AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 77 notes
5
9 avis
4
14 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Si t'es Blanc, excellent! Si t'es Marron, reste donc. Si t'es Noir, bien le bonsoir..."

États Unis 1964: une vague d'étudiants Blancs déferle vers le Sud afin de faire s'inscrire un maximum d'afro-américains sur les listes électorales.
Au même titre que les Freedom Rides pour faire cesser la ségrégation dans les transports, ce Freedom Summer participe à la lutte du mouvement des droits civiques américains avec son lot de harcèlements, agressions, intimidations et manifestations musclées, jusqu'au lynchage par le Ku Klux Klan de trois militants dans le Mississippi.

Magic Time s'inspire de ces faits en déplaçant d'une année une affaire de meurtre de quatre jeunes Blancs et Noirs dans l'incendie volontaire d'une église. Intercalant les évènements temporels pour permettre une compréhension distanciée des faits et des mentalités, il dresse le portrait d'une époque dramatique mais passionnante dans le combat pour les droits des Noirs.

Par des personnages bien construits et le décor réaliste d'une Amérique confrontée à ses démons, Doug Marlette produit brillamment un premier roman attachant, addictif et fluide, à valeurs sociales et historiques, et qui tient la distance jusqu'aux ultimes révélations.
Un livre qui rejoint les films Mississippi Burning ou Selma et où plane l'ombre de Martin Luther King.

Excellente lecture.
Commenter  J’apprécie          222
Voici une des sorties que j'attendais le plus, un pavé littéraire que l'on dévore d'une traite, une histoire qui se déroule entre les années 60 et 90 : une épopée américaine incontournable !

Voilà un projet ambitieux de vouloir à la fois mener une véritable intrigue "policière" reposant sur le mystère du responsable d'un crime, du dénouement d'un procès médiatisé et de l'autre décrire les Etats-Unis du Ku Klux Klan pour passer à l'Amérique moderne... C'est un roman impressionnant car un fait divers va permettre de dépeindre toute une période, tout un pan historique de l'Histoire américaine au travers d'un personnage qui va suivre l'ensemble des événements : Carter Ransom.

Ce dernier est un protagoniste complexe avec des valeurs certaines et un passé douloureux du fait de la mort tragique et criminelle de son premier amour. On ressent sa quête : découvrir la vérité au-delà des conjonctures politiques et sociales, au-delà de tous les dangers ! C'est une époque fascinante où l'obtention d'un droit est un combat perpétuel.

Vous l'aurez compris cette lecture a été très intéressante : j'aime apprendre en lisant, j'aime découvrir et voyager en même temps, m'évader complètement. Doug Marlette a une véritable maitrise du dialogue qui est le parfait moyen de faire connaissance avec le nombre conséquent de protagonistes. Ces échanges réguliers qui rythment la lecture sont très bien traduits par Karine Lalechère !

En définitive voici un très bon roman américain qui aura tenu toutes ses promesses !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          100
Quel livre passionnant que celui là!
En suivant l'itinéraire de vie de Carter Ransom, Magic Time nous plonge au coeur d'une Amérique en guerre contre elle-même, des années 65 jusqu'aux années 90 .

La construction narrative est parfaitement maîtrisée et tient en haleine grâce à un savant jeu de retours en arrière venant à chaque fois mettre en lumière les évènements vécus par les protagonistes en 1990.

L'auteur parvient également - grâce à un récit vivant et de subtils détails - à rendre compte de l'ambiance d'insécurité de l'époque liée à la ségrégation , de la torpeur et du climat moite du sud des Etats-Unis, des lieux et des sentiments des nombreux personnages qui gravitent autour des personnages principaux.

Il décrit très en détail le phénomène selon lequel les militants oeuvrent pour le bien des populations noires opprimées et ce malgré elles car la plupart craignaient les représailles du KKK et refusaient de faire valoir leurs droits récemment et durement acquis. Certains fermiers accueillaient même les militants avec des fusils! Tout ceci est raconté façon si réaliste que j'ai été très sensible à certaines scènes révoltantes de violences gratuites et d'abus de pouvoirs de policiers envers des militants noirs, ou des dénigrements vulgaires des blancs venus les soutenir. La réalité a dû pourtant malheureusement une fois encore dépasser la fiction...
En lisant Magic Time, j 'ai évidemment pensé à Mississippi Burning, le film d'Alan Parker qui précise "on n'est pas innocent quand on voit ces horreurs et qu'on fait comme si de rien n'était". C'est précisément la prise de conscience qu'a le personnage principal du livre Carter Ransom, qui de retour dans le sud après l'abandon de ses études de droit, va progressivement s'intéresser et s'impliquer (au grand dam de son père...) dans la lutte en faveur des droits civiques des noirs. En effet, en tombant amoureux d'une jeune et belle militante, il va ainsi réaliser qu'il est temps de mettre un terme, en la dénonçant, à l'injustice "banale" qui a toujours régné autour de lui .
Le procès, qui re-déclenche toute l'histoire, ressuscite le passé, les souvenirs et nous tient en haleine avec ses divers rebondissements!

