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Critique de Alfaric


Attention le shaman amérindien Misquamacus est de retour pour nous jouer de mauvais tours ! C'est par un pur hasard que j'ai débuté la saga "Manitou" par le tome 5 intitulé "Peur aveugle".
Cela n'a pas été un problème du tout, puisque que les évènements et les personnages des tomes précédents nous sont présentés de manière simple mais efficace au fil des réflexions et des tirades d'Harry Erskine. de ce point de vue c'est assez bien fichu.

Mais on est plus dans le film catastrophe que dans le livre d'horreur avec tous ces accidents d'avions et d'hélicoptère, ces carambolages et ses scènes de pillages… Ce livre d'horreur est plutôt facile d'accès et du coup assez grand public. Je ne sais pas si c'est l'auteur ou le traducteur qui a lâché le plus de lest, mais c'est nettement plus soft que "Tengu". le cul se limite aux remarques grivoises d'Harry Erskine, et le gore plus discret qu'à l'accoutumée emprunte ici à l'imaginaire de Clive Barker (l'écorchage, les fusions de corps, le Géant-Tonnerre… sont présents dans "Les Livres de sang"). Difficile ne pas y voir un hommage d'un maître de l'horreur à un autre, d'autant plus qu'on emprunte pour le background à la mythologie lovecraftienne (Misquamacus doit ses fabuleux pouvoirs aux Grands Anciens et porte un pendentif représentant Cthulhu).

C'est bien rythmé : c'est assez difficile de s'ennuyer. Mais j'ai retrouvé le défaut de la structure en POV très (trop ?) dispersés avec le récit à la 1ère personne d'Harry Erskine le voyant charlatan, et les récits à la 3e personne de Tyler Jones le cascadeur, rejoint par Tina Freedy la journaliste du L.A. Time (qui ne sert à rien), de Jasmine la camionneuse, rejointe par Ammy l'adepte de la Santeria (qui ne sert presque à rien), le Président des Etats-Unis d'Amérique (que tout le monde croit fou mais qui est peut-être le personnage le plus lucide du roman), et des 4 geeks des Empereurs TI. Les points de vue sont discontinus, donnant un sentiment d'hétérogénéité, et se rejoignent de manière un peu trop forcée. Et une fois les protagonistes réunis, le dénouement s'avère être quand même un beau bordel avec le Géant-Tonnerre, les Tueurs-Yeux, les fantômes des tuniques bleues, un sacrifice héroïque et la résurrection de Celui Qui Etait Parti Et Qui est Revenu.

Mine de rien on apprend pas mal de choses sur l'histoire et la culture amérindienne. le récit de la révolte des Pueblos et l'invasion d'une colonie espagnole par les Tueurs Yeux aurait pu à lui seul être l'objet d'un excellent western horrifique.
Car une fois de plus l'auteur anglais ne se gêne pas pour explorer les pages peu glorieuses de l'histoire américaine, et même s'il ne prend pas véritablement parti sait se montrer néanmoins assez critique. C'est assez savoureux que les WASP qui ont péché par égoïsme aient comme seule porte de sortie pour échapper à la malédiction de Misquamacus l'altruisme. Quelque part c'est un sympathique message humaniste !
Les agréables références culture populaire disséminées dans le roman font toujours plaisir à un populares comme moi et j'accroche bien à l'humour de l'auteur : le héros finalement ne sert à rien à part distiller quelques bons mots et quelques bonnes blagues, n'étant là qu'au bon endroit au bon moment pour porter le coup de grâce. C'est Amélia Crusoe qui fait tout le boulot aidé par le fantôme de Singing Rock puis le Docteur Snow, et même elle se fait voler la vedette par Tyler Jones qui se la joue "Shadow of the Colossus".

Bref on est quand même au-delà d'un discours embrouillé et confus et c'est un peu fort de café de le qualifier de passe-temps moyen réservé aux aficionados de littérature fantastique. Car ici encore on sent l'histoire qui ferait une adaptation cinématographique du tonnerre.
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