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Critique de MrLambda


Le long cycle naturel de la vie au sein d'une famille humaine, ce qu'on peut dire assurément, c'est que Mann n'apprécie pas beaucoup le concept de reproduction sociale. Ici au contraire, c'est la lente agonie d'une famille qui n'a pas su s'adapter, qui n'a pas su mettre en place les mécanismes de la reproduction sociale. Mais la chute d'une famille marchande et de son entreprise n'est pas un processus continu et rapide, mais fait plutôt de périodes de stagnation suivies de périodes de reprise, accompagné de la lente déliquescence de la famille vers un idéal artistique si éloigné des considérations marchandes.

La troisième génération au centre de ce livre marque avec brio les ambitions et les échecs de la famille. Thomas représente un changement de direction avec son intérêt pour les moeurs aristocratiques, les affaires publiques, la haute culture et les vêtements coûteux. Il représente l'héritage paternel et sa volonté marchande. Mais Christian et Antonie, eux, sont des échecs. le premier a un goût prononcé pour la parure, le jeu, les voyages, le théâtre et les dettes... Mais c'est avant tout une nature artistique qui n'a su éclore, la paresse est une caractéristique de ce gène malheureux.

La seconde représente d'après moi le rôle économique des femmes. Un placement financier indirect que Thomas et sa soeur ne maîtrisent pas. Les filles sont les détracteurs d'une partie importante du capital. Ces investissements secondaires devraient ramener à la fois du prestige et un poids commercial étendu. Mais dans cette famille, presque toutes les dots accordées sont des échecs, accordés à des escrocs ou des profiteurs qui n'ont en plus, pas su préserver les gènes Buddenbrook.

Mais si la famille Buddenbrooks est un corps, un corps en pleine décomposition, alors l'entreprise en est l'âme. Ils forment une unité, tout ce qui arrive à la famille arrive aussi à l'entreprise et inversement. L'entreprise a connu du succès par sa grande capacité concurrentielle, sa vigueur créatrice et sa soif de conquête. La spirale descendante est le résultat des effets cumulatifs d'obstacles mineurs qui, en eux-mêmes, auraient eu peu d'impact. Mais avec la vieillesse de cette troisième génération et son échec dans la vie et dans la reproduction, la famille devient vite un cadavre de vitalité mais aussi financier.

La force vitale s'éteint peu à peu... C'est désormais le sentiment de fragilité de la vie qui prend le dessus et qui domine, la décrépitude et la mort sont désormais proches. La quatrième génération est frêle, ombre de ce que fut la famille. L'attitude artistique raffinée et sophistiquée que représente Hanno, si éloigné de la vie et du réel, opposée à la vie simple, saine et pragmatique d'une famille de marchands, devient le symbole de la fin. Mais cependant, il ne pourra pas chanter les échos de cette ère disparue...
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