J'ai trouvé enfin que l'auteur "jouait" beaucoup avec les contrastes :
. le contraste entre 2 méthodes opposés, oeuvrant pour un même but. En effet, Magic time met très bien en lumière la complexité et les divergences d'opinions des mouvements militants (SNCC, SCLC...) pour la lutte en faveur des droits civiques avec d'un côté les partisans de la non violence -dont les convictions s'ancrent dans la religion- et ceux persuadés que ce concept est vain, et sont surtout motivés par la colère.
Les ambitions personnelles de certains leaders ne sont pas passées sous silence non plus et montrent que même si la cause est juste, certains veillent à leur avenir personnel avant le bien commun.

. le contraste entre deux images du Mississippi avec d'un côté, le Mississippi des années 65 , sépia, l'un des pires états du sud ouvertement raciste et ségrégationniste, et de l'autre, celui plus coloré, des années 90, dans lequel on cultive les clichés des états du sud "authentique" en décalage avec l'époque pour la façade et le folklore.

. le contraste entre la fraicheur et la beauté d'un amour naissant dans la chaleur du "Freedom Summer" avec la noirceur et l'horreur de ce qui se trame.

Vous l'aurez compris, c'est un livre dense, sans surplus, ce qui explique son incroyable richesse. Il a une dimension politique, historique (petite et grande histoire), sentimentale et même écologique avec les nouvelles préoccupations de protection de l'environnement récemment intégrées dans les modes de pensées américains.

Un immense merci à Babelio et aux Editions Cherche Midi qui m'ont permis de découvrir Magic Time de Doug Marlette et ainsi de revivre cette grande avancée humaine émaillée de tant de drames qui n'ont pas été vains puisque l' on vit de nos jours avec un Président Américain noir à la Maison Blanche.
Commenter  J’apprécie          60
Un des premiers livres lus de la rentrée littéraire d'hiver 2016, gros coup de coeur!

Il est des livres dont le souvenir ne vous quittera jamais, Magic Time est de ceux-là.
Magic Time… Ne vous fiez surtout pas à ce doux nom qui nous laisse rêveur. Se cache derrière l'une des périodes les plus sombres des Etats-Unis.

C'est bien malgré lui que Carter Ransom, journaliste pour un grand journal new-yorkais, roule vers Troy, sa ville natale du Mississippi. Dépressif et à bout sa soeur l'oblige à prendre du repos dans leur maison d'enfance, aux côtés de Mitchell Ransom, ce père charismatique et ancien éminent juge de la ville.

Une convalescence longue et ennuyeuse se profile. Mais voilà qu'au même moment se réouvre à Troy un procès historique qui n'a jamais été enterré et qui va faire grand bruit. L'un des condamnés de l'incendie de l'église de Shiloh qui a provoqué la mort de plusieurs personnes dans les années 60, propose trente ans plus tard, de dire tout ce qu'il sait sur Sam Bohannon, cet homme que tout impliquait mais qui n'a jamais été condamné, en échange d'un allègement de sa peine.
Pourquoi Sam Bohannon n'a jamais été condamné malgré sa culpabilité évidente? Pourquoi le juge du procès de l'époque, Mitchell Ransom a t-til refusé à ce moment là d'entendre un témoin clé de l'affaire? Car malgré sa position, le père de Carter semble lui aussi impliqué beaucoup plus personnellement.
Une choses est sûre, la réouverture de ce procès ne se fera pas sans perte ni fracas. Les masques vont tomber, et avec eux, les illusions.

Pour tenter de comprendre, nous voilà plongés dans les années 60. le jeune Carter a arrêté ses études de droit et est de retour à Troy où il est embauché par le journal local. C'est à ce moment qu'il retrouve son ami d'enfance, Elijah Knight, leader du groupe, le Snick, qui lutte pour le mouvement des droits civiques. Carter fait la connaissance de ce petit groupe qui a établit son QG au Magic Time, un lieu très chargé historiquement et émotionnellement, ancien club où sont passées toutes les légendes du blues. Les débuts sont difficiles. Carter est blanc, et sa présence est mal vue par certains membres. Mais très vite, il s'impose et va les suivre pour écrire des articles sur leurs actions. En journaliste, Carter note des faits. Jusqu'à ce que cette lutte devienne la sienne.

