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3,45

sur 111 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me rappelle avoir lu comme conseil dans un ouvrage intitulé "Polar : Mode d'emploi" qu'il fallait, pour un premier roman, parler d'un univers, d'un contexte que l'on connaît très bien, pour éviter d'ajouter de la difficulté, alors que le simple fait de se lancer dans l'écriture est déjà une gageure. C'est sans doute en suivant ce conseil que beaucoup de jeunes auteurs parlent un peu (beaucoup... ?) de leur vie personnelle dans leur premier roman. C'est sans doute aussi pas mal du à l'époque qui ne jure que par l'autofiction... Peut être pas exclusivement, mais c'est quand même une tendance forte.

Quand on compare la vie du personnage principal du roman et quelques éléments biographiques de l'auteur, on comprend qu'on est en face de ce genre de premier roman. C'est assez étonnant comment l'auteur glisse quelques indices plus ou moins flagrants que c'est le cas (le personnage s'appelle Sitam... Lisez ma chronique dans un miroir et vous comprendrez où je veux en venir...) et comment il tente aussi de brouiller les pistes, notamment quant au contexte spatio-temporel. Par exemple, il évoque clairement des événements s'apparentant aux attentats de Paris de 2015... mais invente une actualité où ceux-ci se généraliseraient rapidement à toute l'Europe. Ou il situe une bonne partie de son roman dans la banlieue où lui-même a grandi, mais la surnomme tout au long du récit, la grisâtre, sans jamais dire plus précisément de quel lieu il s'agit. le roman dans le roman et la mise en abyme sont plutôt bien réussis et renforcent cette identification personnage-auteur.

L'ambivalence se retrouve jusque dans le style où la langue s'apparente à un argot de titi parisien des années 50, pourtant plongé dans une époque bien contemporaine. Cela donne un récit agréablement fouillis où on goûte clairement la musicalité mais où on flotte un peu entre réel et réalité. On est trop proche de notre monde pour s'envoler vraiment, trop baroque pour arriver à vraiment s'accrocher. L'expérience est loin d'être mauvaise, c'est un produit avec des vrais morceaux de littérature à l'intérieur mais j'aurais aimé parvenir à plus m'attacher à des personnages touchants mais qui semblent parfois manquer de chair. Archibald, Capu, Benji ne semblent demander qu'à nous émouvoir mais je me suis retrouvé à un certain moment plus spectateur qu'impliqué.

