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Critique de Wazlib


"Wild Cards" est le premier tome d'une (très) vaste série d'anthologies dirigées par G. R. R. Martin (je ne vous ferai pas l'affront de le présenter, même s'il est tout de même de bon ton pour certains de constater qu'il n'a pas écrit QUE Game of Throne...). Tous ces volumes s'inscrivent dans un univers qu'on dira "partagé" par ces nombreux auteurs: dans les années 80 et après de longs mois de jeux de rôle endiablés, Martin et co s'inspirent de l'un d'entre eux au ton super-héroïque pour tisser un univers-chorale.

Dans cet univers, un "xéno-virus", rétro-virus extra-terrestre, s'échoue sur Manhattan après de nombreux rebondissements et a des conséquences désastreuses sur une dizaine de milliers de New-yorkais. La grande majorité décède sur le coup, tandis que d'autres subissent des mutations terribles mutilant leur chair et leur esprit. Et enfin, quelques rares miraculés profitent de la redistribution génétique pour acquérir des super-pouvoirs. Et ainsi de nommer ce virus Wild Cards, car sa distribution est aussi aléatoire que décisive: les Reines Noires (morts sur le coup), les Joker (mutations malchanceuses), les As ("super-héros") et plus anecdotiquement les "Deux" (sortes d'As aux pouvoirs ridicules...).

Evidemment, j'étais obligé de m'attaquer à cette gargantuesque saga. Mon amour pour les comics date de ma plus tendre enfance, et une relecture version SFFF ne pouvait me faire plus plaisir. A noter que j'avais déjà connu ça avec l'excellent Xavier Mauméjean (et sa saga Kraven, j'en parlerai prochainement!).

Martin et ses copains ne se contentent pas ici de nous livrer un panel de super-héros: c'est une véritable relecture de l'histoire américaine d'après-guerre et c'est tout bonnement excellent. La chasse aux sorcières, les hippies, les droits des minorités... Tout y passe pour le meilleur et pour le pire.
Il y a une cohérence générale des récits qui est tout à fait louable au vu de la démesure de l'entreprise. Chaque récit brille par la maturité du propos, et un aspect obscur qui ne quittera jamais ce recueil probablement du fait du "réalisme" apparent des As (bien loin d'un Captain America emblématique) et de la présence des Jokers, héritiers malchanceux de la catastrophe que le public n'aime pas voir en plein jour.

Alors franchement c'est un régal. Quelques récits sont un peu en-dessous du lot ("Powers", "Au tréfonds") mais c'est plus la faute à un manque d'aboutissementqu'à une écriture ou une intrigue loupée. Et on ne peut pas vraiment en vouloir à ces intrigues, le recueil étant déjà très épais, chacune se suffisant à elle-même.
Tout le reste explose: les personnages sont hauts en couleur, parfois attachants, parfois répugnants, se mesurant à la Grande Histoire à chaque page. Les intrigues sont calibrées pour plaire et se dévorent les unes après les autres: on regrettera parfois de quitter certains protagonistes, mais n'oublions pas qu'il y a actuellement 28 tomes d'environ 700 pages chacun...

Posant un univers solide et passionnant, George R. R. Martin nous embarque ici dans un gigantesque incipit posant les bases d'une série audacieuse. On parvient ici le tour de maître de divertir de façon très régressive (eh oui, on soulève des tanks, on s'envole en supra-luminal...) tout en faisant lourdement réfléchir sur certains tournants irréversibles de l'histoire américaine.
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