Notre société est fondée sur cette maxime intérieure : "je pourrais, si..." Elle est constituée de fantasmes que l'on s'interdit de réaliser. L'homme est né libre et partout il s'imagine des chaînes.
Comment un individu peut-il se gouverner face à un monde absurde, face à une société inconséquente, en recomposition permanente, qu'il construit autant qu'il combat ? - voilà le sujet de cet essai, qui se lira à travers les yeux d'un cycliste, cherchant inlassablement à s'échapper d'un peloton auquel il est inextricablement lié, puisqu'il le constitue.
Puisque la vie est une farce, se dit-il, autant jouer le rôle à fond, et conférer à la pièce une certaine justesse.
Le gouvernement du peuple s'est transformé en un gouvernement du populisme. En fut-il jamais autrement ? Il me semble que le principe même de la démocratie est d'emblée vicié, en tant qu'il suppose une aptitude de l'individu à se défaire de sa personne pour prendre une position neutre de surplomb, juge au-dessus du monde capable de ses soustraire au règne des contingences.
« Il n’y a qu’un seul moyen pour devenir soi-même. Aucun maître, aucun philosophe, aucun livre, aucun système ni aucune organisation collective ne pourront aider au défrichement de la singularité absolue de chacun, qu’au contraire ils masquent. »
Elle imposera enfin de protéger la nature, non pour le futur, ou pour les autres, mais parce qu'une vie où l'on détruit la vie est chose insensée.