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EAN : 9782330080679
480 pages
Actes Sud (03/05/2017)
3.63/5   117 notes
Résumé :
Monteperdido : un village de montagne acculé contre les plus hauts pics des Pyrénées. Des routes sinueuses, impraticables en hiver, des congères, des rivières qui débordent. Quelques familles, souvent coupées du monde, des sangliers et des chevreuils dans les forêts de peupliers et de pins noirs. C’est là que disparaissent un jour deux fillettes de onze ans qui, comme tous les soirs, traversaient la pinède de retour du collège. Malgré la mobilisation exemplaire du v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Deux mois pour terminer Monteperdido d'Agustín Martínez, thriller phénomène en Espagne, qui est à l'Aragon ce que la trilogie de Batzan de Dolores Redondo est à la Navarre...Peut-être ai-je traîné parce que le sujet est déjà vu et déjà traité. Deux fillettes originaires d'un village isolé de montagne, Monteperdido (imaginaire de par son orthographe mais à rapprocher de Monte Perdido, le mont Perdu, proche de la frontière, près des canyons d'Ordesa et de Pineta) disparaissent un jour à la sortie du collège. Comme tout le monde se connaît dans le village, les soupçons se tournent très vite vers l'extérieur mais sans succès. Jusqu'à ce que quelques années plus tard, l'une des jeunes filles, Ana, réapparaisse, victime d'un accident de la route près de Monteperdido. Où était-elle passée durant ces cinq années? Et surtout qu'est-il advenu de son amie Lucia?

Monteperdido est donc un thriller de facture classique: un microcosme planté en plein coeur de la nature sauvage, des secrets bien gardés à exhumer pour savoir qui a pu commettre l'irréparable, des familles éclatées et plongées à nouveau dans l'effroi lorsque l'une retrouve son enfant et l'autre pas…
L'auteur est scénariste et cela se sent dans la construction et l'écriture du roman. Ce n'est donc pas l'intrigue qui m'aura séduite mais les pages consacrées à la beauté des Pyrénées aragonaises, au charme hiératique des montagnes, à la force sauvage de ce parc national, l'un des plus anciens des Pyrénées. Ce Monteperdido est en effet le cadre idéal pour tresser une intrigue. L'entre-soi et l'isolement exacerbent toujours les passions et rendent mutiques devant les étrangers. L'atmosphère particulière créée par Agustín Martínez m'a rappelé celle tout aussi oppressante du thriller d'Isaki Lacuesta et d'Isa Campo, La propera Pell (La próxima piel). L'adaptation en série ne saurait tarder.
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Je sais que parfois je rabâche un peu, mais je me vois, une fois de plus, contraint de vous recommander de faire un tour du côté de la production littéraire du polar espagnol dont j'ai fait l'éloge à de multiples reprises que ce soit avec Victor del Árbol, Carlos Zanòn ou tout dernièrement Andreu Martin qui nous entraînait dans les méandres d'une triade chinoise réglant ses comptes dans les rues de Barcelone. Dans un autre registre, il conviendra de s'intéresser à Monteperdido, premier roman d'Agustìn Martìn dont l'intrigue se déroule dans la promiscuité d'une bourgade nichée au creux d'une vallée perdue des Pyrénées espagnoles. Même s'il aborde le schéma classique de l'enlèvement d'enfants, Monteperdido déroutera le lecteur de par son rythme plutôt lent qui permet d'appréhender toutes les interactions entre les nombreux personnages qui peuplent cet ouvrage en surfant sur les codes du polar bien évidement, mais également sur ceux du thriller et du roman noir que l'auteur parvient à conjuguer avec un bel équilibre.

Monteperdido, village niché aux pieds des plus hauts sommets des Pyrénées, a défrayé la chronique judiciaire avec la disparition d'Ana et Lucia, deux fillettes de onze ans qui ont disparues sans laisser de trace. Toutes les recherches sont restées vaines et cinq ans se sont passés lorsque l'on retrouve une voiture accidentée au fond d'un ravin. Dans l'habitacle, le cadavre d'un homme et une jeune adolescente inconsciente que l'on identifie très rapidement. Il s'agit d'Ana. Dès lors, ce sont deux inspecteurs dépêchés de Madrid, Sara Campos et Santiago Baìn, qui reprennent l'affaire avec l'appui de la guardia civil. Et le temps presse pour localiser Lucia. Qui peut bien être ce mystérieux ravisseur ? Que s'est-il passé durant ces cinq années ? Et que craint Ana en se murant dans le silence ? Des questions qui restent sans réponse, d'autant plus que les policiers se heurtent rapidement à l'hostilité des habitants déterminés à régler leurs affaires entre eux pour conserver leurs plus vils secrets.

