l'auteur profite de son récit pour aborder l'amour, le désir, la folie amoureuse, la folie de l'argent, la gloire passée et déchue, les sentiments tus, et bien d'autres choses encore.

L'auteur n'oublie pas de livrer des rebondissements et un final surprenant, car le lecteur avait un peu oublié le sujet qui revient clore le récit.

Au final, un bon roman bien plus complexe et fouillé qu'il n'y paraît, un peu comme certains personnages de l'histoire.
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Un vieux roman de 1957 qui se passe à Honfleur, réédité en 2019 par le libraire... de Honfleur !
Un joli clin d'oeil, et vraiment une belle occasion de voir un roman qui ne se passe que dans cette belle ville.
Le roman en lui-même n'est pas celui de l'année, mais j'ai passé un bon moment de lecture, une petite évasion, comme si je rentrais un week-end à la maison.
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Un de ces nombreux romans policiers qui ont fait mon éducation de lecteur, à l'aube de mes 20 ans. Mon adolescence a été en partie plongée dans la bibliothèque de mon père remplie de ces romans policiers des collections "le masque" ou "J'ai Lu". Je ne me souviens plus de l'intrigue (50 ans après ... on peut m'excuser) mais je sais avoir aimé celui-ci, écrit par une femme (assez rare à l'époque).
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il ne pouvait empêcher le passé de l’envahir. Il revoyait les années d’adolescence pendant lesquelles les deux antiquaires l’avaient hébergé, lui enseignant patiemment toutes les ficelles de leur métier.
Un jour, Fred avait déclaré que tout cela était inutile, périmé, ennuyeux, qu’il voulait être peintre. Malgré Juliette Férial, sceptique et furieuse, le vieux Blaise l’avait soutenu et encouragé. En vain, car Fred n’avait pas l’étoffe d’un peintre. Jamais le jeune homme ne s’était tout à fait remis de l’amère déception qu’il avait éprouvée lorsqu’il avait réalisé que ses mains, habiles à réparer, à restaurer, à copier, ne seraient jamais capables de créer.
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Rien n’est plus simple qu’un herbage normand : un carré d’herbe, quelques pommiers et une haie sur les quatre côtés. Une haie faite d’églantiers, d’aubépines, de houx, de noisetiers. Quelquefois un petit mur couvert de mousses et de fougères.
En plein jour, c’est le paysage le plus paisible qu’il soit, le plus rassurant.
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Faute d’essence, les réveillonneurs n’étaient pas venus réveillonner. Le décor lumineux était resté vide. Les guirlandes de boudin blanc pendaient toujours à leurs ficelles, les dindes n’avaient pas quitté le réfrigérateur ni les huîtres leurs bourriches.
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C’est mauvais signe. J’ai remarqué que lorsqu’on est hanté par le passé, c’est qu’il se prépare un événement sérieux. Or, à quoi peut-on s’attendre en ce bas monde, sinon à une tuile ?…
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C’est un truc connu, tous les truands le pratiquent. On verse d’abord de l’argent aux caves pour les mettre en confiance et on le reprend après, quand ils sont mûrs pour être plumés.
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