Il est essentiel que les nations reconnaissent les fautes qu’elles ont commises, non pour se repentir, on ne se repent que de ce que l’on est personnellement responsable mais parce que cela éclaire le passé et aide à ce que cela ne se renouvelle pas.
Tu celui, 24 avril 2013. Miran organise la première commémoration publique du Genocide. Par son courage Miran a décomplexé de nombreux arméniens cachés. Cependant, son agitation publique ne fait pas l'unanimité dans une communauté pour qui le silence a toujours été la meilleure protection.
Pour un Arménien comme Varoujan, qui connaît les récits attachés à chaque lieu, la Turquie est un Auschwitz à ciel ouvert. (p.80)
Comme disait Henri Verneuil... j'aurais trop peur, en foulant ma terre, d'entendre craquer les os. (p.14)
Nous ne devons pas restés figés sur la mémoire. Les vivants sont plus importants que des pierres ou des livres (p.99)
Les gendarmes et les soldats ottomans avaient séparé les villages en plusieurs convois, pour éviter que les caravanes soient trop importantes et puissent résister. Il ne devait pas y avoir de prise de conscience des condamnés. Les victimes devaient passer de l’hébétude à la résignation, sans pouvoir se battre
Je sais tant de choses. Les cartes, les livres… Au Centre Aram, tant de documents passent entre mes mains. Et pourtant, je ne sais rien sur la réalité. Ce voyage est un grand saut dans le réel
Et puis comment mettre le pied en Turquie... Sans a priori ? Les Turcs ont tué un million et demi d'Arméniens. Ce sont nos bourreaux. Non seulement ils ne reconnaissent toujours pas le génocide, mais ils le nient. De façon obsessionnelle, agressive. Alors, comme disait Henri Verneuil... j'aurais trop peur, en foulant ma terre, d'entendre craquer les os.
(p 12)
Mes grands-parents ont vécu les massacres, ils ont perdu leur famille et leur terre et ont été déportés. Malgré eux, ils ont transmis la peur à leurs enfants. La peur de la barbarie, du bourreau, du Turc avec lequel on ne pourra plus parler. Dans la diaspora, deux générations après, c’est devenu une peur collective
Nous redécouvrons notre histoire. Pour vous raconter la mienne, il faut aller dans la ville de Lice, à quatre-vingt-dix kilomètres de Diyarbakir. Je suis né là en 1961. Dans une famille kurde musulmane. J’étais kurde et musulman comme mes quatre frères. Mais à l’école, je me faisais parfois insulter : Infidèle ! Chien d’Arménien ! J’étais enfant, ça ne me touchait pas vraiment. Jusqu’au jour où des anciens nous ont parlé, à mes frères et à moi. Ils nous ont raconté que notre père n’était pas kurde. J’avais vingt-quatre ans. Mon père ne nous avait jamais rien dit. J’étais bouleversé. Quatre ou cinq familles se sont ainsi découvert des parents arméniens. On se croisait au café, sur le marché, et on se disait : Il aurait mieux valu ne rien savoir !