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Critique de tamara29


Lorsqu'on vous propose de vous prêter un livre pour lequel vous avez un a priori négatif, vous avez quelques options possibles…
- Vous pouvez prétendre l'avoir déjà lu : merci bien, mais non. Un petit mensonge, c'est pas joli joli mais c'est parfois préférable pour éviter tout embarras. Quitte à prendre le risque que la personne vous propose un autre roman du même auteur… Mazette…
- Vous pouvez répondre simplement que vous ne pensez pas que ce soit votre style de romans au risque de passer pour prétentieux(se) et de créer quelques gênes réciproques.
- Après quelques hésitations, vous pouvez accepter. Et inconsciemment ou non, l'oublier et le laisser trainer des jours, voire des semaines sur votre pile. Lorsque vous le rendrez, pour ne pas blesser, vous pouvez prétendre l'avoir lu et croiser les doigts pour que la personne ne vous demande pas avec insistance ce que vous en avez pensé. Pour cela, il vaut mieux avoir lu préalablement différentes critiques de ce roman (des positives aux plus acerbes).
- Enfin, vous pouvez accepter de le lire par politesse. Vous savez que vous avez un large éventail de préjugés en matière de lecture et il est bon parfois de les confirmer ou non : des auteurs qui sont au-dessus de vos capacités mentales de compréhension et qu'il est judicieux de ne pas trop approcher au risque de grandes lamentations sur vous-même en passant par ces auteurs qui ne valent pas le coup et ne feraient que vous faire perdre votre temps précieux. A ce compte-là, ce que vous pouvez penser de vous peut passer de l'être le plus cruche à celui qui a tout de même quelques attentes et exigences en matière de syntaxes et de qualités romanesques (n'oublions que nous vivons dans le pays des Lumières et de la grande littérature).

