La société du peloton

Etant passionné de sport, en particulier de cyclisme il était assez naturel pour moi de lire le livre de Guillaume Martin, star montante du cyclisme français, sans trop savoir à quoi m'attendre.

Quelle ne fut pas ma surprise : ce livre est une petite bombe! Je pensais bien que ce livre sur la société du peloton m'intéresserait, mais de là à tomber sur un traité quasi philosophique de la part d'un coureur en activité est juste sidérant. On parle ici de l'individu et par analogie avec le cyclisme de sa place dans la société (le peloton). Les idées sont fraiches, elles sortent de la démagogie ambiante et donnent envie de se lancer tel un coureur cycliste dans les challenges que notre monde attend que l'on relève ensemble (même pour un individualiste on est ensemble, l'individualité n'ayant justement de sens que parce que les autres sont là)

Cela est certes très réducteur mais comment ces individus qui passent des heures dans la souffrance et l'abnégation, à la limite de l'abrutissement peuvent receler en leur sein des être à ce point d'exception?

Chapeau Mr Martin, vous avez ma pleine admiration.

Je lis rarement de livre sur le sport ou de livre de philosophie. Et là on cumule les deux !
J'ai trouvé l'angle d'attaque original et intéressant, faire dialoguer sport populaire et réflexion philosophique. Cette association rend le propos concret et plutôt accessible.
Alors je ne suis pas toujours d'accord avec lui. Je pense à ceci : "Le sport, tel qu'il est conçu, vanté et assimilé de nos jours, a insidieusement pour visée l'annihilation de l'individu". Je trouve cette affirmation un peu trop forte. Mais il est vrai que je ne suis pas sportive, et encore moins sportive pro (ni philosophe d'ailleurs). le trait me semble forcé. Surtout que je trouve le reste de son propos plus nuancé. Mais sur ce sujet, je reste en désaccord. L'individualisme est la posture naturelle de l'homme, je suis d'accord. Mais vanter le collectif, pour moi, ne vise pas l'annihilation de l'individu, mais simplement à faire cohésion, société. Ce qu'il semble expliquer un peu plus tard d'ailleurs.
Parfois, il me semble qu'il y a quelques répétitions, des points qui reviennent à différents moments du livre. Mais "la répétition fixe la notion" non? Donc cela m'a finalement surtout donné l'impression que j'avais compris, vu que je repérai la répétition.
En résumé, un parallèle original entre sport et société par le prisme de la philosophie, le tout de manière plutôt accessible.

Comme le dit Paul Fournel, le cycliste a pour métier d'aller vite. le champion lui a le devoir de gagner. Droit sur ses pédales - Guillaume Martin est le leader de l'équipe Cofidis - et fort dans sa tête, un master de philosophie dans la musette, le "vélosophe" décrypte notre société à l'aune de la vie du peloton. du micro au macro, du sport en compétition à l'individu dans la société en action. Concret, imagé et clair, son livre nous happe dès le départ : on le suit et ne lâche plus sa roue - sa roue est une bonne roue - jusqu'au dernier chapitre et la... ligne d'action que l'auteur dessine. Pour se régler dans la course égoïsme vs altruisme et affronter les crises qui secouent l'humain, nos sociétés et la planète. La petite reine et aussi, le règne du végétal, ont largement de quoi nous inspirer, et toujours avec des exemples vivants. Comme cette arrivée que les 3 échappés - sortir, par l'avant, du peloton est finalement le rêve de chacun - membres de la même équipe vont règler à leur manière bien singulière. Ce livre se lit comme un fan de vélo suit une course, où on croise Platon, Descartes, Spinoza et les grands philosophes de l'histoire. Bien plus qu'une vulgarisation, c'est aussi et surtout une véritable échappée : celle d'un corps et d'un esprit accomplis et affranchis. Bravo !

La société du peloton est un ouvrage qui se propose d'analyser le rapport de soi au groupe, question éminemment philosophique qui anime les penseurs depuis l'Antiquité. Guillaume Martin s'intéresse à cette question à partir de sa propre expérience de cycliste au sein d'un peloton, proposant ainsi une analogie avec la société civile.

Les principales conclusions tirées de son expérience de sportif et de ses observations philosophiques sont les suivantes : le sport n'est qu'un miroir grossissant de la société, et dans la pratique sportive, l'altruisme n'existe pas. Il reprend à son compte l'idée selon laquelle les individus sont guidés par la préservation de leurs propres intérêts (conatus de Spinoza), et que les relations humaines sont fondées sur un principe de compétition pour asseoir sa domination (Hegel, dialectique du maître et de l'esclave).

Si le constat paraît assez sombre, et opposé à la théorie convivialiste qui a pris de l'ampleur ces dernières années (Pablo Servigne, L'autre loi de la jungle par exemple) , Guillaume Martin plaide pour une reconnaissance de cette nature humaine. Selon lui, pour éviter les crises majeures à venir (écologique, politique, sociale) il convient d'embrasser ce qu'il appelle l'« égoïsme éthique » : admettre la nature égoïste de l'homme tout en reconnaissant la nécessité de s'associer avec les autres pour survivre.

Guillaume Martin propose une analyse concrète du rapport entre soi et le groupe, il décide d'offrir une analyse qui se veut plus « humaine », plus ancrée dans la réalité de nos interactions, à l'opposé des principes philosophiques évanescents traditionnels (l'impératif catégorique Kantien par exemple). Si l'ouvrage est intéressant, l'analogie entre peloton de cyclistes et société civile paraît parfois aventureuse : elle occulte certains aspects de la vie en groupe qui échappent à la conception sportive.

L'auteur présente un propos intéressant, le parallèle entre la course cycliste et la société. le peloton est un monde en miniature, avec ses équipes, ses chefs, ses objectifs annoncés, ses accords, ses opportunités, ses trahisons...
Il détaille tout cela avec de nombreux exemples vécus dans le tout de France en particulier. Intéressant, pour autant je trouve le propos répétitif et trop dilué. Et pas assez de perspectives ou de leçons à tirer pour mieux naviguer dans ce monde complexe... Pour un prochain livre j'espère !