Deviendrais-je, au fil des enquêtes de
Yeruldelgger, une vieille Bouriate aux pommettes rougies par le blizzard, confite par le froid dans sa guitoune?
Ce second voyage mongol ne m'incite pas encore à tenter le thé au beurre bouillant, mais me laisse déjà alléchée par les fumets des raviolis au mouton gras.
Il est amusant de constater combien on reprend vite ses marques avec des personnages récurrents dans une série policière. Un plaisir de retrouver notre inspecteur torturé, de plus en plus vindicatif, colérique et rincé de fatigue, son équipe qui fait le gros dos sous les explosions du chef, sa douce compagne médecin des morts, sa fille distante et rancunière.
Cette enquête lui fait un perdre son Mongol, avec des vaches qui tombent du ciel, des yacks qui aiment
Voltaire et Lamartine, des cadavres d'alpinistes accrochés aux falaises, des militaires un peu trop efféminés, des petits moines qui s'évaporent, des services secrets expéditifs, un touriste asiatique à Honfleur et des tas d'autres trucs pas nets sur lesquels je ne dirai rien!
Vous touillez bien tout cela et vous avez le nouvel opus de
Yeruldelgger, énergique, violent et trépidant. Assez réussi, je dois dire...
Toujours aussi bien ficelées, les histoires de Ian Mannock. Pour un peu, on le prendrait bien pour un Bouriate lui aussi, mâtiné d'une faconde à la Audiard dans les dialogues de barbouzes.
Et toujours Oulan-Bator et la steppe éternelle, entre modernité et traditions.