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3,45

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La ville devient terrifiante : les explosions, les sirènes ; la guerre en plein Paname et l'horreur en escalade. C'est ainsi que Sitam, jeune homme fou de littérature et d'angoisse humaine, et la môme Capu, une amoureuse sans toit, partent de la capitale pour une odyssée. Leur odyssée ; ensemble, précaire, au travers de l'Europe…

C'est un voyage, une éphémère merveilleuse, une urgence humaine, qui mène au bout de la nuit. Sous les ciels pourpres et roses du matin, où les nuages semblent des bulles de rêves, et sur les routes du Continent, là où les espoirs du meilleur chahutent le réel.

Sitam a vingt-quatre ans, sorti de la banlieue parisienne - la « grisâtre ». Ce Paris l'oppresse, comme un monstre de chaire grise, frappé par les attentats.
Sitam est un peu artiste, un peu utopiste. D'errance, le voyage se transforme ; et le désir de littérature, une brusque brise.

La môme Capu est une amoureuse, une belle de joie, une fougue de vie. La môme Capu est en fuite, de soi-même et des autres.

L'Europe vacille. Les mondes tanguent. Alors, fuir, partir, recommencer.

K.O. est une sorte de chaos ; comme une peinture contemporaine, rythmique et poétique, où les images de couleurs et de colère sonnent comme une audace de vérité.
Une urgence. de vivre, face aux tréfonds des âmes humaines, d'une société, d'un monde, et d'espérance, et de résilience.

Alors certes, il ne se passe pas beaucoup de choses dans les quelque deux cents pages de ce roman. L'intrigue est douce, calme, immobile, dans une langue mi-vive.