Magic Time est une plongée dans l'Histoire aux côtés de ceux qui l'ont fait, qui se sont battus pour leurs droits. Il nous montre aussi à quel point ce combat a été complexe, au sein même de ceux qui ont combattu.

Un livre absolument passionnant. Une histoire de passion, de liberté, de courage, d'amitié, de violence aussi. Tout cela est superbement rendu par la traduction de Karine Lalechère.

Un livre à mettre entre toutes les mains parce que c'est nécessaire, pour ne pas oublier.
Lien : http://enmargedesmots.com/in..
Commenter  J’apprécie          30
Lorsque je n'étais encore qu'une enfant, j'adorais les histoires qui se passaient dans le sud des Etats-Unis : Tom Sayer, La case de l'oncle Tom, Autant en emporte le vent , et les bateaux à roues navigant sur le Mississipi.

Oui mais ça c'était avant. Avant que je ne comprenne que les états sudistes avaient donné naissance à d'invétérés racistes et au KKK.

« Magic Time » , c'est le nom d'un vieux club de blues de la ville de TROY, laissé à l'abandon, et qui sert de base à de jeunes activistes noirs, rejoints aussi par quelques étudiants blancs, bien décidés à faire inscrire sur les listes électorales les citoyens noirs désireux de voter. Seulement, nous sommes en 1965, et dans l'Etat du Mississippi, les noirs ne sont pas considérés comme de vrais citoyens.

La campagne menée par ces très courageux militants des droits civiques, en pleine guerre du Vietnam et les remous qu'elle provoque dans la société américaine, est soutenue par Martin Luther KING qui organisera la marche de SELMA dans l'Etat de l'ALABAMA.

La « bonne société » de TROY ne supporte pas ce qui se déroule dans sa ville. le KKK, qui y est très actif, décide de se débarrasser des fauteurs de troubles et l'église dans laquelle beaucoup d'entre eux se trouvent est incendiée. 4 militants vont y trouver la mort.

1990, Carter Ransom, journaliste à New York, retourne dans sa ville natale. Il vient y suivre la réouverture du procès de l'assassinat de ces militants en 1965. Ce procès est particulièrement douloureux pour lui car il y a perdu son premier amour, Sarah, et c'était son père, juge, qui a présidé les débats. de nouvelles révélations devraient être faites au cours des débats, venant chambouler l'équilibre de cette petite ville.

« Magic Time » décrit d'une façon particulièrement réussie l'atmosphère des ces villes du Sud, ses habitants, leurs mentalités. Construit sous la forme d'aller-retour dans le temps, il nous fait vivre les événements qui ont conduit au meurtre en 1965 et nous fait découvrir pendant le second procès les raisons de ces assassinats, les motivations des protagonistes, les rôles joués par chacun dans une société qui semble prisonnière d'elle-même et où personne finalement, même pas les blancs, n'est libre d'être lui-même.

Ce foisonnant roman (668 pages), qui se base sur des faits réels, est tout simplement passionnant. Et finalement j'aime toujours les histoires qui se passent dans le Sud des Etats-Unis.



Commenter  J’apprécie          10
Basé sur une histoire vraie, ce livre a été un vrai coup de coeur. Découvert sur un blog littéraire, je ne pus que je le recommander à mon tour.
Il faut juste s'habituer aux aller-retour entre la passé et le présent. C'était un peu compliqué au début mais une fois le rythme pris, je n'ai plus réussi à lâcher le livre.
Carter, journaliste à New-York, fait un burn-out et retourne dans sa petite ville natale: Troy, dans la Mississipi. Il retrouve ses amis de lycée, et aussi ses souvenirs. Surtout ceux de l'été 1965. Où les jeunes militants se sont battus pour leurs droits.
Commenter  J’apprécie          00
Un roman percutant et touchant, qui vous transporte loin. je recommande vivement ce livre, belle histoire !
Commenter  J’apprécie          00
1990.Un journaliste retourne dans son Mississipi natal pour couvrir la réouverture du procès de meurtriers du Ku Klux Kan, en 1965. Une plongée dans le passé violent, antisémite et ségrégationiste de l'Amérique profonde, une analyse très fine de la societé américaine et ses contradictions.
Inspiré de faits réels mais écrit comme un thriller, c'est excellent et toujours actuel...
Commenter  J’apprécie          00
« Pour Carter, c'était un drôle de paradoxe de devoir se faire expliquer son Etat natal par une New-Yorkaise, alors qu'il avait vécu là toute sa vie. Il commençait à prendre conscience de tous les préjugés avec lesquels il avait grandi. Autour de lui, il était admis que personne n'était '' responsable '' des souffrances des Noirs du Mississippi, à part les Noirs eux-mêmes, que la ségrégation faisait partie de l'ordre naturel des choses et qu'il était inutile de tenter d'y remédier »

Librement inspiré de l'affaire du « Mississippi burning », Magic Time revient sur les années de lutte pour les droits civiques aux Etats Unis et le déchaînement de violences sordides que ces combats ont dû affronter.