Il reste de vraies jolies promesses pour un premier roman d'un tout jeune homme qu'on sent meurtri par son époque et son histoire et qui cherche encore le meilleur moyen de nous inviter dans son monde. Gageons que je pousserais sans doute à nouveau la porte de cet univers puisque deux autres livres sont venus garnir ses étagères et que j'ai bien envie de voir comment il a négocié le virage de la confirmation, en se renouvelant tout en gardant sa voix singulière.
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K.O. est une forme de chaos, un chant écrit dans l'urgence. Si ce livre était une musique, ce serait du jazz. Mais je ne sais pas pourquoi je vous parle au conditionnel, car ce livre a une musicalité. C'est du jazz, c'est peut-être cela ma première porte d'entrée dans ce roman, parce que j'aime le jazz. À d'autres moments du récit, le phrasé m'a fait penser aussi à du slam. Si j'étais Hector Mathis, son auteur, je proposerais à Grand Corps Malade de slamer son texte au hasard des rues, d'un café, d'une place au milieu de nulle part, sur le quai d'une gare, ici ou là, ou bien ailleurs sans doute, entre l'urgence de vivre et le rêve de partir toujours plus loin.
Sitam, le personnage principal, est fou de jazz et de littérature, il tombe amoureux d'une fille que l'on nomme la môme Capu. Elle dispose d'un toit provisoire, prêté par une connaissance. Tout semble provisoire ici. L'éphémère est leur quotidien, une joie folle et merveilleuse de la vie les anime...
Mais voilà que brusquement la ville explose de partout. Nous sommes à Paris, ce sont les attentats du 13 novembre 2015. Cela ressemble à une fin de monde. L'Europe bascule... Fuir, ailleurs, au loin. Alors ils décident de fuir vers Amsterdam, tandis que d'autres guerres mugissent plus loin encore, dans des paysages urbains dont la télévision délivre un écho virtuel. C'est une forme d'odyssée moderne qui commence.
Il y a donc la môme Capu, Archibald, clochard céleste, Benji. Et aussi plein d'autres personnages hauts en couleurs...
Sitam joue avec les mots, à moins que ce ne soit ceux d'Hector Mathis, son alter ego, son double. Faut-il une virtuosité de l'écriture, un sens de la musicalité des mots, pour rendre le chaos aussi beau ?
Ce texte est une fulgurance, portée par la misère et le jazz. Une étoile filante qui vient rayer la nuit de nos départs. Nous sommes toujours en partance. Lorsqu'on naît, lorsqu'on aime, lorsqu'on lit, lorsqu'on souffre, lorsqu'on meurt aussi. C'est toujours une furieuse fuite vers la nuit qui nous ressemble. Ce roman est ce voyage. Il nous le rappelle à chaque page, comme une caresse ou un coup de poing, parfois la différence n'est pas aussi flagrante, ou plutôt les deux se mélangent harmonieusement.
Il y a une beauté du monde, quelque chose de sauvage et de violent comme l'amour, de fidèle aussi. Mais la fidélité ressemble davantage à l'amitié. Alors, disons que ce roman nous parle d'amour et d'amitié à la fois. Pas facile de conjuguer ces deux sentiments parfois un peu contradictoires. Disons qu'il y a deux êtres qui s'aiment, qui brûlent, qui partent et sont merveilleusement entourés d'amis. La générosité slame dans les mots.
Il y a aussi une beauté de l'instant présent, de l'éphémère, du temps qui passe et accroche ses derniers gestes un peu comme les branches d'un arbre qui retiennent la lumière du soir avant qu'elle ne s'enfuie de l'autre côté du ciel qui brûle encore.
Parfois, le fantastique s'invite dans le texte et c'est excitant.
L'écriture d'Hector Mathis est généreuse. Les mots chantent à foison. Nous sommes dans l'errance et c'est merveilleux.
K.O. est un premier roman. Il y a forcément des failles, des maladresses, il y a aussi un embrasement qui saisit nos doigts, nos yeux, nos oreilles, notre coeur... Le corps tangue, vacille. Nous sommes habités par ce texte.
J'ai découvert que l'auteur a déjà écrit des chansons et les a écrites en banlieue. Donc, point de hasard.
Ce roman est abordé comme une partition, quelque chose qui se veut musical et qui tient à coeur l'auteur qui connaît la chanson, donc la musique. Les mots d'Hector Mathis ne doivent pas être lus dans la tranquillité, ils doivent être clamés.
Des thèmes sont abordées comme la maladie, la mort, l'amitié, la solidarité, l'époque dans laquelle nous vivons, une odyssée moderne, féroce, poétique. C'est vrai que le texte est furieusement poétique, c'est mon impression qui prédomine.
C'est un roman qui a du style, de la nervosité, de la musicalité, il est excessif, trop mais tant mieux, c'est écrit certainement dans l'urgence comme si l'auteur était pressé, non pas d'en finir mais de partir, achever une vie et passer déjà à autre chose, vous savez un peu comme Rimbaud qui annonçait déjà dans une Saison en Enfer, l'envie de passer à autre chose, ayant visité la poésie et s'en étant lassé au bout de trois ans, celle-ci n'ayant au bout du compte pas totalement répondu à son désir de partir. Il avait alors fui pour d'autres voyages. Ici, nous ne sentons pas l'auteur lassé des mots, bien au contraire. Pour autant, j'ai senti presque la même impatience...
Il y a aussi du lyrisme qui prend le temps de venir dans ce texte écrit dans l'urgence. J'aime !
Ici la nuit, la musique et la jeunesse se mêlent au chaos.
Nous en ressortons K.O.
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Et bien pour un premier roman c'est un coup de maître !
J'ai tout aimé. l'intrigue, l'ambiance, les personnages, l'écriture, le style……
On est pris du début à la fin par l'histoire de Sitam
Fuyant tous les attentats à Paris et ailleurs, il part en Hollande avec Capu, son amour.
Il écrit, voudrait publier, se lie d'amitié avec Lariol et P'tit Max, retrouve son pote de toujours, Benji.
Sa rencontre avec Archibald est très émouvante.
Tout est musique et poésie dans les lignes, tendresse et réflexion.
C'est une belle description du monde contemporain, des relations humaines, des passions et des faiblesses.
Un roman très riche et très complet.
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****

