Voilà un ouvrage qui m'a laissé perplexe...
Dans ce roman, qui nous fait voyager aux quatre coin de la galaxie sur une période de 2 ans, on suit
029-Marie, qui s'engage dans une mission où elle filme en "caméra cachée" ses relations sexuelles avec des espèces extraterrestres.
Le topo de départ étant déjà bien improbable, ajoutons à cela que nous sommes dans un monde futuriste où le corps est soigneusement caché, où les gens ne se touchent plus, où le moindre effleurement est un scandale (et nécessite de se coucher par terre, bras en croix, pour réciter une formule d'excuse). Un monde où, par conséquent les relations sexuelles sont proscrites, et les enfants ne sont plus conçu naturellement. La nature fait peur, l'air pur terrifie, il n'y a aucun animaux, et tout le monde vit dans une société enclavée, où l'extérieur n'est visible que dans de rares cas, à travers d'épaisses parois de verre. Cet emprisonnement sanitaire étant visiblement la clef de la sérénité des êtres humains.
Au fur et à mesure, on apprend que
029-Marie a eu un passé très particulier, et qu'elle a déjà brisé des tabous - notamment en ayant eu un enfant de la façon que l'on connait - et elle hait son garçon, ce qui nous donne des scènes assez insoutenables par ailleurs. On en sait très peu, puisqu'elle semble osciller continuellement entre plaisir coupable et honte profonde au sujet de l'homme qui a partagé un moment sa vie. Je me suis demandé par ailleurs si le choix du prénom Marie avait également une raison profonde, un rapport ambiguë et tordu à la Vierge. Ça ne me surprendrait pas.
L'ensemble joue continuellement sur le registre "plaisir-culpabilité", et m'a interrogé sur l'objectif poursuivit par l'auteur : essaie-t-il de mettre le lecteur mal à l'aise ? Ce dernier est dans la position d'un voyeur, même s'il n'est pas membre de cette société pétrie de tabous. Pour autant, les relations avec des espèces difficilement imaginables peuvent plonger dans une certaine gêne... Bien que, pour ma part, la difficulté à me représenter ces aliens m'a laissé complètement en dehors du récit.
La société décrite m'a semblé beaucoup plus digne d'intérêt, surtout que l'on apprend, bien tard et de façon très anecdotique, qu'en réalité ce que les gens voient n'est sans doute pas la réalité... Mais tout ceci n'est qu'effleuré, et c'est bien dommage. J'ai eu le sentiment de regarder un film porno, dans lequel le contexte n'est finalement pas très utile, et ne sers que de prétexte aux scènes de sexe. Ajoutons à cela l'apparition d'un deuxième personnage vers le milieu du livre, masculin cette fois, qui apporte la vision d'un homme aux scènes pornographique, et une bonne dose de trash et de violence au passage - puisque ce garçon est un beau cas d'école de sociopathie.
Bref, un roman qui m'a laissé sur le bord de la route. Dans l'ensemble, tout est étrange, bizarre, et très malsain. J'ai cru lire les fantasmes qui, peut-être, parleront aux hommes hétéro ; Soit je ne suis pas le public cible, soit je suis passé à côté. Mais quelque chose me dit qu'il est tout de même à réserver à un public (très) averti...