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Critique de Millina


Comme toujours avec Agnès Martin-Lugand, les personnages sont esquintés, épuisés et ont un lot de blessures dignes des sacs de campings. Dire que “La vie ne leur fait pas de cadeaux” est un doux euphémisme. La vie est cruelle, mesquine et retorse. Qu'est-ce qui fait que j'en redemande ? Suis-je un brin sadique ? Ou simplement, la vie telle un long fleuve tranquille ne m'intéresse pas ? Trop utopique et illusoire.

J'ai aimé Gary, ce plongeur aimant l'eau et qui se pose enfin après 45 ans sans un chez lui. Erin est tellement touchante, mère aimante et respectueuse, elle a lutté pour ses enfants. Elle irait au bout du monde pour eux. Yvan, son mari, lui a laissé des cicatrices indélébiles. Un soir après lui avoir fait l'amour, il est parti sans dire un mot. Il l'a laissée seule avec 3 enfants : Ulysse, Lou et . Elle a pleuré, a sombré dans la mélancolie puis elle a recollé les morceaux. Plus jamais ce pouvoir sur elle, plus jamais. Elle ne peut faire ça à ses enfants. Chaque jour, elle ouvre l'odyssée, son bar, elle parle avec les habitués, les rumeurs se sont tues et elle est acceptée, elle a travaillé dur pour cela.

Que se passerait-il si Yvan revenait ?
Gary est un homme perdu, il est sorti de sa relation, esquinté et épuisé. À 45 ans, il n'a rien accompli. Il voulait fonder une famille et ce rêve a détruit sa relation et ses espoirs. Il a fui et vécu une vie de nomade. Il a vécu aux quatre coins du monde, fait des missions courtes. Il a plongé dans les plus belles eaux. Pourtant, ces merveilles n'ont plus de goût. Il a besoin de se poser, d'être plus près de sa famille. Il rentre, c'est décidé. Son ami de la réunion lui demande une faveur : retrouver sa femme.

Cependant, cette demande vient d'une nuit alcoolique et son ami devient un autre. Gary l'oublie vite quand il pose un pied en France. Son premier objectif n'est pas de retrouver une femme inconnue, mais simplement un travail, gagner sa vie et peut-être renouer avec ses parents. Cet être abîmé, cet homme gentil et sensible m'a totalement fait craquer.

Les voix des narrateurs sont au nombre de trois. Chacun a une voix caractéristique. Agnès Martin-Lugand lit la partie d'Erin. Elle y met de la voix et du coeur. Son phrasé est parfois tremblant et hésitant quand l'urgence ou l'émotion domine. le personnage prend vie. Magique. Bertrand Pezos et Pierre Rochefort font le point de vue de Gary et d'Yvan. Yvan est tour à tour enjôleur puis menaçant. Gary est brisé, mais aussi profondément humain. Les deux sont remarquables. Leurs voix sont bien distinctes et impossibles de les confondre.

En résumé
Agnès Martin-Lugand est une auteure prolifique et pourtant ses récits souvent ensanglantés sont toujours différents, écorchés et beaux. Celui-ci ne fait pas exception. Sa lecture est géniale, vivante et tellement différente. Lizzie a fait un choix de narrateur du tonnerre.
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