Sitam et Capu, amoureux transis, décident de fuir Paris, en proie aux violences et où les sirènes des ambulances les assourdissent. Ils vont voyager en banlieue, en Hollande, et faire de belles rencontres. Ne se quittant que pour gagner quelques billets, Sitam et Capu vivent au jour le jour. Jusqu'à ce que que Sitam fuit... sa vie, ses amis, son amour...

Voici un premier roman plus que prometteur !! Hector Mathis écrit avec talent et nous entraîne, au rythme de ses mots saccadés, dans les pas d'un homme perdu. Généreux et altruiste, Sitam est un écrivain en devenir, qui ne veut pas lire la pitié ou le désespoir dans les yeux de ses proches. Au risque de devoir supporter une solitude bien lourde...
Il est rare d'entendre les mots qu'on lit. Ici, la musique rythmé les pages, les phrases et nos émotions...

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet Chastel pour leur confiance... ainsi qu'aux 68 premières fois qui devraient faire voyager loin ce très beau roman...
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Voyage au bout de l'écrit

Hector Mathis. Retenez bien ce nom qui pourrait se révéler comme l'une des révélations de cette rentrée. Sur les pas d'un vagabond, il nous entraîne dans une odyssée dramatique et somptueuse.

Ce qui frappe d'abord à la découverte de ce premier roman, c'est le style, entre gouaille populaire et langue parlée, entre slam et néo-classique. Pour le coup, les libraires oeuvrant pour le magazine PAGE m'ont sans doute pas beaucoup débattu avant de sélectionner ce livre pour leur Prix du style qui sera remis le 20 novembre prochain.
Hector Mathis choisit de nous entraîner sur les pas de Sitam, un jeune SDF, à qui il confie le soin de nous livrer sa vision du monde qui, on l'imagine, est loin d'être joyeuse. Aux côtés d'Archibald, toute sa fortune peut se résumer en quelques « conserves poussiéreuses, une bouilloire cabossée, une casserole et un réchaud. À peine de quoi entretenir un mourant. »
Cependant, si ce nouveau Boudu n'est pas sauvé des eaux, il va aussi avoir droit à une rencontre déterminante pour son avenir, celle de la môme Capu avec laquelle il voit pouvoir regarder le ciel virer du gris au rose, partager son amour du jazz et de la littérature…
Mais le bonheur n'est que de courte durée, car un sombre climat s'installe dans la ville. « Voilà que la terreur débarquait au coin de la rue. Que tout son jus se déversait en flots ininterrompus dans les artères de l'arrondissement. le compteur à cadavres s'affolait de plus en plus. Les chiffres grimpaient sur l'écran. L'anéantissement trouvait sa jauge. Sa ligne graphique. Et nous étions aux premières loges. « Ça me débecte tout ça ! que je lui ai d'abord dit à la môme Capu. Tout est tellement dégueulasse que j'arrive plus à penser. Elle a qu'une envie l'humanité, retourner dans la boucherie. Maintenant qu'elle a bien dansé, elle veut s'amuser comme les parents. de la chair, des nouvelles recettes, saignantes, à point, crues de chez crues ! » Et si l'on tient un peu à la vie, la meilleure des choses est de fuir ce chaos pour essayer de reconstruire quelque chose et oublier les chocs, les traumatismes passés.
Pour Sitam, le voyage vers les Pays-Bas est aussi un retour aux sources. Dans son pays natal, il trouve assez vite un emploi dans un restaurant et de nouvelles perspectives aux côtés de son collègue et ami Benji, amoureux transi de la patronne. Mais une fois encore, dès que le ciel se dégage un nouveau coup de tonnerre vient mettre à néant les efforts consentis. Un coup de tonnerre au goût de sang. « Moi, je me disais juste que la patronne c'était une dégueulasse, qu'elle avait eu ce qu'elle voulait, du drame jusque dans la vie des autres et que comme ça elle était bien heureuse, parce que la mort maintenant c'était pour tout le monde et pas que pour elle… »
On the road again…
Reparti sur les routes pour se sauver de la mort, notre « héros » aussi tenter de se construire un avenir en alignant les mots et les phrases sur le papier, à essayer de transcender son voyage au bout de la nuit : « Je traquais mon roman, ma musique, partout, à travers les routes, dans la grisâtre, seul, avec Benji, sans lui. J'en avais trop. Fallait que j'écrive ! Que je m'y risque ! À jouer un air désagréable pour l'époque. À enfoncer la vingtaine ! À retenter l'enfance, cette infidèle. Ce corbillard d'imaginaire ! Fallait bien de la discipline pour préparer l'encéphale à fabriquer de la chair d'inconnu, des châteaux de boue, des viandes de chimères. »
Entre Céline et le Mars de Fritz Zorn, notamment pour la maladie qui ronge lentement Sita, Hector Mathis a su trouver sa propre voix. Une voix que nous ne sommes pas près d'oublier !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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C'est un roman construit comme un road-movie entre Paris et Amsterdam, qui swingue alors qu'autour de la môme Capu et de Sitam le feu d'artifice des attentats bat son plein. Un itinéraire de vie qui "n'est qu'une foutue partition pour détraqués" avec la maladie au carrefour.