Vous savez que tous les goûts sont dans la nature. Ça ne vous empêche de vous demander pourquoi certains auteurs sont en tête des ventes, alors que, selon vous, tant d'autres le méritent bien davantage…
Bien sûr, vous ne prétendez pas avoir bon goût. Et vous savez aussi que vous avez aimé des romans à l'adolescence que vous seriez bien incapable de relire aujourd'hui. Et aujourd'hui encore, vous appréciez parfois des romans qui ne cassent pas quatre pattes à un canard. Et cela vous amuse de le savoir (parfois). Vous assumez (ou presque). Chacun est libre de ses lectures et de ses plaisirs. le coeur a ses raisons que la raison ignore, n'est-ce pas ?
Par le passé, vous avez déjà lu quelques lignes de Musso pour vous faire une idée. L'idée a été vite faite : il ne fera pas partie de vos auteurs… Lévy, vous n'avez pas testé, mais vous pensez que c'est dans la même catégorie. Cela vous rappelle que vous vous êtes déjà fait avoir en acceptant la proposition de lecture du premier Dicker… Encore un succès qui reste une énigme irrésolue (d'une chambre 622 ou pas)… Facile, pourriez-vous rétorquer… Mais nous sommes justement en train de parler d'écrivains qui ne se donnent pas toujours trop de peine. Vous espérez ne plus vous faire avoir de manière aussi flagrante et quelque peu agaçante. Certes, il ne faut jamais dire « fontaine,... ».
Possible qu'échouer sur une île déserte avec pour seul compagnon une malle contenant en tout et pour tout des romans de Musso, de Lévy ou ces romans avec couverture trop colorée qui fait palpiter l'oeil ne vous donnera pas d'autres choix que de vous coltiner ces ouvrages, si un sevrage littéraire n'est pas dans vos cordes... Nonobstant, vous espérez ne pas avoir un si mauvais karma et ne jamais vous retrouver coincée sur une île déserte avec une malle remplie uniquement de romans de Musso.
Martin-Lugand, vous en entendez parler depuis quelques années et vous n'avez pas vraiment envie de vous y risquer… Mais il est grand temps de bousculer ces préjugés qui ont pris pas mal de poussières…
Comme un mantra, vous vous dîtes « Allez, c'est une lecture pour l'été », comme on le dit souvent. de votre côté, vous avez des romans ou essais qui vous attendent depuis des lustres mais que vous repoussez sans cesse, prétextant qu'il faut être très concentré pour les lire, qu'ils vont vous plomber le moral, que ce n'est pas le bon moment, etc., etc. Alors, en été, vous risquez encore de les oublier.
Les vacances, la plage, le soleil, c'est la période des lectures plus « faciles », « sans prise de tête » (vous répétez les phrases entendues pour justifier ce type de lecture et vous essayez de le croire vous-même)… Vous vous dites qu'il y a moins de 200 pages (187 pages en format poche pour être exact) et que ce ne sera pas si long, pas la peine de prendre cela pour une punition. Ce n'est quand même pas comme si on vous avait proposé de participer à Koh-Lanta avec ou sans Guillaume M.
La journée est agréable, vous êtes bien installée, une citronnade à portée de main, vous ouvrez le roman…
Dès les premières lignes, vous vous faites la réflexion que, finalement, ce ne sera pas une lecture si facile que cela : vous allez être mise à rude épreuve. Vous devrez faire preuve de beaucoup, beaucoup d'indulgence et de self-control. C'est incroyable comme vos a prioris ont la vie dure… Vous tiquez sur plusieurs passages. Vous n'arrivez pas à tourner les pages sans vous répéter : comment un tel engouement pour de tels livres est-il possible ? Ce n'est pas tant une interrogation vis-à-vis des histoires d'amour (on a tous besoin de quelques mots d'amour et du bonheur qui fait boum) mais, c'est avant tout pour la manière de raconter ces histoires… Vous trouvez l'écriture basique -manquant de profondeur et d'intérêt-, les dialogues creux, un brin mauvais, et les gros clichés s'accumulent comme les kilos en période de confinement.
Vous vous montrez studieuse les premières pages. Pourtant, très rapidement, en plus de l'ennui, vous sentez monter en vous quelques irritations. Vous vous mettez à souffler légèrement. Sans vraiment vous en rendre compte, vous sautez de plus en plus de lignes pour aller plus vite. D'accord, vous trichez. Mais certaines 4ème de couverture sont perfides et vous racontent des histoires à coucher dehors en vous vantant toutes les qualités de romans pour lesquels vous ne pourrez que succomber… Vous poursuivez votre lecture… Vous remplacez votre citronnade par un café (pour mieux tenir) mais rien n'y fait, vous ne vous sentez pas plus heureuse…
La seule satisfaction est de vous dire que vous tournez les pages, la délivrance n'est plus si loin. Lecture en diagonale mais lecture quand même. Et, à priori, vous ne loupez pas grand-chose. Vous ne vous avouez pas vaincue tout de suite. On ne sait jamais, une belle surprise pourrait surgir au milieu du roman. Peut-être, par on ne sait quel miracle, l'auteure aurait pu rencontrer sur son chemin de l'écriture une généreuse fée qui, d'un coup de baguette magique, lui aurait donnée un peu plus d'envergure et de style… Ce serait dommage de louper ça. Mais, on a beau scruter, point de magie à l'horizon (et ce n'est pas faute de mettre les pieds en pays celte), pas d'élégante prose ni de belles formules (magiques ou stylistiques).
Plus ça va, moins ça va… Arrivée en Irlande, ça frôle le grand n'importe quoi. Vous vous dîtes que non, c'est bien plus que vous pouvez en supporter. La femme -Diane de son prénom- qui, il y a un an à peine, a perdu mari et enfant, se met comme ça à se faire une fixette sur son voisin bourru d'irlandais. L'irlandais lui fiche une paix royale mais non, elle, ça ne lui convient pas… (ça ne va pas aider à améliorer l'image des français qu'on dit râleurs et prétentieux). D'accord, ce n'est pas un roman policier : vous savez d'avance comment (et où) ça va se finir. Sans trop prendre de risque ni rien spolier, vous supposez que l'irlandais ne sera pas si bourru que ça finalement. Sauf si la française aime bien les méchants garçons (elle ne s'appelle peut-être pas Diane pour rien. Si ça se trouve, vous allez louper des passages très croustillants)…
Cependant, une rectification doit être apportée. Les premières pages vous avaient fait penser qu'il n'y avait pas grand chose à sauver dans ce roman, qu'il manquait à la fois de fond et de forme. Mais en fait, non : le passage où elle épie son voisin vous fait comprendre qu'il y a un fond… On commence même à le toucher, le fond…
Vous avouez votre défaite. Vous capitulez. Ce roman vous aura eu à l'usure. Vous êtes nulle, vous n'avez même pas tenu plus d'une demi-heure. Irritée, vous vous consolez en vous disant qu'il n'est pas nécessaire de vous infliger de telles lectures qui vous hérissent le poil. Et vous finissez par fermer le livre, plein d'agacement.
A la dernière seconde, vous vous êtes rappelée que cet ouvrage ne vous appartenait pas (encore heureux) et vous avez évité de justesse de le balancer contre le mur (c'est déjà ça). Vous finissez votre café et vous vous précipitez sur un autre ouvrage pour vous faire passer le mauvais goût du précédent.
Vous savez que ce billet est une forme d'exutoire (arrggghh, ça fait du bien*) car, lorsque vous le rendrez à sa propriétaire, vous aurez la décence de ne pas dire tout le mal que vous pensez de ce livre et de ses voisins placés en tête de gondole. Vous éviterez d'ajouter qu'il existe des lectures d'été qui ont bien plus de saveur que celle-là. En rendant le dit roman, vous avouerez que vous n'avez pas pu le finir, que ce genre de livres n'est pas fait pour vous. C'est bien la seule chose positive qui en ressortira de cette lecture avortée.
A priori 1 / belle découverte 0.


*(Mon billet écrit à chaud est probablement trop négatif et un brin sarcastique. Probablement que si j'avais attendu plusieurs jours, je n'aurais pas écrit ce billet. Ce roman compte déjà énormément de critiques –positives ou non-. J'étais bien décidée à finir ce roman comme un pied de nez à mes jugements à l'emporte-pièce… mais je n'ai pas pu et m'en voilà fortement agacée… La française est râleuse, cela se confirme).
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