Pour les adeptes des rythmes trépidants et des rebondissements sans fin il faudra passer son tour avec Monteperdido qui se cale sur l'atmosphère majestueuse de cette région montagneuse dans laquelle se déroule un récit emprunt d'une certaine forme de spleen tout en distillant un climat oppressant au sein d'une localité où les habitants vivent en vase clos une bonne partie de l'hiver. Habile, précis, Agustìn Martìnez réussit à mettre en place une kyrielle de personnages évoluant dans un décor qu'il parvient à dépeindre avec une belle force poétique permettant au lecteur d'éprouver les sensations que procurent cette faune et cette flore qui prennent une part prépondérante dans le cours de l'intrigue. Ainsi, l'auteur parvient à tisser une espèce de toile complexe pour dépeindre les diverses interactions entre les différents membres de cette communauté s'ingéniant à dissimuler quelques fautes inavouables. Comme des cercles qui s'entrecroisent on suit les différents ensembles de protagonistes qui interagissent soit dans le cadre familial des fillettes disparues ou de l'enquête qui est en cours mais également dans le microcosme des autres membres du village qui interviennent parfois pour relancer le récit dans une succession de rebondissement savamment équilibrés. Loin des clichés de carte postale et sans jamais en abuser, Agustìn Martìnez parvient également à intégrer le folklore et les traditions, notamment liées à la chasse, de cette province de Huesca que ce soit par le biais des spécialités culinaires mais également des légendes locales qui prennent une dimension particulière au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête.

Finalement assez éloigné des schémas classiques, malgré les apparences, l'intrigue tourne, pour une partie, autour du duo atypique que forme les deux inspecteurs chargés de l'enquête. Dans ce village replié sur lui-même, les deux policiers deviennent l'élément perturbateur qui met à mal l'apparente quiétude d'habitants tenaillés par leurs angoisses respectives et bouleversés par cette disparition inexplicable qui ne devenait plus qu'un lointain souvenir soudainement ravivé avec la réapparition de la jeune Ana. Les deux enquêteurs entretiennent une relation singulière puisque Santiago Baìn, vieux policier proche de la retraite endosse le rôle de pygmalion auprès de Sara Campos, jeune inspectrice tout en émotion et sensibilité qu'il a recueillie au terme d'une adolescence mouvementée où la jeune fugueuse se rendait compte que ses parents n'avaient même pas pris la peine de signaler sa disparition. On perçoit ainsi toute la vulnérabilité de cette enquêtrice déterminée dont la quête pour retrouver les deux jeunes filles prend subitement une tout autre forme avec cette allégorie sur l'existence de l'homme au travers du regard des autres. le roman emprunte ainsi des thèmes chers à Borges à qui l'auteur rend hommage par l'entremise de quelques vers du poète argentin qui émaillent le texte et quelques clins d'oeil, comme ces labyrinthes que l'inspectrice dessine dans la marge de ses notes.

Conte crépusculaire qui se décline sous la forme d'un huis clos tragique et oppressant Agustìn Martìnez intègre avec Monteperdido tous les archétypes du polar pour mieux les détourner afin de nous livrer une intrigue déroutante qui n'épargne aucun des protagonistes qui s'enlisent dans une tragédie noire et sordide sans concession et sans espoir. Poignant et dramatique.


Agustìn Martìnez : Monteperdido. Actes Sud/Actes Noirs 2017. Traduit de l'espagnol par Claude Bleton.

A lire en écoutant : What's A Girl To Do de Bat For Lashes. Album : Fur And Gold. The Echo Label Ltd 2011.


Lien : http://monromannoiretbienser..
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Ah, bonne mère... Il est bien rare que je m'aventure sur le sentier tortueux des bouquins étrangers. Pas par racisme, attention ; je ne te permettrai pas d'étayer des hypothèses si hâtives quant à mon intolérance à la diversité humaine (Ce n'est pas la diversité qui m'horripile, mais l'humanité en général ; à quelques exceptions près cependant, tu peux le noter). Non, si je n'aime pas les livres non-franchouillards, c'est plutôt parce que j'ai une confiance modérée en la gente traductrice.

