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Critique de Seraphita


Qui peut résister au monde économique américain ? Devant lui, tous se couchent, à commencer par les politiques. Alors quand les dirigeants d'Orstam, entreprise française en pointe dans le domaine énergétique, menacent de céder aux sirènes d'un géant américain, tous s'effacent ou restent aveugles. Tous, vraiment ? Tous sauf deux irréductibles flics qui décident de nager à contre-courant et faire éclater au grand jour ces manoeuvres interlopes : Noria Ghozali, commandante au renseignement intérieur et le commissaire Daquin. Leur ténacité aura-t-elle raison des méthodes américaines ?

Avec « Racket », Dominique Manotti écrit un roman noir haletant et glaçant. L'auteure nous entraîne dans les rouages implacables du monde politico-financier, nourri par l'attrait du pouvoir et de l'argent.

Une petite note en incipit livre au lecteur l'essence de cette fiction : « ce roman est librement (très librement) inspiré de « l'affaire Alstom », le rachat de l'entreprise française Alstom Energie par l'entreprise américaine General Electric (2013-2015) ». En 500 pages, l'auteure nous entraîne dans les bas-fonds des institutions qui n'hésitent pas à user de tous les stratagèmes pour parvenir à leurs fins. Jouant sur tous les ressorts humains, entre chantage, intimidation, séduction, manipulation, corruption, jusqu'à l'élimination pure et simple, les dirigeants ne font pas dans la dentelle.

Comme une petite souris, le lecteur s'infiltre dans les négociations cachées, les recoins des téléphones portables, ordinateurs, pénètre dans des fichiers cryptés. Cette omniscience rend le propos à la fois jubilatoire, tant le cynisme est de mise, et en même temps désespérant car la mécanique, une fois lancée, est bien difficile à stopper. L'inflation des protagonistes peut rendre l'intrigue un peu complexe, d'autant que l'auteure ne nous épargne pas un jargon parfois technique.

Le style est sec, abrupt, débarrassé de fioritures. Les phrases brèves, au présent, les dialogues épurés donnent un rythme haletant. C'est avec une écriture quasi-chirurgicale, une précision clinique que Dominique Manotti nous entraîne dans ce racket impitoyable. A la fois l'on jubile et l'on désespère de la nature humaine, pourrie jusqu'à l'os. Et pourtant, on passe un grand moment de lecture qui ne laisse pas indemne, tant il fait écho à l'actualité.
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