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Critique de Colchik


Rien n'est de trop pour cet album de très belle facture dans sa mise en images et la qualité du papier. le dessin de Laurent Bonneau est superbe, travaillé en grands aplats de couleur monochrome, contrastant avec une encre noire dense, mais le trait reste incisif pour servir un parti pris de découpage quasi cinématographique. le scénario de Damien Marie m'a moins convaincue.
Tout d'abord parce que j'ai lu le livre de Joseph Ponthus, À la ligne, qui évoquait son expérience d'intérimaire dans l'industrie agroalimentaire en Bretagne et son travail dans les abattoirs. Comme le Fabien de ce roman graphique, l'écrivain aujourd'hui décédé n'était pas destiné à exercer un travail ouvrier harassant, mal payé et en prise directe avec la souffrance animale. Si l'un s'est appuyé sur l'écriture comme temps de respiration et de ré-humanisation, l'autre dispose de la photographie et de l'art comme aspiration et évasion d'un quotidien aliénant. Je n'ai donc pas été surprise par l'arrière-plan du scénario. La seconde réserve que je ferais tient au nombre de thèmes abordés par l'auteur. La précarité, les conditions de travail et de rémunération des salariés en « première ligne », l'autisme, les sans-abri, l'art contemporain et ses errements, la puissance des réseaux sociaux… voilà qui est beaucoup. En revanche, j'ai apprécié le tournant onirique de l'histoire dans ses débuts, né de la complicité du père et de sa petite fille, Élisa. Mais il s'est résumé à une simple parenthèse, comme l'évocation de l'autisme ou celle des sans-abri.
Il faut également noter que la générosité tous azimuts du propos a conduit à un manque de profondeur sur l'une des questions essentielles soulevées par l'album : la force de la création. En effet, la jeune artiste en devenir, Nathalie, est à peine entrevue, son oeuvre demeure énigmatique alors qu'elle a le pouvoir de changer des vies. Cet angle mort – puisque que le personnage central demeure Fabien – prive l'histoire de l'un de ses appuis et empêche de faire de cet album une réussite totalement aboutie.
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