Citations sur L'académie de l'air (48)
Parfois, j’ai honte de respirer de l’air
au lieu de désespérer en manque de likes,
d’aimer au lieu de chasser des idéaux par
crainte de l’échec,
de porter dans mon âme le passé comme le
plus ardent des présents,
de m’endormir avec les larmes contenues dans toutes
les racines de la terre.
LES VOIX A VENIR
Je me retrouve en toi, et en toi, et en toi,
comme une victoire qui contrebalance le besoin de quelqu'un d'autre,
l'idée que nous somme de plus en plus nombreux sur une arche solitaire
me fait hurler du plus profond de mon être de glaise :
les révolutions commencent et se terminent avec notre pensée
de changer l'équilibre fragile de l'espoir,
dans la lumière de tes yeux je vois les aubes tutélaires, l'harmonie calme
dont tous les êtres vivants ont besoin pour procréer du suspense !
Libre arbitre, sois béni,
car tu ne me dictes pas les sténogrammes des pleurs,
la métamorphose cachée du lait à travers lequel chante mon sang
poèmes de chagrin et ballades esseulées sur la digue de l'honneur,
tu es le seul à qui je puisse dire sans peur :
nous sommes les immortels pèlerins avec une étoile sur le front,
guérisseurs miraculeux du futur pétrifié par les craintes
de la prière incomprise à laquelle nous avons condamné le présent.
Reste unique. Ne cherche pas à appartenir à une foule, car tout nombre
Divisé par lui-même est égal à un, et multiplié par un il ne change jamais.
Chute libre
(à M.R., passionné par la vie et la mort)
Le corps ressent l’air comme une extension de la pression terrestre
abominablement éclatée sur les tendons enflés,
dépistant même les neurones qui refusent les molécules du bonheur,
l’équateur des lignes qui s’entrecroisent sur la paume de la main
corrigent le pouls chaotique
et les yeux se sèchent dans le désert du ciel,
suivant la voie de la lune écarlate ou des étoiles éteintes.
Combien de variations sur le même thème ne chassent les mauvais esprits
passant la nuit dans tes rêves,
la larme ne fait que corriger la vitesse de la chute libre —
avance avec prudence dans ton âme, pour que tu n’y découvres pas
le microbe de l’esseulement, de la confection et déconfection du nœud gordien
de celui qui sait que la respiration artificielle n’est qu’une stratégie
à laquelle s’accrochent les géants quand ils meurent ;
l’air vit, mais pas dans un corps décomposé par la fureur.
Le sanglot qui me découvre
(à ma mère)
Porteur de paix est le messager de ma mère
quand je me réveille avec le sommeil pleuré,
les larmes silencieuses accordent la tension de la lâcheté du temps
dont je ne peux plus m’évader, me broient, m’écrasent,
l’œil éveillé semble le seul témoin de notre silence
main dans la main, dans les vignes éparpillées.
Le sanglot qui me découvre
survit à chaque effondrement intérieur,
à chaque tremblement qui dévaste mes souvenirs
les remplaçant par l’apaisement de l’âme essorée de gémissements,
par l’impuissance de l’homme enraciné contre son gré
dans les tempêtes de la mémoire.
Apporte-moi, mère, le calme de ta chanson chuchotée ―
je la reconnais d’après les voyelles prolongées
volontairement oubliées par de rudes nuits d’hivers
dans les neiges qui m’entourent majestueusement
comme dans un rituel du re-devenir,
dans la caresse qui m’embrasa
par la braise de la frontière avec le monde.
Concert de ah
Je vis discrètement à la marge de l’univers dilaté
en réinventant ses derniers instants et les premiers,
l’âme cherche désespérément une planète à coloniser,
mais se rend compte qu’il n’y a plus de places libres ―
chaque planète a ses propres écœurements,
chaque Histoire a ses parasites,
chaque instant est un agenouillement de plus
devant le cyclope au rêve plâtré,
les sirènes sont pétrifiées
annonçant la grève de l’air de la parole abandonnée,
ma vie assiste à un concert de ah
avec des gens qui sifflent dans toutes les directions
enthousiasmés par leurs propres respirations.
Et il y a un tel silence au-dessus de la ville ordonnée
à la verticale, comme si les architectes voulaient atteindre
de leur foudre de ciment la réaction des gens vivants
en emprisonnant leurs cris, leur révolte, leurs gémissements, leurs pleurs,
en un squelettes d’armatures métalliques sans enracinement dans la terre.
[La ville vue du drone]
L’âme aboie à tous les chiens invisibles cachés dans les caves secrètes dont les gens ont peur et qu’ils fuient pour se réfugier dans leurs pensées.
Quel air engloutit des êtres vivants et des cités de pierre, en les empêchant de s’admirer dans les miroirs ? Sont-ce peut être les symphonies de l’air troublé par des yeux soniques, ou bien la malédiction de l’air qui comprend le premier et le dernier tressaillement de vie dans un hologramme porteur de virus apathiques ?
Je me réjouis cependant de t’accueillir sur la planète à l’air conspiratif, dans une ère glaciaire dont nous ne sortirons pas trop tôt – la cryogénisation du feu est la solution finale pour que nous oubliions qui nous sommes et que nous comprenions comment nous pouvons être.
Mes paroles ne ressentent pas le besoin d’admirer le crépuscule de la civilisation humaine ni la révolte de l’être germé, mais seulement de capter une énergie qui ne cesse pas en même temps que nous. Relique de l’âme qui oublie d’être enfantine et se met à hurler à la lune, comme dans l’amphithéâtre de l’Académie de l’air maintes fois chanté.
[Préambule]
des dizaines d’années plus tard on trouve toujours
des laquais pour étudier esthétiquement les déjections humaines
[Le poème infecté]
Tu es sur le point de céder de la liberté
uniquement pour te réjouir de
steaks noyés dans du sang et de la nuit noire.
[Des comètes recouvrent les ombres des pas - extrait]