C'est un premier roman, où l'essentiel vient à parler de l'absolu de vivre avant de mourir. Comme un rythme de jazz - original, rapide et surprenant.
Un premier roman claque et choc, où se mêlent le hasard et la rupture, la jeunesse et la musique.
Mathis Hector est intime et libre. Et, finalement, il nous emporte.
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Le titre est accrocheur, le quatrième de couverture déchire au plus profond de votre chair une blessure violente, tous ces ingrédients sont un mélange fort détonnant pour capter l'attention et bouleverser les émotions, je chute avec l'auteur en lisant ce premier roman d'Hector Mathis avec K.O. Édite en 2018, la genèse de ce livre vient du parcours de l'auteur et du paysage qui peint son existence, deux actes importants s'unissent pour cracher ce bouquin à la gueule des écorchés et des survivants. Hector Mathis est un jeune homme écrivain rattrapé par la maladie, son médicament est l'écriture, une thérapie, non, un besoin inné d'écrire. Les attentats sur Paris sont son quotidien comme la banlieue, il est de cette génération de Charlie et Les misérables, le magazine satirique et le film récompensé au festival de Cannes. Ce roman transpire l'auteur de tous ses pores, il ruisselle cette humeur fragile et explosive, une émotion dans la rupture du corps et de l'esprit voguant sur le chemin des mots et de son roman-enfant.
L'atmosphère du roman est celui d'un monde morcelé par des attentats dans différentes villes d'Europe, où les fusillades continuent sur Paris, où notre narrateur perdu dans le fantastique au-delà du moderne se cache des autres, rencontre avec le magnifique, le fameux Archibald, un prêt-nom qui lui va bien, anonyme des autres, cet invisible des rues, un clochard à la verve sourde devant cette gare grise, de cette banlieue qui se fissure, cet homme représente un vestige en voie d'extinction, Hector Mathis avec ce personnage, catalyseur de la narration de Sitam, exprime une oralité plutôt singulière, avec une familiarité prosaïque, basculant le roman vers une modernité à la mode, mais mise à part cet aparté, l'écriture est rythmée, des phrases courtes, beaucoup d'aphorismes, une certaine mélodie saccadée, des coups poings musicaux, à la sonorité vive, d'un jazz qu'il aime, comme un certain Boris Vian. Au-delà de cette écriture saignante, Hector Mathis a craché d'un seul jet ce livre en un temps très court, d'un mois, emportant avec lui toutes les humeurs qui l'habitaient, distillant au forceps la puissance bruts du mal qui ronge son corps et cette passion de la musique caressant l'harmonie de sa prose avec passion.
J'avoue avoir eu une déception après avoir fini K.O, je ne peux pas vous dire pourquoi, comme un manque, du déjà lu, pourtant la lecture était captivante, avec de beaux moments de littérature, des personnages marginaux ou banaux selon la conception de la société que nous avons, une trame simple, le parcours d'un homme qui fuit une capitale meurtrie par une guerre sans la guerre, d'une occupation sans ennemie, il fuit aussi la brutalité passionnelle, témoin de la violence sauvage entre deux êtres qui se séparent, l'un son ami d'enfance volant sa maitresse ivrogne, patronne du bar qui les emploie et celle de la maladie incurable. Et sa petite amie, la môme Capu, l'accompagne dans sa cavalcade vers des territoires inconnus, prenant le train, le seul qui aille les mener vers la grisaille, et l'amener vers son ami d'enfance Ben, travaillant dans un bar.
Cette fuite, Sitam la personnifie dans ce projet d'écrire, il hésite, il raconte cette évasion de sa vie, l'abandon de son amoureuse, de son ami Ben, de ses collègues de travail, de sa vie actuelle pour vivre sa maladie avec un croque-poussière, l'écouter pourfendre la société gangrénée par cette bourgeoisie se diffusant dans toutes les classes sociales, le vieux se meurt de sa fille qu'il ne voit plus, de la maladie qui le sauve de sa petite mort, de l'invisibilité qu'il devient. J'aime beaucoup ce personnage d'Archibald, comme le jeu des charades, jonglant avec les mots, une petite gymnastique cérébrale, Hector aime les mots et s'en amuse.
K.O trouvera ces lecteurs, je sais qu'Hector Mathis a publié Carnaval, début août 2020, une suite qui peut être lu indépendamment de l'autre, Sitam va poursuivre son cheminement avec ce deuxième roman, Hector Mathis façonne avec beaucoup d'émotion et de justesse, cette vie dans laquelle Sitam chute vers une solitude inspiratrice de réflexion existentialiste.
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Les pérégrinations de Sitam, dans lesquelles est embarqué d'office le lecteur, disent d'abord que « Ailleurs » commence à notre porte. Pas besoin d'exotisme. On est interpellé d'office par cet univers de « grisâtre, où le fantastique tutoie le désespoir ». J'ai très envie de penser que l'auteur, qui se découvre malade l'année même de la tuerie du Bataclan, a mis beaucoup de lui-même dans ce garçon dont l'acharnement à écrire est la principale attache à la vie. La quête d'une sorte de bonheur fait de tout autre chose que de réussite sociale et de sérénité. Un empathie immédiate découle de cette indéfectible solidarité entre ces femmes et ces hommes qui ont en partage de croire dur comme fer dans la musique et dans les mots : « notre seule chance d'échapper aux petites destinées sans saveurs, c'est la musique….On n'est rien que des pauvres notes….Et malgré ça, une fois que tout a foutu le camp, il ne reste plus que la musique. La vie, ce n'est qu'une foutue partition pour détraqués ».
Sont-ils vraiment détraqués, Sitam, Benji, la Capu, Archibald, tous les autres ? Pas si sûr.
En tout cas, un très beauu livre.

"k.o." est l'un des dix livres proposés par les bibliothécaires de l'agglomération de MANOSQUE pour la première sélection du prix des lecteurs 2020

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Surprenant d'abord, K.O est un livre au rythme à la fois oppressant, nerveux et musical.
C'est dans une ambiance de fin du monde que Sitam entame une course poursuite avec la mort, avec comme seuls alliés la littérature et le jazz.
Hector Mathis emprunte la plume de Céline et nous embarque de façon poétique dans une dystopie où règne le chaos.
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Rien de bien original à découvrir la vie de Sitam qui traîne dans Paris aux côtés de sa petite amie Capu et qu'il surnomme la môme. le contexte est sombre car on est à l'époque des attentats notamment celui de novembre 2015. On découvre le thème de la Fuite en trame de fond et on se demande bien comment celle-ci sera vécue par notre personnage.
J'ai pu découvrir une écriture fine et ciselée ce qui donne du rythme au roman mais je n'ai pas été réellement transportée par le récit, tout m'a paru sombre et glauque et le personnage m'a fait songer à l'alter ego qui prend le relais de la personne pour mieux la diriger voire empirer son destin sans qu'elle puisse assumer ses responsabilités.
Bref, ce fut un roman court, intense et pour lequel mon avis reste encore mitigé.
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J'ai vraiment failli refermer ce livre au bout de quelques pages, désagréablement impressionnée par le style - kalachnikov, des mots et expressions qui me semblaient abscons et une totale absence d'envie de m'immerger dans une eau qui ne m'apporterait rien. Croyais-je. En fait j'étais surtout déstabilisée par le choc de passer du Quattrocento à la « grisâtre », c'est-à-dire la banlieue populaire qui entoure Paris.