En plus, je lis encore moins les polars. Ça m'emmerde, ça ne m'intéresse pas. Sûrement le syndrome Higgins Clark, dont j'avais été obligée de lire La Nuit du Renard en 4ème. Quel traumatisme.

Donc, finalement, rien ne me prédestinait à avoir entre mes petites mains toutes gentilles Monteperdido du sieur Agustín Martínez.

(Je me suis fait chier à mettre les petits accents sur les -i, alors admire mon implication s'il te plaît.)

C'était sans compter ma grand'tante un peu gâteuse, ancienne prof d'espagnol justement, qui a pensé à moi pour Noël.

Bon, au moment où elle m'a filé ce bouquin, je n'ai rien dit. Déjà parce que gueuler sur les vieux n'est pas vraiment preuve de politesse, et que, même si je peux être une galette-saucisse au goût acide quand tu m'emmerdes, mes parents m'ont appris à bien feindre la joie de recevoir un quelconque cadeau venant d'une vieille dame rongée par Alzheimer.

Après, l'avantage d'Alzheimer, c'est que du coup, je n'avais pas besoin d'attendre trop longtemps pour qu'elle oubliât cette chose, donc je n'avais pas à subir les petites relances qu'on te fait quand on t'a offert un bouquin : « Et sinon, tu avances dans ta lecture... ? ». Là, pas de risques. J'étais tranquille. « Pépouze », oserait renchérir Paul Valéry.

(En vrai, je rigole, je rigole, mais Madame Alzheimer est quand même une belle salope. Mine de rien, je l'aimais bien, ma grand'tante, moi...)

Donc, me voici deux ans plus tard, déprimée entre autres à cause de mon amère désillusion consécutive à la lecture du bouquin de Cavanna et en grande recherche de réconfort et de changement dans les idées parce que plus ça va, et plus je vois que Dieu et moi, on n'a pas le même sens de l'humour. Mais c'est un autre débat, ça.

J'ai donc profité de mon insomnie qualitative pour finir le Journal d'un homme heureux de Delerm, que j'ai lu dans l'espoir d'être heureuse aussi – spoiler alert : ça n'a pas marché, je me suis ennuyée comme un rat mort – et sur lequel je ne ferai pas de critique tant il est insignifiant. Et puis, à deux heures du matin, je me suis dit :

« Tiens, et si je commençais le bouquin que m'a offert Tante Alix ? »

Quelle merveilleuse idée. La meilleure depuis l'invention des applications qui t'aident à accorder ta guitare sans que tu aies besoin d'utiliser ton oreille.

Bon, l'histoire, déjà. Ça se passe dans les Pyrénées espagnoles. Donc, pour les manchots hispanophiles anarchistes – si, si, ça existe, j'en connais personnellement, même qu'ils écoutent Brassens et Léo Ferré, tu vois, ça ne s'invente pas – c'est du pain bénit. Tous les noms sont de jolis noms espagnols, avec de beaux accents aigus où tu t'y attends pas, des Joaquín, des Lucía, des Víctor, humm... muy bien.

Enfin bref. Dans lesdites montagnes, deux gamines de onze ans ont un soir la merveilleuse idée de disparaître en rentrant de l'école. Une fois qu'ils ont vérifié que Fourniret n'était pas de passage dans le coin à ce moment-là – on ne sait jamais, c'est que le monde est petit... – les braves pandores ont très vite aucune piste. Pas de chance. Jusqu'à ce que cinq ans plus tard...

(Là, tu es censé imaginer des bruits de contrebasse qui font « tin-tin-tiiiiiiin »)

... cinq ans plus tard, on retrouve une bagnole dans le fond d'un ravin, le conducteur mort, et une fille de seize ans vivante à ses côtés. Et là, ô surprise ! il s'avère que c'est une des gamines qui avaient disparu !

Mais alors, où est la deuxième ? Va-t-on la retrouver ? Et qui était ce quidam dans la voiture ? Et pourquoi l'ornithorynque est-il un mammifère ?

Que de mystères inexplicables auxquels l'on trouvera légitimement l'explication à la fin de l'ouvrage. Mais je ne vais pas te la donner, pour la simple raison que j'ai lâchement abandonné cette daube au bout de la vingtième page, à 4h25 du matin, tombant de fatigue et d'inanition.