En juin 2005, Edgar Ray Killen, ancien responsable du Ku Klux Klan était enfin condamné pour avoir commandité l'assassinat de trois militants pour les droits civiques, 41 ans après les faits. James Chaney, Andrew Goodman et Michael Schwerner faisaient partie des centaines de jeunes descendus dans le sud des Etats Unis à l'été 1964 pour aider les citoyens Noirs à s'inscrire sur les listes électorales. Portés disparus, leurs corps présentant des marques de lynchage, avaient été retrouvés 44 jours plus tard.

Doug Marlette construit son roman autour de ce drame. En se servant de Carter, le personnage principal, il alterne le temps de la narration entre le présent de la réouverture du procès et le passé des faits.
Carter est journaliste chez New York Examiner. Sa vie a déjà l'air d'être sens dessus dessous au moment où un attentat à l'Institut d'Art Moderne suivi par une visite aussi inattendue qu'éprouvante le mettent KO. Son burn-out l'oblige à rentrer chercher le repos sur les terres natales, à Troy, Mississippi. Sauf que.

« Sally avait laissé le Troy Times à côté du lit. Carter lut ce qui concernait la libération de Lacey Hullender. En première page figurait un portrait de Mitchell Ransom vieux de vingt ans, du temps où il avait condamné Hullender à la réclusion à perpétuité. Il y avait une autre photo : la jeune femme du bureau du procureur qui avait rouvert l'affaire. L'article rappelait une fois de plus que Hullender et un autre membre du Ku Klux Klan, Peyton Posey, avaient été emprisonnés alors que Bohannon avait été relâché faute de preuves. Posey était mort derrière les barreaux. Et quand Hullender avait demandé sa libération anticipée, l'Etat avait déclaré qu'il ne s'y opposerait pas, si la commission d'application des peines rendait un avis favorable. »

Comme dans l'affaire de Mississippi Burning, on parle de la réouverture d'un procès qui, pour des raisons inexpliquées, n'avait pas poussé jusqu'au bout les recherches et les condamnations de tous les coupables. Carter en est partie prenante pour deux raisons : fils du juge qui avait instruit ledit procès et victime collatérale de l'incendie criminel de l'église qui avait vu périr quatre activistes.

Magic Time est un écrit de la résilience. Carter commence par prendre conscience de l'absurdité et de la violence du milieu dont il est issu – blanc, bourgeois, sudiste – en commençant à fréquenter le Magic Time, Quartier Général des activistes militant pour les droits civiques.
Des prémices de rébellion commencent à pointer chez lui lorsqu'il décide d'abandonner les études de droit auxquelles il était destiné par sa lignée, pour se consacrer au journalisme. Magic Time acheva de lui ouvrir les yeux. Grâce à l'amitié d'Elijah Knight, figure quasi- messianique, activiste coriace et l'amour de Sarah Solomon, jeune New-Yorkaise venue dans le Sud pour mettre sa pierre à l'édifice de l'été de la liberté, Carter Ransom réalisa son passage à l'âge adulte en transgressant le déterminisme de classe auquel il aurait pu céder.

Résilience encore lorsque 25 ans plus tard il doit revivre le traumatisme de l'été 1965 pour, cette fois-ci, pouvoir le dépasser.
« Carter pensa à Sarah, à toutes ces jeunes femmes et ces jeunes gens courageux et lumineux qui étaient venus chez lui, dans le Sud, un siècle après ce conflit meurtrier,[ la Guerre de Sécession ] et qui s'étaient offerts en sacrifice pour une vérité qu'ils estimaient plus importante que leur vie. Des gens qui l'avaient transformé. »

Doug Marlette n'est, malheureusement, plus des nôtres. D'ailleurs Pat Conroy, l'un de ses meilleurs amis, vient de le rejoindre.
Magic Time est son premier roman traduit en France.

Magic Time, Doug Marlette, Editions du Cherche Midi 2016, Traduction Karine Lalechère
Lien : http://lavistelquilest.blogs..
Commenter  J’apprécie          00

Lecteurs (187) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}