"Il manque un mot dans la langue française, un mot pour qualifier les évènements qui sont impossibles mais qui surviennent tout de même. Quelque chose de tellement inconcevable que, quand ça se produit, c'est comme si l'univers se fendait en deux, et vous vous retrouvez du mauvais côté, dans un monde presque pareil mais tout à fait différent."
"Parfois il vous arrive des trucs monstrueux, et c'est pas votre faute. Parfois c'est la faute de personne."
"C'est en ayant peur qu'on crée les monstres ; on les fait disparaître en fermant les yeux."
J’ai compris que le sexe, c’est comme jouer avec un gros chien : quand on le voit de l’extérieur, ça paraît un peu dégueu avec toute cette bave et l’odeur d’animal mouillé, mais quand c’est le nôtre, c’est le paradis et on s’en fiche que ça soit poisseux ou odorant.
Il y a ma rue, et il y a l'école ; ce n'est pas le même monde. Le bus, c'est la frontière entre les deux. Les soucis qui m'assaillent à l'école se dissolvent dès que je descends du bus, ceux de la rue partent en fumée quand j'y monte.
- C'est quoi, la knacki ?
- Ben, la saucisse.
- Oh, tu veux dire la zwann ?
Il s'est marré.
- Zwann ? Vous appelez ça " zwann" , en Belgique ?
- C'est pas plus ridicule que " knacki"
( p 70)
Toutes les armures ont des cicatrices. C’est ce qui font qu’elles nous appartiennent.
Après on est allés jusqu'au snack sans parler et on a commandé trois dürüms, Kouz a plaisanté en turc avec le gars à la caisse qui lui a fit signe de prendre un Coca dans le frigo (Kouz a toujours droit à un Coca gratuit - la puissance de la diaspora ).
P 110
La beauté d’une femme, c’est son orgueil. Mais l’orgueil est soluble dans la fatigue.
Alors le noir crache quelque chose de furieux qui me tombe dessus. Le salon se renverse ; le sol me heurte dans le dos. J’ouvre la bouche pour hurler mais le choc m’a coupé le souffle.
Elle a les ongles enfoncés dans mes épaules et je sens son haleine sur mon cou. D’instinct, je la repousse d’une bourrade, elle tombe et je me roule en boule.
Est-ce qu’il faut crier, là ?
Peut-être qu’un jour, il y a très longtemps, mon père a compris que je ne le choisirais jamais qu’à contrecœur. Peut-être que je l’ai pensé trop fort, trop près de lui. Peut-être que c’est pour ça que ça a été si facile, pour lui, de partir.
Il s'est marré. Très bref, et très éblouissant. Mon coeur s'est mis debout pour applaudir.