Bon, pourquoi abandonner, pourquoi baisser les bras ?

Parce qu'il est mal traduit. Ou mal écrit, je ne sais pas de qui vient véritablement le problème. J'ai tenu vingt pages. C'est long, c'est vide, les dialogues sont sans importance. Et puis, chose embêtante pour un polar, je crois que le dénouement final, je m'en fous. Quant aux deux-trois scènes d'amour que tu peux trouver, elles sont d'un niais...

Je préfère encore m'infliger Cavanna qui parle de cul(s).

Après, pour être tout à fait transparente avec toi, l'avantage de ce livre, c'est qu'il m'a montré qu'il vaudrait peut-être mieux que je rouvre mes vieux cahiers d'espagnol de quand j'étais au collège, histoire que je me rafraîchisse la mémoire. Parce que bon, hésiter quinze longues secondes quant à la signification littérale de « Monteperdido », c'est symptomatique de grosses lacunes qu'une simple improvisation sur la description del caballo que vemos en el centro de esta cuadro y que simboliza la tristeza de los habitantes muertos debido à la guerra – Guernica, tu connais tes classiques, et tu as ainsi une vue d'ensemble sur mes compétences en la matière – ne pourra pas maquiller.

Donc, sur ces belles paroles, moi, je vais tromper mon chagrin en compagnie d'un certain Georges en me disant que lire des polars espagnols était une singulière perte de temps.

Qu'à cela ne tienne, on ne m'y reprendra plus.
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Ce roman policier est grandiose et ce, sur plusieurs points.
Evidemment, il y a l'histoire. Une disparition d'enfants et l'espoir qui renait dans des familles brisées par le chagrin. Une enquête très compliquée pour les enquêteurs, victimes de la loi du silence régnant dans cette vallée.
L'auteur nous trimbale de parts et d'autres, nous faisant soupçonner les uns puis les autres. Il disperse des rebondissements poignants qui font repartir l'enquête dans l'autre sens. C'est clairement un maestro des fausses pistes…
Il y a également les personnages. Ils ont chacun leurs secrets, leurs mensonges, leurs démons aussi.
Sara, la femme flic qui dirige l'enquête avec Santiago, un flic près de la retraite et qui l'a prise sous son aile des années auparavant et à qui elle doit tout.
Victor, membre de la « Guarda civil », enfant de ce village, qui a connu le pire avec la perte de son épouse, noyée dans la rivière en crue quelques années auparavant. Il vit seul avec Nieve, son chien.
Ana, jeune femme troublante qui, bien que sauvée de son ravisseur, garde cette peur en elle et prétend ne jamais avoir vu son tortionnaire.
Raquel, Montserrat, Joaquin et Alvaro, les parents.
Raquel et Alvaro sont les parents d'Ana. A la disparition des fillettes, Alvaro est désigné comme suspect et, bien qu'innocenté, leur couple n'y survivra pas. Ils se rapprocheront pour Ana, son équilibre, son bonheur.
Montserrat et Joaquin sont les parents de Lucia. D'abord jaloux que ça ne soit pas leur fille qui ait été retrouvée, ils ne cesseront d'espérer qu'Ana leur permettra de retrouver Lucia.
Enfin, il y a le décor de ce roman. Un décor magnifiquement mis en place et entretenu tout au long de l'histoire. Une vallée nichée au coeur du Monte Perdido. le Monte Perdido est une montagne qui se situe à peu près au centre de la chaîne Pyrénéenne, non loin de Gavarnie. Une région où l'on peut trouver des canyons et où les neiges peuvent être éternelles.
La nature y fait sa loi.
Ce roman c'est aussi un hommage à cette nature encore pure. Les animaux qui la peuplent, sa végétation autant que son climat nous assurent un dépaysement complet.
A l'image de ces hommes, vivant entre ces montagnes. Des hommes durs qui pratiquent la contrebande, qui aiment chasser et qui vivent de générations en générations dans le village. Un village qui forme une famille et qui ne révélera jamais ses secrets ni ne dénoncera l'un des siens.
En résumé, un roman passionnant dans un décor grandiose, une superbe découverte pour moi.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Les polars espagnols sont une bonne mine de trouvaille. Ce livre-ci le confirme. Quoique le sujet est plutôt rebattu et pourrait lasser : la disparition de fillettes qui immanquablement mène à la pédophilie. Toutefois, l'auteur nous décrit une atmosphère rurale crédible et a fait choix d'enquêteurs loin d'être monolithiques. Intéressante découverte sans être non plus la lecture de l'année.
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critiques presse (1)
Lexpress
15 mai 2017
Un premier roman réussi, aux allures de huis clos, tant ce mont Perdu vit loin du reste du monde.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
— Laisse les petites jouer, lui dit Raquel.