Ecrit à la première personne avec un héros auquel il manque un "h" pour s'appeler comme l'auteur Mathis en miroir.
Le narrateur se met à l'écriture avec le ska en référence. D'ailleurs, s'il se relit, c'est pour servir le tempo et éviter les fausses notes comme l'auteur devait le faire lorsqu'il écrivait des chansons.

Certains parlent de slam (qui veut dire "claque") d'autres de Céline... à cause des phrases courtes, éructées comme des uppercuts qui vous mettent parfois k.o.
Mais ni les accents céliniens, ni la noirceur de la vie ne sont suffisants pour apprécier ce premier roman un peu autocentré qui plaira peut-être plus aux jeunes amateurs de styles de musiques que je n'affectionne guère ( slam, rap, R'n'B et consort).
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Une écriture dévorante à vous mettre KO.
 "Le vent flotte et la lumière s'épuise, le froid dévore tout. j'agite une pensée de fortune", écrit page 9 Hector Mathis aux premiers pas de son premier roman "KO".

Dans ce décor désenchanté, s'accumulent de sombres nuages, une cabane à peine vivable, humide, vestige d'un cabanon de chasse, qui sert de gîte à un noble hors d'age, Archibald, lui ne respire que sur un seul piston, son instrument ne répond presque plus aux swings de ses mains, son poumon chuinte des croches.

Le roman est un récit, celui d'une trop longue escapade, faite de mauvaises rencontres aux funestes retombées, le salut viendra chaque fois d'un inaltérable instinct, de la fuite.
Quand Sitam au bout de lui même ouvre la porte du repère du vieux Jazz-man, c'est un dernier sursaut qu'il semble dresser, un dernier assaut à dresser contre sa maladie.

le calepin qu'il tient dans les mains ne contient aucune adresse qui puisse le guérir, mais une seule adresse pour confier tous ses feuillets à Lariol pour être édité.

En toile de fond c'est un peu Jack Kerrouac, que l'on suit, dans une version banlieusarde de Paname. Céline n'est pas loin non plus. Ces parrainages illustrent l'ardeur de Mathis à se construire son propre tempo.
L'histoire de Sitam et Capu méritait une intrigue plus ample, plus cabossée. Néanmoins cette cavale en 309 a de l'allure. "Ces coups de feu et ces bagnoles à toute berzingue", page29, me replongent dans un argot au charme désuet.

