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Critique de Henri-l-oiseleur


Ceci concerne les quatre volumes de ce grand roman. En 1935, en plein nazisme, Thomas Mann volontairement exilé d'Allemagne voyage, rencontre des rabbins, réunit la documentation pour le plus grand roman biblique jamais écrit, et le plus bel hommage d'un Allemand au peuple juif et à ses "histoires". En quatre volumes, le narrateur prendra son temps pour planter le décor de l'histoire de Joseph : l'identité de sa tribu fondée sur une histoire commune ; la présence d'un dieu proche et lointain à la fois ; le problème aigu de tout le livre de la Genèse, celui de la fraternité ; l'Egypte, la magnifique et malheureuse histoire de l'amour non partagé de l'épouse de Putiphar pour le jeune Hébreu esclave, et, non moins pathétique, l'invention d'un personnage touchant, Putiphar, eunuque de Pharaon et maître de Joseph ; l'inévitable "hérétique" Aménophis IV, tel qu'on le voyait dans les années trente du siècle dernier (voir aussi Freud et son "Homme Moïse et le monothéisme"), historiquement faux mais merveilleuse réussite romanesque de jeune mystique exalté. Et comme de juste dans une histoire biblique, la fin heureuse (mais en demi-teinte) avec la réunion de famille dans l'exil. Dans le récit, le narrateur, qui s'appelle parfois "l'ami des hommes" (c'est un titre habituellement donné à Dieu chez les Orthodoxes), maintient à longueur de volumes ce mélange inimitable de sérieux amusé, de tendresse et de respect, d'ironie légère et d'écoute attentive, qui font de ce roman un très grand chef-d'oeuvre. Ce livre n'est pas pour les lecteurs pressés, mais pour ceux qui aiment se prélasser dans un grand fleuve narratif, et même se laisser parfois dépasser et un peu bousculer par des pages et des idées qu'ils ne maîtriseront pas toujours. On reste toujours à flot...
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