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Les livres dans l'ordre :
"Le Jeu du Chuchoteur" de Donato Carrisi, Éditions Calmann-Lévy - suite de "Le Chuchoteur " en Livre de Poche
"À cache-cache" de M. J. Arlidge, Éditions Les escales - suite de "Oxygène" aux Éditions 10/18 poche
"Victime 2117" de Jussi Adler-Olsen, Éditions Albin Michel
"L'épidémie" de Åsa Ericsdotter, Éditions Actes Sud
"Le Secret ottoman" de Raymond Khoury, Éditions Presses de la Cité
"Fermer les yeux" de Antoine Renand, Éditions Robert Laffont - connu pour "L'Empathie" maintenant en poche aux Éditions Pocket
"Au soleil redouté" de Michel Bussi, Éditions Presses de la Cité
"La punition qu'elle mérite" de Elizabeth George, Éditions Pocket
"La Mauvaise herbe" de Agustin Martinez, Éditions Actes Sud
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Peut-on haïr sa fille ?
La haïr comme on éprouve de l'aversion envers certaines personnes, certains gestes, certains goûts. Le haut-le-cœur au moment d'avaler de la viande en putréfaction ; est-ce possible de ressentir ce genre de frisson à la vue de ta propre fille ? Peut-être devrais-je tourner la question autrement : m'autorisez-vous à haïr ma fille ?
Miriam a tué ma femme, sa mère. Elle a essayé de me tuer.
Ma petite Miriam.
L’homme qui lui souriait sous l’auvent de la station-service exhibait ses dents manquantes avec l’impudeur d’une vieille dame qui soulève sa jupe.
Personne n'est pressé de donner des mauvaises nouvelles, et elle était persuadé qu'en ce qui concernait sa fille, elles ne seraient jamais bonnes.
Nous avons besoin de vivre au milieu d'une famille. Les animaux le font par protection, car en troupeau ils sont une proie moins facile. Notre principale différence avec eux, c'est que l'être humain peut raconter sa propre vie. Son histoire. Mais c'est impossible s'il est seul.
Je voudrais garder ce souvenir de toi qui reposais contre ma poitrine, lourde de fatigue après avoir fait l’amour, pas de ce bateau qui sombre dans une flaque de sang à mes pieds.
L'homme le plus dangereux c' est l'homme seul ,parce qu'il ne sait même pas qui il est; il n'a personne pour raconter son histoire.
— Laisse les petites jouer, lui dit Raquel.
Sa fille avait escaladé un petit monticule en plongeant les mains dans la neige. Les empreintes de son ascension étaient de minuscules trous noirs. Arrivée en haut, elle tendait les bras en croix pour garder l’équilibre, menaçait de tomber à tout moment, de dévaler la pente enneigée, et riait aux éclats.
Comme si on la chatouillait.
Ses bottes en caoutchouc s’enfoncèrent jusqu’aux chevilles ; plus stable, elle se baissa pour faire une boule de neige. Elle était excitée, comme par un matin de Noël, joyeuse et fébrile. L’émotion la rendait maladroite, la neige lui glissait des mains. Ana avait tout juste onze ans.
— Tu vas voir, elles vont finir par se faire mal, râla Montserrat en s’asseyant à côté de Raquel.
La fille de Montserrat était au pied du monticule. Accroupie, elle redoutait l’impact de la boule de neige qu’Ana préparait. Elles avaient le même âge. Des voisines inséparables.
— Il a beaucoup neigé, répondit Raquel. Si elles tombent, il ne leur arrivera rien. D’ailleurs, elles ont la tête dure.
Au fond, c'est un peu égoïste. On voudrait que le bébé ne parte jamais. - Carmela pensait à voix haute plus qu'elle ne parlait à Nora. - C'est l'amour parfait. Ton bébé t'adore. Il a besoin de toi et ne te juge pas. Tu peux te planter autant de fois que tu veux, il viendra toujours chercher tes bras pour un câlin... Jusqu'à ce qu'il grandisse.
Le temps s'écoule différemment pour une adolescente. Les jours peuvent s'étirer à l'infini. Le futur se déplace vers un horizon toujours lointain, une étoile à l'éclat ténu et qui parfois s'éteint. Allez, avance. Un jour il sera à portée de main.
À quelques kilomètres de là, plus bas, au fond d’un ravin, les roues avant de la voiture tournaient encore. Elle était à l’envers, le pare-brise brisé dessinait une toile d’araignée au milieu d’un nuage de poussière et de fumée. Quelques centaines de mètres plus haut, le chemin de terre d’où elle était tombée s’accrochait au flanc de la montagne. La chute avait laissé un sillon d’arbres arrachés et de terre labourée.
Le vent balaya la fumée et révéla une flaque rouge à l’intérieur de la voiture, alimentée par un filet de sang, comme un robinet mal fermé, qui prenait sa source au front du chauffeur suspendu en l’air, retenu par la ceinture de sécurité. Le choc lui avait ouvert le crâne.
Malgré les sifflements du vent, on percevait un gémissement. Presque un sanglot. Une fille, les bras marqués par une fine pluie de coupures, les vêtements en lambeaux et les cheveux sur le visage, se traînait hors du véhicule par la lunette arrière, également brisée. Les éclats de verre s’enfonçaient dans ses cuisses. Elle avait à peine seize ans. Elle surmonta la douleur et, dans un dernier effort, parvint à s’extraire entièrement.
Elle se laissa tomber, épuisée. Sa respiration, encore irrégulière, la secouait tout entière chaque fois qu’elle cherchait à reprendre son souffle.
L’endroit où la voiture s’était écrasée était pour ainsi dire inaccessible. Un défilé abrupt, entre des montagnes dont les sommets étaient encore enneigés.