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Citations sur La Passion de Hallâj : Coffret en 4 volumes (4)

Ibn Rushd (Averroès) (m. 595/1198). – l’Hostilité d’Ibn Rushd, cadi des cadis mâlikite en même temps qu’aristotélicien insigne, à l’égard de la mystique, est connue ; et nous avons vu qu’un des motifs de son animosité envers Ghazâlî est « qu’il avait voulu excuser Hallâj ». Cependant, dans son tahâfut al-tahâfut, au chap. XIII, on rencontre ce curieux passage, à propos de la science divine cause des créatures : « les créatures ont donc deux existences (wujûdâni) », l’une supérieure ( = dans la science de Dieu), l’autre inférieure (ici-bas), et la supérieure est cause de l’inférieure ; c’est pourquoi les (philosophes) anciens ont dit « le Créateur est la création toute entière, Il en est le bienfaiteur et l’agent » ; et c’est le sens de la parole des maîtres sûfîs ( = Hallâj, suivi par Ghazâlî) : « lâ huwa illâ Huwa », « il n’y a d’il que Lui ». Et il ajoute que cette formule est pour ceux-là dont la science est solide, qu’elle ne figure pas dans l’enseignement du droit canon, et ne doit être révélée qu’à ceux qui en sont dignes. (tome II, p. 433)
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Ahmad Sirhindî (m. 1031), à la fois canoniste hanafite éminent, et chef des Naqshbandî du N. de l’Inde, disciple de Semnânî (wahdat al-shuhûd ; échelle des couleurs perçues en extase), persécuté à la fin de sa vie par certains conseilleurs shî’ites de l’empereur Jihangir, a laissé deux avis juridiques motivés en faveur de Hallâj :

I. (II, 72 : réponse à Mhd. Sâdiq-b-Hâjj Mhd. Mu’min = 44e lettre) : « En disant ‘’Anâ’l-Haqq, Hy.-b-Mansûr Hallâj n’a pas eu l’intention de dire ‘’Anâ Haqq’’ ( = je suis Dieu), unifié avec Dieu, impiété qui lui eût mérité la mort ; le véritable sens de la parole est ‘’je suis néant (ma’dûm) et celui qui est (mawjûd), c’est Dieu… la silhouette d’ombre projetée a cessé d’apparaître hors de la personne divine qui l’a projetée…’’ tant son amour pour cette personne étant grand… les choses, selon les sûfis, sont des miroirs des apparitions divines, et non Son essence… le monde n’est pas un simple fantôme de l’imagination (comparaison de l’image reflétée dans le miroir ; du cercle décrit par un point mobile – objection du cadi Jalâl Agri : la réalité est une ou multiple ; une, selon les sûfîs, ou multiple, selon la Loi ? – réponse : ce n’est pas un dilemme, c’est le contraste coexiste entre le sens propre et la métaphore qui est multiple). » (tome II, p. 293)
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Voulant caractériser l’âme de Hallâj, Ferîd ’Attâr l’appelle ainsi : « ce combattant tué par Dieu à la guerre sainte…, ce guerrier intrépide et sincère ». Kîlânî dit : « il se posta comme un brigand, un coupeur de routes sur la voie du désir ‘’qui déroba la perle du mystère de l’amour’’ ».

Cet élan militant, cette véhémence passionnée semblent bien effectivement le fond du caractère hallagien. Un historien contemporain, hostile, Ibn Abî Tâhir, l’avait indiqué, disant que Hallâj « se montrait audacieux devant les sultans… méditant le renversement des états… ». Plus profondément, Ibn Abî’l-Khayr dit que la mort sur le gibet de Hallâj est le privilège des héros ; Nasrabadhî avait dit : « s’il y a un amour qui interdit de verser le sang, il y a un autre amour qui l’exige, par les épées de l’amour, ce qui est le degré suprême ».
(…)
A la Mekke, durant ses trois séjours, puis aux marches frontières de l’Islam, chez les Hindous et les Turcs, Hallâj intègre son véhément élan ascétique dans la symbolique si profondément musulmane de deux des préceptes fondamentaux de l’Islam : le Hajj (pèlerinage à la Mekke), et le Jihâd (guerre sainte).
(…)
« le jihâd de l’âme, pour les pénitents, c’est d’être tué par l’épée du désir, gisant au seuil de l’humilité ; le jihâd du cœur, pour les ascètes, c’est d’être tué par l’épée de la vigilance et du regret, gisant au seuil de la réconciliation ; le jihâd de l’intellect, pour les amants, c’est d’être tué par l’épée de l’attirance, gisant sur le seuil de la coquetterie et de la générosité… ». C’est une certaine manière de se heurter à Dieu que Hallâj va chercher au front lointain de l’apostolat.

Mais auparavant sa méditation s’était concentrée sur le thème final de la mort violente du mujâhid, durant ses trois séjours à la Mekke, en participant aux rites du Hajj dont la minute culminante, le 9 de dhû’lhijja, s célèbre à ‘Arafât, au mawqif du jabal al-Rahma, à la Waqfa de la prière du ‘asr : lorsque toute la multitude des pèlerins, debout, se recueille, pour offrir le sacrifice des moutons qui sont tués le lendemain en vue du pardon de tous, présents et absents, dans la Communauté musulmane, prie deux rak’a seulement, écoute une khutba, et chante la talbîya.
(…)
Elle prend ainsi la valeur d’une prière d’offrande, avant le sacrifice, comme à la Waqfa de ‘Arafât ; ici, avant la fin de son martyr par le glaive. De même le poème hallagien « Yâ lâ’imî fî hawâhu » :

« s’ils offrent en sacrifice les agneaux, moi j’offre mon cœur et mon sang » (tome II, pp. 92-95)
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Comme Abû Hamza, Nûrî [Ibn al-Baghawî, 225-295] enseigne qu’il faut discerner un appel de Dieu en tout phénomène, en tout événement qui secoue notre attention et lui répondre « labbayka », « à Tes ordres » ; et il préfère le dire quand un chien aboie, plutôt que quand un muezzin insouciant appelle à la prière.
(...)
Nûrî est le premier à avoir prêché l'amour pur (mahabba), la ferveur passionnée que le fidèle doit apporter (sans espoir de récompense) à la pratique du culte ; il accentua même, après Sarî, la notion du désir (ishq) que Dieu inspire à l'âme fervente ; c'était s'acheminer vers la thèse hallagienne de l'union à Dieu par l'amour." (tome I, pp. 121-122)
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