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Critique de Acerola13


André Markowicz, connu pour son oeuvre de traduction des auteurs russes, dont notamment Dostoïevski, dresse ici un parallèle entre la guerre entreprise en Ukraine et l'histoire culturelle et politique de la Russie.

Il rappelle la violence endémique entre rapports humains de cet immense pays, du temps des tsars à aujourd'hui, et soutient que Poutine ne fait finalement que réutiliser des principes déjà bien connus du temps de Nicolas Ier, comme ce qu'il appelle la triade d'Ouvarov, alors ministre de l'intérieur. Cette triade pour lier le peuple russe est composée de l'orthodoxie, de l'autocratie et du principe national.

L'orthodoxie, garante des traditions et de moeurs, vient s'opposer à la décadence de l'Occident et aux vélléités d'émancipation des Ukrainiens ; l'autocratie rappelle la nature divine du pouvoir en Russie : que ce soit Poutine ou le tsar, ce pouvoir est indiscutable et indiscuté. le troisième concept, plus compliqué à comprendre pour un non russophone, est celui de principe national, ou "narodnos", qui peut signifier indistinctement peuple ou nation.

Les désirs ukrainiens font se fissurer cette triade, puisqu'ils remettent en cause la prédominance du clergé russe sur le monde slave et orthodoxe, et se détournent du panslavisme au profit de la démocratie (quelle honte!) ; convoquant tour à tour ses auteurs favoris, Markowicz espère du bout des lèvres que la guerre en Ukraine, qui fragilise déjà l'image que se fait la Russie d'elle-même, sera le premier évènement d'une "libération" de la Russie de son joug de corruption et de violence, mais aussi de sa mémoire tronquée, à l'image de la violence de l'armée rouge envers les populations civiles durant la Seconde Guerre mondiale ou les crimes du stalinisme jamais dénoncés et dont l'étude est systématiquement empêchée.

Un texte puissant à sa sortie, auquel on pense avec tristesse à l'approche des deux ans depuis le début de la guerre...
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