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Critique de jmb33320


Pierre Manent, dans cet essai extrêmement touffu et rigoriste, beaucoup plus proche de la théologie que de la philosophie, reste le plus fréquemment au plus près des écrits de Blaise Pascal, qui n'est pas non plus réputé pour ses plaisanteries.

Je suis tenté d'ajouter que non seulement il cite abondamment dans cet ouvrage cette figure essentielle de la pensée du XVII° siècle français, mais qu'il sait l'expliquer dans ses plus infimes subtilités. Ce qui joue en sa faveur et fait preuve d'une belle hauteur de vue. Mais j'avoue que j'ai souvent peiné à les saisir...

Nous sommes nombreux a avoir entendu parler des « Provinciales », des « Pensées », fragments à la fois brillants et obscurs. Et du « pari » pour la foi. Dans mon souvenir ça se réduisait à quelque chose comme « Pile, je gagne, Face, tu perds ». Une sorte de jeu de bonneteau chrétien. Evidemment, c'est beaucoup moins simple, Pierre Manent aborde cette notion de pari avec un sens du détail, y compris mathématique, si fourni qu'il en est épuisant. Je le juge dans la surenchère, pour cette question comme pour bien d'autres, souvent plus pascalien que Pascal même.

J'ai du respect pour la foi ou l'absence de foi des uns et des autres. Je suis chrétien dans la mesure où je suis d'une génération pour laquelle une éducation religieuse allait encore de soi dans un milieu campagnard encore marqué par le catholicisme. Je suis un « tiède », un quiétiste, plutôt content de son sort, qui pense qu'il vaut mieux laisser en suspens les questions ultimes. Je suis à vrai dire surtout dans le doute, comme tant d'entre nous, persuadé que c'est la seule forme de raison dans ce domaine.

Autant dire que j'ai peu de goût pour les pénitences et les macérations, la question du péché originel ne me hante pas comme ce pauvre Pascal, mort à 39 ans de maladies diverses et variées qu'il n'est pas interdit de penser qu'il se les soit en grande partie infligées.

Ce qui m'a vraiment gêné dans ce livre, c'est son avant-propos. Pierre Manent y regrette notamment que les racines chrétiennes de l'Europe ne sont plus assez reconnues, que l'Etat se place dans la seule position de force et donc dicte sa morale, au détriment des convictions religieuses. Et que la pensée de Pascal serait aujourd'hui une aide précieuse pour revenir à des considérations plus justes.

Je suis opposé à cette voie dangereuse, comme vous l'aurez deviné. Et ces propos liminaires ont plombé ma lecture, qui a tout de même été complète et soigneuse.

S'il est parfois nécessaire de confondre les Tartuffe de tout poil, voir se multiplier de vrais dévots, fanatiques, persuadés d'avoir l'exclusivité du bon et du vrai, serait à mon sens bien plus problématique.

Cette lecture n'aurait pas été possible sans les éditions Grasset et NetGalley qui m'ont donné accès à l'édition numérique de ce titre.


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