Heureusement, laissant de côté les Italiens de Florence, j'ai continué ma lecture. Et bien m'en a pris !

le personnage qui raconte, c'est Sitam, (Mathis, évidemment en verlan), rappeur amateur de jazz et surtout de mots et d'écriture. Son discours s'adresse à Archibald, clochard crachoteur de sang qui ne doit plus en avoir pour longtemps.

Sitam ne supporte plus très bien sa vie morose en banlieue et c'est finalement grâce à son copain Ben que l'occasion lui est donné de partir. N'importe où, lui dit Capu, sa copine, pourvu qu'on n'y parle pas français, car selon elle, les mots, c'est ce qui tue.

Ben ayant disjoncté « grave » en essayant de cambrioler sa patronne tenancière de bar - par ailleurs raide dingue de lui - il a été blessé par l'amoureuse dépitée. Et les copains Sitam et Capu de partir à Amsterdam, se refaire une vie.
Sitam aime les mots, il joue avec : « je fignole, je sculpte, j'écroule la matière en trop, c'est une question de légèreté. », dit-il. Aux Pays-Bas, seuls locuteur francophone avec sa copine, il prend du recul par rapport à sa langue: « C'est drôle comme on apprend de la vie aux côtés des malades, de la marche auprès des hémiplégiques, et de la langue avec les étrangers. »

Mais le sort ne lui est pas tendre : à 22 ans, il découvre qu'il perd la vue d'un oeil, que ses jambes bientôt ne répondront plus. A l'hôpital on diagnostique une maladie auto-immune rare ; à moins de se piquer chaque soir, il va devenir aveugle et infirme. Voulant épargner cela à Capu, il retourne en France, tout près d'un château de banlieue auprès duquel vit le clochard Archibald, dont les poumons s'effilochent chaque jour un peu plus. Et enfin, il parle, il raconte son histoire, ses rêves d'auteur, sa musique, son amoureuse.

K.O. est le roman d'un parcours chaotique à la découverte de l'écriture, de la musique, des sentiments, sur le chemin d'une construction laborieuse et courageuse, entre clairvoyance et désespoir. C'est aussi un regard acéré et sans concession sur ce qui fait notre quotidien, sans rêves, sans logique, sans vision à long terme. Pas très gai...On espère juste que l'auteur,qui fut réellement malade aussi, recouvre à la fois la santé et le désir d'être. Quoi qu'il en dise, la vie n'est pas seulement « une foutue partition pour détraqués. »