Le cœur du roman, a pour nom Urgence, de peur que le cœur ne lâche, de peur de ne pas réussir à boucler ces 200 pages, qui égrènent la vie au jour le jour de Sitam.

Survivre pour Hector Mathis c'est écrire dans l’instantané, cette nécessité de l'écriture qui seule porte son héros et lui permet de tenir car il faut tenir pour écrire 200 pages sur sa propre détresse.

Quand il avance dans ces jours sombres avec Capu ou avec Benji, ce sont les mots qui avancent en échos et qui, comme sur un magnétophone transcrivent au fil des heures les événements,  "je me retournais toutes les minutes. Je voyais les gyrophares fouetter les façades, gifler la vitrine du canon de la vieille ville. Il va s'en tirer, j'en suis sûr il va s'en tirer, oui n'en fais pas trop."


La maladie guette l'écrivain, certains en deviennent malades de l'écriture, il n'y a pas assez de lecteurs, pas même assez d'un éditeur, et d'autres écrivains qui sont au bout de leur sommeil, et qui trouvent encore l'énergie du vagabond.
Il médite page 27, "le feu chuchote encore, il murmure des berceuses. Archibald est tout au fond du songe. Et moi l'entre-deux me gagne. Les paupières sont lourdes. J'ai tout dans la caboche. Des pellicules à n'en plus finir."

Page 153 la réflexion se fait plus noire, "Les ongles remplacent la plume. La littérature c'est l'antichambre de la mort. La mort celle de l'absolu."

L'écrivain cherche à griller les étapes en trompant l'ordre des choses pour aller chatouiller l'infini.

Entre deux "Euchch euchch" d'Archibald, Sitam avoue philosopher comme une espadrille et nous lecteurs on n'a pas envie de le lâcher, surtout pas, lui éviter de faire une dernière connerie.

C'est un très beau roman cette grande fête foraine des horreurs, c'est la grand fête pour ce nouveau talent, avec sa verve à vous mettre KO... J'en ai saupoudré mon propos, par gourmandise, tenez ces mots : "pour traquer la beauté il faut beaucoup de silence, page162 , dans ce cabanon çà suintait le silence."
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"Un roman c'est un ballet, la musique emporte tout et la musique c'est les mots ! On y croise des visages et des silhouettes. Les personnages dansent une chorégraphie qu'ils pensent être la leur, mais en vérité il n'y a que la musique, tout le reste est en fonction, rien n'existe en dehors d'elle. Ils obéissent, voilà tout ! Pour faire résonner la mélodie j'avais des tonnes de mots à faire valser, chuter dans les variations, escalader les clés, les triolets, en percutant les accords jusqu'à la dissonance. Comme le jazz. Tout pareil !"

Et en effet, ça swingue, ça percute, ça dissone ce premier roman. Ça surprend d'abord, soyons honnête, pendant les trente premières pages on se demande dans quoi on est tombé avec ce rythme oppressant, cette langue qui prend ses aises sans aucune précaution vis à vis du lecteur. Qui est donc ce narrateur, abrité dans les dépendances d'un château désaffecté avec un clochard mourant nommé Archibald ? Que fuit-il exactement ? C'est l'objet de l'histoire qu'il raconte à Archibald. C'est une histoire d'urgence, habitée par la colère. L'histoire d'un homme qui tente de fuir la mort, matérialisée par les attentats qui mutilent les capitales européennes, qui trouve refuge à Amsterdam avec sa petite amie, et apprend à jouer avec les mots au contact d'un français, chef d'équipe de l'imprimerie dans laquelle il a trouvé à s'employer. Les mots qu'il avait déjà pour ambition d'assembler pour en faire un roman. Mais pas le temps de souffler. La mort revient cogner à sa porte et cette fois, c'est lui qui est directement visé. L'intrus est dans son propre corps. Désormais, l'urgence le hante.

On ne peut pas rester indifférent à la violence qui se dégage de ce roman, façon d'extérioriser une colère qu'on ne sait plus très bien contre qui diriger. Ce monde qui a perdu le nord ? le destin qui condamne au hasard et de façon irrémédiable un homme dans la vingtaine ?

