Citations sur Contre tout espoir (32)
Lorsque tous les peuples s'engageront sur la même voie que nous, ils apprendront que la liberté, c'est la conscience de la nécessité.
Varia nous montrait le livre où, sur l'ordre de l'institutrice, les portraits des dirigeants étaient recouverts l'un après l'autre d'une épaisse feuille de papier, au fur et à mesure qu'ils tombaient en disgrâce.
A chaque nouvelle arrestation, les gens passaient au crible leur bibliothèque et jetaient au feu les oeuvres et autre " littérature subversive ".
Pour plonger le pays tout entier dans un état de peur chronique, il faut que le nombre de victimes atteigne un chiffre astronomique, et il faut balayer plusieurs appartements dans chaque immeuble.
Les rescapés où est passé le balai resteront jusqu'à la fin de leur vie des citoyens modèles.
Mais il ne faut pas oublier les générations montantes et renouveler l'opération à intervalles réguliers.
" La poésie, c'est le pouvoir " dit, un jour, Mandelstam.
Il n'en démordait pas : si on tuait des gens à cause de la poésie, c'est qu'on la respectait et qu'on l'honorait, qu'on la craignait, et qu'elle représentait une force...
Nous avions tous adopté la solution de facilité :
Nous nous taisions, espérant que ce serait le voisin qui serait tué, et pas nous.
Nous ne savons même pas lequel d'entre nous, par son silence, participait aux crimes, et lequel simplement sauvait sa peau.
Outre les gens contraints à " collaborer", les volontaires étaient légion.
Toutes les administrations regorgeaient de dénonciations.
J'ai entendu un inspecteur du ministère de l'Instruction publique demander aux enseignants de ne plus envoyer de dénonciations, et les prévenir que les lettres anonymes ne seraient même plus lues.
" A présent tout est clair : on vous met sur la tête un bonnet de fourrure et on vous expédie illico presto dans la taïga." De là sont nés les vers :
Là-bas, derrière les barbelés,
Au coeur de la taïga profonde,
On mène mon ombre à l'interrogatoire.
La peur, c’est une lueur d’espoir, c’est la volonté de vivre, c’est l’affirmation de soi.
"A présent, tout est clair,disait encore Anna Andréievna: on vous met sur la tête un bonnet de fourrure et on vous expédie illico presto dans la taïga." De là sont nés les vers:
Là-bas, derrière les barbelés,
Au cœur de la taïga profonde,
On mène mon ombre à l'interrogatoire.
Mandelstam réunit un certain nombre de documents et alla les porter à Baltrusaïtis, puis il changea d'avis: de toute façon, on ne peut pas échapper à son destin, et il est même vain de le tenter...