En tous cas, moi, je ne regrette pas de m'être accrochée et de l'avoir lu jusqu'au bout !
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Roman de la solitude, de la débrouille, de la pauvreté, du désespoir. Mais aussi de l'amitié, de la solidarité avec ces laissés –pour-compte qui deviennent des marginaux. Un couple qui fuit une ville d'attentats. J'ai aimé l'écriture façon Slam, mais j'ai trouvé l'histoire un peu juste qui m'a laissée en lisière. Jeune auteur prometteur, je pense.
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Etrange texte que j'ai découvert grâce aux fées des 68premièresfois. le narrateur nous trimbale dans son histoire. Sitam raconte sa vie à Archibald, un clochard qui l'écoute. On va alors rencontrer son amour, la Môme Capu, son ami d'enfance, Benji, le petit Max, le boulanger français installé à Amsterdam qui collectionne dans un cahier les châteaux, Lariol, faiseur de charades... Ce texte est le portrait de personnages poétiques, fantasques, sont ils réels ou dans l'esprit de Sitam qui tente d'écrire un roman. Avec une écriture poétique, l'auteur nous décrit l'air du temps, notre narrateur se sauve de Paris aprés les attentats et la peur ambiante, il s'installe à Amsterdam (de belles pages de cette ville "Elle est faite d'un drôle de climat, de vapeurs, de couleurs pleins de bâtiments, de lampadaires tordus, de maisons toutes fines et qui finissent en oeuvres d'art. Elles sont parfois penchées ces maisons, elles se reflètent dans l'eau entre les péniches.". J'ai aimé être trimbalée, suivre les questionnements de Sitam et les portraits de personnages en marge : que ce soit le clochard, la jeune voisine..
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Un soir, dans la cabane du garde-chasse en bordure d'un château, au son d'un saxo joué ou imaginé par le vieux Archibald, qui tousse et écoute, écoute et tousse, le lecteur emboite le pas de Sitam. le narrateur est un jeune homme amateur de jazz, poète à ses heures – un double romancé de l'auteur peut-être ? – tout comme Sitam pourrait être un double imparfait et inversé de Mathis ?
Avant cette cabane et cette rencontre, il y a eu à Paris un logement prêté, une vie de bohème. Sitam et sa môme Capu, fauchés comme les blés, s'aiment en musique en savourant chaque seconde. Puis survient le chaos, les coups de feu, les attentats, les bombes et la ville qui bientôt pourrait se refermer sur eux. Ils partent, vite, loin, vers Grisaille, l'ancienne ville de Sitam…
Cette fuite sonne le début de leur longue marche à travers la campagne vers la zone, la banlieue, puis l'autre ville. Rejoints par Benji, amoureux fou d'une aubergiste folle, la vie passe loin du vacarme. Jusqu'au jour où… Là ce sera non pas seulement la banlieue, mais Amsterdam, une autre ville, une autre langue, un autre pays.
Au même moment, Sitam ressent d'étranges douleurs. Examens, hôpital, personnel soignant débordé, la maladie est là, sournoise, qui va le détruire peu à peu. Une fois de plus, il quitte tout.
Dans le rythme et le style du personnage principal, il y a un soupçon de la course effrénée du voyageur au bout de la nuit… Dans cette fuite, dans la maladie, la folie, la pauvreté, mais aussi la solidarité des va-nu-pieds, l'amitié, la poésie parfois. Pourtant Il m'a manqué quelque chose, un je ne sais qui qui m'aurait rendu attachants les différents personnages. Là je les ai à peine survolés, sans pouvoir réellement ni les entendre, ni les comprendre, ni les aimer ou les haïr d'ailleurs.

Dans ce texte il y a la musicalité des mots, l'écriture et la poésie, c'est rythmé et ça balance parfois comme la vie, bercé par l'éphémère et le provisoire...
Ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/14/k-o-hector-mathis/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Paris gronde de tous les côtés, ça pétarade, il est temps de quitter la ville. Sitam et Capu se lancent dans une fuite en avant dans la nuit noire, dernier train vers la grisâtre, puis en route vers Amsterdam. Avec une écriture au franc parler saisissant, Hector Mathis nous entraîne dans une échappée sans fin, où terrorisme et maladie se côtoient pour donner au récit des airs de fin du monde.

Surprenante écriture que celle-ci, musicale certes, plus proche d'un rap agressif que d'un jazz langoureux, elle nous entraîne d'abord sans qu'on comprenne vraiment où nous avons atterri. La quatrième de couverture vantait une histoire d'amour autour d'un grille-pain, nous voici coincés dans une cabane avec un vagabond. Sitam (Matis à l'envers, sans le H) raconte, avec des mots crus, balancés à la face du lecteur, son trajet infini pour échapper au monde et se dédier à la littérature. Si j'ai été impressionnée, voire même presque séduite par ce style atypique, la force de cette langue maniée avec tant d'habilité, je suis restée en dehors du livre, je n'ai pas été touchée, heurtée, bousculée, comme c'était manifestement l'intention de l'auteur. Certaines réflexions sur la maladie, et l'impact que la condition de souffrant peut avoir sur les proches, m'ont touchée mais tout est allé trop vite, je n'ai pas eu le temps de goûter la philosophie du livre, j'ai suivi aveuglément cette déambulation, laissant glisser les mots, sans les attraper. Peut-être cette lecture n'est-elle pas arrivée à un bon moment pour moi, ou peut-être que le style a pris trop d'importance par rapport au récit. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas su l'apprécier à sa juste valeur, je n'ai pas retrouvé dans ce livre toutes les belles choses qui ont été écrites par mes ami(e)s bloggeurs/ses.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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