"Ma colère. Éjaculation du mauvais sang ! La jouissance de l'insupportable. Dire des mots plus hauts que soi c'est ce qui donne de l'élégance à la médiocrité, de l'épaisseur aux raccourcis".

Il y a une force incroyable dans ce langage à la fois direct, inventif et sans concession, dans cette tonalité syncopée qui ne laisse pas respirer. Ces mots qui cognent, au sens propre comme au figuré et finissent par prendre aux tripes lorsque le lecteur comprend enfin les sensations qui motivent colère et urgence. Oui, c'est un texte singulier, dans lequel on ne se lasse pas de piocher, de souligner, de noter des phrases qui font écho et interpellent. Mais également un texte qui célèbre la littérature, l'amitié et le jazz, comme une façon de garder espoir malgré tout. Pour moi, l'un des premiers romans marquants de cette rentrée, sans aucun doute.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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K.O. de Hector Mathis est un roman de la rentrée littéraire découvert grâce aux éditions Buchet-Chastel et à net galley.
J'ai pris plaisir à suivre Sitam, jeune homme fou de jazz et de littérature ainsi que la môme Capu, son amoureuse. Ils vivent quelques premiers jours merveilleux mais un soir, sirènes, explosions, coups de feu, policiers et militaires envahissent la capitale.
La ville devient terrifiante...
Alors, ils montent in extremis dans le dernier train de nuit en partance. Direction la zone - 'la grisâtre', le pays natal de Sitam. C'est le début de leur odyssée. Ensemble ils vont traverser la banlieue, l'Europe et la précarité...
K.O. est un roman court mais percutant. Des phrases courtes, un style incisif qui donnent un premier roman.. qui m'a mise K.O :)
Je l'ai lu d'une traite, et je ne suis pas sure d'avoir vraiment respiré entre la première et la dernière page :) Impossible de lâcher ma lecture, les phrases courtes font que l'auteur m'a embarqué avec lui et ses personnages.
Je suis ressortie de ce roman... rincée :) Je l'ai terminé hier et il m'a fallut le digérer un peu pour vous le présenter.
Je n'en dirais d'ailleurs pas plus car c'est un ouvrage qui se lit, il est hyper compliqué de le raconter.
Mais vraiment, c'est une bonne surprise de cette rentrée littéraire et Hector Mathis est un auteur prometteur :)
Je mets avec plaisir quatre étoiles.
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K.O ou chaos?
Le livre commence un peu de cette façon. Attentats. le monde s'embrase... Sitam fuit avec Capu. Il retourne vers sa banlieue grise, fuyant cette ville devenue hystérique.
J'ai eu peur de lire un énième livre sur les attentats. "Survivre" m'avait fortement bousculée et je ne voulais pas revivre encore cela.
Je suis entrée doucement dans cette histoire, peinant un peu au début. Et puis au fil des rencontres on s'attache aux personnages, à cette histoire qui se veut réflexion et dont les mots vibrent fortement. de loin en loin on se replonge dans le K.O, ce monde qui va peut-être finir par basculer alors qu'ailleurs on a l'impression qu'il ne se passe rien ou presque. Juste l'histoire de Sitam et de ses drôles de "potes".
Au milieu du roman j'ai cru comprendre que Sitam c'était Mathis, lui qui s'escrime à écrire. Mise en abyme intéressante. Ah ces feuillets rangés dans des poches plastiques. Ensuite il y a la maladie qui touche notre héros...Quelle est la part d'Hector Mathis dans ce Sitam?
Un roman foisonnant, c'est possible ça en 200 pages? Oui visiblement. J'ai eu peur de m'ennuyer et j'ai accroché aux mots, aux descriptions. Les phrases sont belles, l'écriture rapide mais pas sèche.
Un beau premier roman dont il faut savourer les mots, une vision du monde assez pessimiste mais touchante.
J'aurais tant voulu comme Sitam à cette fin, j'y ai cru même mais....
" La vie n'est qu'une foutue partition pour détraqués"
Un premier roman fort et puissant, original et poignant.

Merci à Babelio et à Buchet°Chastel pour cet envoi.






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