AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de DreamBookeuse


Publié en septembre 2014, Intemporia est la première trilogie fantasy publiée aux éditions le Rouergue dans leur collection Epik. de cette dernière je ne connaissais que Sirius de Stéphane Servant qui avait été un énorme coup de coeur.

Mon résumé

Tous les enfants sont observés minutieusement à la naissance. Si l'un d'entre eux porte la marque en forme de demie lune, signe de l'Annoncement, l'enfant doit être exécuté. Mais Banky, alors un homme mature ne peux s'y résoudre et sauve l'enfant, l'emportant au loin. La malédiction a déjà fait une victime.
Des années plus tard, la petite fille sauvée est devenue Reine incontestée du Royaume. Avec ses pouvoirs démesurés elle règne sans commune mesure sur ses terres, ne s'intéressant que de très loin au sort de son peuple, désireuse d'amasser le plus de pouvoir possible.

A des années lumières de cette existence fastueuse, Yoran a épousé la jeune Loda à 17 ans à peine. Homme accompli dans son village, huit clos bucolique et paradisiaque, il n'imagine pas que sa vie va basculer… Jusqu'à ce que les villageois commencent à tomber malades, et à mourir. Déterminé à sauver la femme qu'il aime Yoran sort de son village et met pour la première fois les pieds dans le monde.

Mon avis
Le premier chapitre, qui s'apparente à un prologue, séparé des autres par plusieurs décennies, nous happe dès les premières secondes. Malédiction, mort, magie, une combinaison trop souvent habituelle mais toujours gagnante. Et tout retombe d'un seul coup avec la vie très triviale et tout à fait ordinaire de Yoran. Je pense que tout cela était désiré même si cela m'a moi aussi ennuyée. Cette rupture volontaire créé également un cocon protecteur autour de la vie de Yoran… cocon qui est matériellement physique avec le fameux bouclier protégeant son village et dont il apprendra l'existence que plus tard.

Les personnages

Yoran n'est pas forcément un personnage que l'on apprécie, ce n'est pas un héros, sans peur, mais un homme que la vie a bien décidé de malmener. Terriblement innocent avant de quitter le village, bien que particulièrement doué avec une lame, le personnage principal de ce roman est directement confronté à la mort avec les premiers enfants malades du village, qui semblent succomber à une fièvre dévastatrice. de ses doux baisers avec Loda, il passe à une longue marche forcée à travers la forêt, une rencontre fortuite et malheureuse avec un vagabond, un avant-goût macabre de la vie sous le règne de Yélana à la cité de Khatarstria jonchée de cadavres… L'innocent jeune homme laisse place à un aventurier hésitant, rempli de doute et rongé par la culpabilité mais également courageux dont le grand coeur finira sans doute par lui causer des ennuis.

Si je regrette de ne pas avoir plus de détails sur la vie de Yélana, la Reine, j'ai été ravie de pouvoir l'observer à travers le regard de son fils, Tadeck qui contractera une dette envers Yoran pour l'avoir sauvé d'une mort certaine. Prince, mais également chef des Insoumis, groupuscule établi à l'encontre de la Reine et de ses pleins pouvoirs, bien décidés à la renverser, Tadeck présente un visage angélique qui cache des blessures profondes. Bien plus mature que son camarade de voyage et d'aventures, il est déjà meurtri par la vie. Pourtant sa relation avec Yoran ne sera pas toujours facile et chacun doutera de l'autre plusieurs fois, refusant d'accorder pleinement sa confiance. Parfois à juste titre.

La relation entre Yélan et Yélana, frère et soeur, qui prend quelques pages du roman, nous laisse entrevoir une fraternité fusionnelle, et un visage moins manichéen que la Reine terrible et monstrueuse vue par son fils et les villageois alentours. Leur amour et leur comportement fusionnel pourrait même nous faire craquer si on ne savait pas l'un capable de torturer des hommes et des femmes et l'autre de pouvoir envoyer un enfant mourir dans les mines…

Mais tout n'est pas noir ou blanc et ce roman en est une parfaite illustration. Les personnages sont tous plus humains les uns que les autres, même si la magie des Sceaux offrent à Tadeck et à la Reine une sorte d'aura charismatique et dangereuse. Les sentiments de culpabilité, de doute, de honte, de vengeance, de dégoût sont distillés çà et là autour du personnage de Yoran tout autant que les élans de tendresse, d'amour et d'amitié qui le lient à ses deux âmes soeurs Loda et Tadeck. J'ai même espéré voir une petite relation amoureuse entre les deux jeunes hommes s'établir, plusieurs indices le laissant présager mais rien n'a été fait. Je soulignerai d'ailleurs ici que l'auteure fait preuve d'une grande délicatesse en évoquant les relations entre le prince héritier et Esak, un jeune homme voué à la cause des Insoumis, laissant entendre que les deux hommes s'aiment sans jamais en faire un sujet à discussion ou à discorde, laissant au lecteur le soin de le relever ou non.

Plume et scénario

La plume de l'auteure, quoique assez banale, se laisse parfois aller à des élans poétiques quand ce ne sont pas des descriptions sans fin. Son sens du détail permet de caractériser l'environnement et de lui fournir moult précision, ciselant un paysage merveilleux. J'ai saisi quelques fois des allusions aux contes plus traditionnels de la Belle au Bois Dormant ou à Blanche Neige sans toutefois que des liens soient clairement établis. La trame qu'elle nous livre reste également très sombre, des ténèbres d'autant mises en exergue qu'une grande partie de l'intrigue se déroule soit sous le climat généreux du village, soit dans le faste doré de la cour.

Du point de vue du scénario la magie semble avoir été étudiée mais reste profondément mystérieuse tout le long du récit, et nous ignorons encore beaucoup de choses sur la Reine et ses intentions, et sur Yoran qui me semble avoir un rôle encore plus important à jouer. Même si certains rebondissements semblent un peu surfaits, la plupart des événements trouvent causes et effets sans problème.

Le mot de la fin

Dans un style le rendant accessible à tout âge, Claire-Lise Marguier tisse une toile de fond emprunte de magie et de richesse, s'attardant beaucoup sur ses personnages pour leur donner toute la profondeur qu'ils méritent. Si ce n'est pas un coup de coeur, cette lecture reste plaisante et agréable, et la fin de ce premier tome, quoique parfaitement exécutée, nous laisse plusieurs pistes narratives possibles pour les deux prochains tomes.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
Commenter  J’apprécie          00







{* *}