Sa fille avait escaladé un petit monticule en plongeant les mains dans la neige. Les empreintes de son ascension étaient de minuscules trous noirs. Arrivée en haut, elle tendait les bras en croix pour garder l’équilibre, menaçait de tomber à tout moment, de dévaler la pente enneigée, et riait aux éclats.

Comme si on la chatouillait.

Ses bottes en caoutchouc s’enfoncèrent jusqu’aux chevilles ; plus stable, elle se baissa pour faire une boule de neige. Elle était excitée, comme par un matin de Noël, joyeuse et fébrile. L’émotion la rendait maladroite, la neige lui glissait des mains. Ana avait tout juste onze ans.

— Tu vas voir, elles vont finir par se faire mal, râla Montserrat en s’asseyant à côté de Raquel.

La fille de Montserrat était au pied du monticule. Accroupie, elle redoutait l’impact de la boule de neige qu’Ana préparait. Elles avaient le même âge. Des voisines inséparables.

— Il a beaucoup neigé, répondit Raquel. Si elles tombent, il ne leur arrivera rien. D’ailleurs, elles ont la tête dure.
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À quelques kilomètres de là, plus bas, au fond d’un ravin, les roues avant de la voiture tournaient encore. Elle était à l’envers, le pare-brise brisé dessinait une toile d’araignée au milieu d’un nuage de poussière et de fumée. Quelques centaines de mètres plus haut, le chemin de terre d’où elle était tombée s’accrochait au flanc de la montagne. La chute avait laissé un sillon d’arbres arrachés et de terre labourée.

Le vent balaya la fumée et révéla une flaque rouge à l’intérieur de la voiture, alimentée par un filet de sang, comme un robinet mal fermé, qui prenait sa source au front du chauffeur suspendu en l’air, retenu par la ceinture de sécurité. Le choc lui avait ouvert le crâne.

Malgré les sifflements du vent, on percevait un gémissement. Presque un sanglot. Une fille, les bras marqués par une fine pluie de coupures, les vêtements en lambeaux et les cheveux sur le visage, se traînait hors du véhicule par la lunette arrière, également brisée. Les éclats de verre s’enfonçaient dans ses cuisses. Elle avait à peine seize ans. Elle surmonta la douleur et, dans un dernier effort, parvint à s’extraire entièrement.

Elle se laissa tomber, épuisée. Sa respiration, encore irrégulière, la secouait tout entière chaque fois qu’elle cherchait à reprendre son souffle.

L’endroit où la voiture s’était écrasée était pour ainsi dire inaccessible. Un défilé abrupt, entre des montagnes dont les sommets étaient encore enneigés.
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Nous avons besoin de vivre au milieu d'une famille. Les animaux le font par protection, car en troupeau ils sont une proie moins facile. Notre principale différence avec eux, c'est que l'être humain peut raconter sa propre vie. Son histoire. Mais c'est impossible s'il est seul.
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Personne n'est pressé de donner des mauvaises nouvelles, et elle était persuadé qu'en ce qui concernait sa fille, elles ne seraient jamais bonnes.
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- Tu es mignon avec ces lunettes, dit-elle d'un ton moqueur.
- Quand la lumière baisse, je n'y vois plus rien... Comment veux-tu que je m'y prenne autrement ? Elles me vieillissent beaucoup ?
- Elles ne te font pas plus vieux que ton âge.
- Un jour, toi aussi tu auras mon âge, et tu trouveras pas drôle qu'une gamine se moque de ta presbytie, répliqua Santiago Baín en souriant.
Sara se tourna vers son "chef". Les rides modelaient son visage, mais ce n’était pas une question d'âge. Ou du moins pas seulement. Elles étaient là depuis que Sara le connaissait et, tout bien réfléchi, elle se rappela que la première image qui lui était venue en voyant l'inspecteur Baín pétri de rides, c’était celle d'un pois chiche.
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