AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00N9BZ5UM
(01/09/2014)
4/5   2 notes
Résumé :
Jacques, chômeur de longue durée vit une relation aliénante avec PRISCILLE, tyran domestique maître de sa vie et de ses émotions. Un jour, il décide de combattre sa soumission, de distendre le lien et de retrouver la liberté. Sur le chemin de son émancipation, une prostituée africaine qui progressivement l'entraîne dans une forme de thérapie primale, qui va réveiller le désir et redonner le goût des autres.

PRISCILLE est le deuxième roman de Frédéric Ma... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
🎶 🎵 🎶
« Jacques a dit “Cours”
Jacques a dit “Vole”
Mais pas le jour où je décolle
Jacques a dit “Cours”
Jacques a dit “Aime”
J'ai beau t'aimer, tu pars quand même
Jacques a dit “Marche”
Jacques a dit “Rêve”
Me fait tant marcher que j'en crève
Jacques a dit “Certes, je lui pardonne” »
🎵 🎶 🎶 (C.Willem)


Jacques, confronté soudain à la dure réalité d'une séparation déchirante et du chômage, a tout le temps d'explorer toutes les strates de la société, et de sa personnalité peu à peu comme délitée.
Jacques diverge, et Jacques dit verge.

Au fur et à mesure qu'il pointe au Pôle emploi, sans que ne se pointe le moindre emploi, sa bourse fond comme son ventre, mais au fond, pas son bas-ventre nourri à la testostérone. Le jouir est ce qui semble lui rester pour se sentir vivant. Seul et désinséré, il éprouve le besoin de s'insérer dans les corps comme pour conjurer le sort, oublier cette société qui rejette le chômeur, surtout celui dit de longue-durée, plus que suspect et soudain délaissé par bon nombre de ses anciens amis.

Alors quand sa testostérone fait plus que le tester, il prend le taureau par les cornes, écorne au passage les nantis et autres avatars du paysage urbain, lui que la corne d'abondance a abandonné.
Longtemps qu'il ne fait plus bombance, malgré les apparences, alors quand sur sa route il a croisé Priscille, il a accepté qu'elle devienne sa presqu'île, puis l'a laissée sur son île pour rejoindre des berges plus sordides.
Le phantasme et la débauche l'envoient dans le décor, des corps nus çà et là : stupre et amours tarifés sur des sofas moelleux, lumière tamisée mais aussi plaisirs solitaires. Il est devenu soli-terre, seul sur terre, mais solidaire de la terre et de tous les laissés pour compte, ceux qui n'ont plus rien à compter, plus le moindre sou, ni dessous.
Les dessous de l'histoire vous rappelleront que ce sera peut-être vous, le prochain chômeur, vous qui ne saurez plus sur qui compter pour maintenir la tête relevée, et ne pas perdre la raison.

Entre garder sa dignité ou sombrer, se regarder en face ou succomber à la tentation, Jacques a oscillé… comme en état second.

Mais la meilleure surprise, c'est l'épilogue, après ce long monologue.

Le style est riche et varié, Frédéric Martineau n'a épargné personne en sondant les affres de la perte d'emploi et en auscultant la descente aux enfers quand on ne rêve que d'en faire… du travail, et de toucher un salaire pour vivre décemment, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          676
Comment boucler ses fins de mois lorsque vous touchez le RSA ? Jacques ne peut résoudre cette équation d'autant plus difficile qu'il doit supporter à demeure un dragon domestique prénommé Priscille et que le sexe le titille.

Vous vous souvenez sans doute de 'La Vie ne vaut rien' de notre ami Souchon.
"Il a vu manque d'amour, manque d'argent
Comme la vie c'est détergent
Et comme ça nettoie les gens".

C'est tout cela que nous montre Frédéric Martineau dans ce conte moderne. Comment vous êtes aspiré par la spirale du chômage. Comment vous devenez pas grandchose, même pas un objet sexuel. le ton est parfois cru, mais il faut bien appeler un chat un chat. L'auteur utilise à la perfection l'humour gris. Jusqu'à l'épilogue inattendu.
Commenter  J’apprécie          402

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Étrangement, les simples montrèrent une noblesse sans pareille, celle du cœur. Aux traitres qui plastronnaient, accusaient et détournaient la tête, il aurait volontiers hurlé : la solidarité n’était-elle qu’une qualité de pauvre ? Pourquoi le sens du partage se perdait-il à l’arrivée de l’aisance ? Était-il si antinomique de vivre convenablement et de donner ?
Ils n’étaient pas à l’abri d’un accident de parcours. Leur appartenance aux nantis ne les immunisait pas, leur avenir entier dépendait d’altruisme et d’un resserrement des liens entre les dissemblables.

Page 61
Commenter  J’apprécie          420
Elle adorait communier avec la nature, une échappatoire au stress de la vie urbaine, mais le fantasme d'une sylphide à peau diaphane, la chevelure blonde, se frottant nue contre l'écorce d'un arbre en obédience à un culte celte s'évanouissait au tremblement de la réalité.

Elle marchait maintenant la bicyclette parallèle à ses pas ou restait assise sur une souche à contempler le ballet des branches, à écouter les cavatines des feuilles, à respirer l'humus à s'en faire éclater les bronches.

C'était une drogue indispensable à son équilibre et l'idée de devoir se priver de cette régénération vitale la rendait infiniment triste.

Page39
Commenter  J’apprécie          375
Le propre rassurait, le frais titillait, l’absence de microbes détendait et facilitait le déshabillage, on pouvait lancer les vêtements, les entasser sur le sol et fournir un ersatz de scénario émoustillant, une aire de jeux inédits. De ses amours passagères, il avait retenu un principe de base :

Il y a une chose qu’elles détestent plus que l’infidélité : la saleté !
Commenter  J’apprécie          471
C’est terrible à confesser, mais Jacques diverge et je n’y peux rien. Cela empire, il lui faut, quotidiennement, une dose de lecture, de pages tournées, humectées, écornées, le manuscrit inédit le réjouit, l’illumine, le transfigure. Je le constate, il ne simule pas. Il entreprend des odyssées dont il m’exclut, que je devine fabuleusement riches, de mots, d’idées, d’inspiration renouvelée, retranché derrière une forteresse de papier imprenable, une barrière inobservable, infranchissable, où il est sourd et muet à la fois.
Commenter  J’apprécie          275
Où était passée la sagesse qui l'incitait à se détacher du matériel ? Vagabonder à la veille de l'hiver n'était pas un horizon très enviable bien qu'il se serait senti moins seul en rejoignant la communauté des clochards, cette confrérie de l'essentiel, qui transporte sa maison à bout de bras ou maraude en quête d'un hall d'immeuble ouvert, d'une station de métro accueillante. Elle se contente d'un peu de chaleur, de recoins qui isolent et préservent d'une société qui le froid venu, quand les médias s'en mêlent, s'achète des instants de bonne conscience le temps d'un reportage ou de la signature d'un chèque.
Commenter  J’apprécie          200

Videos de Frédéric Martineau (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Martineau
Fréderic Martineau, auteur de "La malédiction de Nostradamus" interviewé sur Arcana.
autres livres classés : conte moderneVoir plus


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

La Faute ...😉

" Déjà il rêvait d'une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l'incessant déluge de la sotise humaine ".

Déja, plutôt que déjà
Incessent, plutôt que incessant
Sottise, plutôt que sotise
Tébaïde, plutôt que thébaïde

10 questions
44 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , orthographeCréer un quiz sur ce livre

{* *}