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Critique de GaletteSaucisse


Ah, bonne mère... Il est bien rare que je m'aventure sur le sentier tortueux des bouquins étrangers. Pas par racisme, attention ; je ne te permettrai pas d'étayer des hypothèses si hâtives quant à mon intolérance à la diversité humaine (Ce n'est pas la diversité qui m'horripile, mais l'humanité en général ; à quelques exceptions près cependant, tu peux le noter). Non, si je n'aime pas les livres non-franchouillards, c'est plutôt parce que j'ai une confiance modérée en la gente traductrice.

En plus, je lis encore moins les polars. Ça m'emmerde, ça ne m'intéresse pas. Sûrement le syndrome Higgins Clark, dont j'avais été obligée de lire La Nuit du Renard en 4ème. Quel traumatisme.

Donc, finalement, rien ne me prédestinait à avoir entre mes petites mains toutes gentilles Monteperdido du sieur Agustín Martínez.

(Je me suis fait chier à mettre les petits accents sur les -i, alors admire mon implication s'il te plaît.)

C'était sans compter ma grand'tante un peu gâteuse, ancienne prof d'espagnol justement, qui a pensé à moi pour Noël.

Bon, au moment où elle m'a filé ce bouquin, je n'ai rien dit. Déjà parce que gueuler sur les vieux n'est pas vraiment preuve de politesse, et que, même si je peux être une galette-saucisse au goût acide quand tu m'emmerdes, mes parents m'ont appris à bien feindre la joie de recevoir un quelconque cadeau venant d'une vieille dame rongée par Alzheimer.

Après, l'avantage d'Alzheimer, c'est que du coup, je n'avais pas besoin d'attendre trop longtemps pour qu'elle oubliât cette chose, donc je n'avais pas à subir les petites relances qu'on te fait quand on t'a offert un bouquin : « Et sinon, tu avances dans ta lecture... ? ». Là, pas de risques. J'étais tranquille. « Pépouze », oserait renchérir Paul Valéry.

(En vrai, je rigole, je rigole, mais Madame Alzheimer est quand même une belle salope. Mine de rien, je l'aimais bien, ma grand'tante, moi...)

Donc, me voici deux ans plus tard, déprimée entre autres à cause de mon amère désillusion consécutive à la lecture du bouquin de Cavanna et en grande recherche de réconfort et de changement dans les idées parce que plus ça va, et plus je vois que Dieu et moi, on n'a pas le même sens de l'humour. Mais c'est un autre débat, ça.

J'ai donc profité de mon insomnie qualitative pour finir le Journal d'un homme heureux de Delerm, que j'ai lu dans l'espoir d'être heureuse aussi – spoiler alert : ça n'a pas marché, je me suis ennuyée comme un rat mort – et sur lequel je ne ferai pas de critique tant il est insignifiant. Et puis, à deux heures du matin, je me suis dit :

« Tiens, et si je commençais le bouquin que m'a offert Tante Alix ? »

Quelle merveilleuse idée. La meilleure depuis l'invention des applications qui t'aident à accorder ta guitare sans que tu aies besoin d'utiliser ton oreille.

Bon, l'histoire, déjà. Ça se passe dans les Pyrénées espagnoles. Donc, pour les manchots hispanophiles anarchistes – si, si, ça existe, j'en connais personnellement, même qu'ils écoutent Brassens et Léo Ferré, tu vois, ça ne s'invente pas – c'est du pain bénit. Tous les noms sont de jolis noms espagnols, avec de beaux accents aigus où tu t'y attends pas, des Joaquín, des Lucía, des Víctor, humm... muy bien.

Enfin bref. Dans lesdites montagnes, deux gamines de onze ans ont un soir la merveilleuse idée de disparaître en rentrant de l'école. Une fois qu'ils ont vérifié que Fourniret n'était pas de passage dans le coin à ce moment-là – on ne sait jamais, c'est que le monde est petit... – les braves pandores ont très vite aucune piste. Pas de chance. Jusqu'à ce que cinq ans plus tard...

(Là, tu es censé imaginer des bruits de contrebasse qui font « tin-tin-tiiiiiiin »)

... cinq ans plus tard, on retrouve une bagnole dans le fond d'un ravin, le conducteur mort, et une fille de seize ans vivante à ses côtés. Et là, ô surprise ! il s'avère que c'est une des gamines qui avaient disparu !

Mais alors, où est la deuxième ? Va-t-on la retrouver ? Et qui était ce quidam dans la voiture ? Et pourquoi l'ornithorynque est-il un mammifère ?

Que de mystères inexplicables auxquels l'on trouvera légitimement l'explication à la fin de l'ouvrage. Mais je ne vais pas te la donner, pour la simple raison que j'ai lâchement abandonné cette daube au bout de la vingtième page, à 4h25 du matin, tombant de fatigue et d'inanition.

Bon, pourquoi abandonner, pourquoi baisser les bras ?

Parce qu'il est mal traduit. Ou mal écrit, je ne sais pas de qui vient véritablement le problème. J'ai tenu vingt pages. C'est long, c'est vide, les dialogues sont sans importance. Et puis, chose embêtante pour un polar, je crois que le dénouement final, je m'en fous. Quant aux deux-trois scènes d'amour que tu peux trouver, elles sont d'un niais...

Je préfère encore m'infliger Cavanna qui parle de cul(s).

Après, pour être tout à fait transparente avec toi, l'avantage de ce livre, c'est qu'il m'a montré qu'il vaudrait peut-être mieux que je rouvre mes vieux cahiers d'espagnol de quand j'étais au collège, histoire que je me rafraîchisse la mémoire. Parce que bon, hésiter quinze longues secondes quant à la signification littérale de « Monteperdido », c'est symptomatique de grosses lacunes qu'une simple improvisation sur la description del caballo que vemos en el centro de esta cuadro y que simboliza la tristeza de los habitantes muertos debido à la guerra – Guernica, tu connais tes classiques, et tu as ainsi une vue d'ensemble sur mes compétences en la matière – ne pourra pas maquiller.

Donc, sur ces belles paroles, moi, je vais tromper mon chagrin en compagnie d'un certain Georges en me disant que lire des polars espagnols était une singulière perte de temps.

Qu'à cela ne tienne, on ne m'y reprendra plus.
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