AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Marpesse


Un roman comme je les aime ! Depuis au moins quinze ans, ce livre attendait d'être lu. Déjà en première, j'avais été attirée par ce titre.

Roman gothique du XIXème siècle, tous les ingrédients sont réunis : des moines, des religieuses, des caveaux, des histoires d'amour, des rebondissements, des récits enchâssés, de l'humour – chose plutôt étonnante dans un roman noir.

Au début, Antonia et sa tante Léonella assistent à une messe durant laquelle a lieu le prêche d'un moine de trente ans extrêmement révéré. Elles font la connaissance de deux chevaliers, Don Lorenzo et Don Christoval qui apprennent qu'Antonia, âgée de quinze ans, et venue avec sa mère à Madrid pour demander au fils de son beau-père de lui attribuer une pension. Sa mère, jeune, s'était enfuie avec le fils du marquis et, à sa mort, elle s'est retrouvée sans ressource. A partir de cette histoire de départ, les personnages se multiplient et s'entrecroisent, avec comme pivot du roman le moine Ambrosio, être saint et pur qui peu à peu va sombrer dans la luxure…

Le style fait d'euphémisme est un régal. On devine à travers les lignes les pires atrocités qui sont commises. Par exemple, quand le moine décide de violer Antonia, ceci est écrit avec ces quelques mots :

"Sans faire attention aux pleurs, aux cris, aux prières, il se rendit peu à eu maître d'elle, et ne quitta sa proie que lorsqu'il eut consommé son forfait et le déshonneur d'Antonia. "

Il ne manque pas de fantômes, d'apparition. L'épisode de la « nonne sanglante » est un chef d'oeuvre de gothisme ! Et les détails répugnants pour le lecteur ne sont pas absents non plus : Agnès, la soeur enceinte de Lorenzo, a été emprisonnée par l'abbesse du couvent et est condamnée à périr dans les caveaux petit à petit. Elle accouche dans les ténèbres des tombes, l'enfant meurt vite, mais elle persiste à vouloir le garder près d'elle jusqu'à sa fin :

« Quoique épuisée, défaillante, harassée, je tremblais de céder au sommeil ; car il était toujours interrompu par quelque affreux insecte qui venait ramper sur moi : tantôt je sentais le crapaud hideux, tout gonflé des vapeurs empoisonnées du cachot, qui traînait sur ma poitrine son ventre dégoûtant ; tantôt j'étais éveillée en sursaut par un froid lézard qui laissait une trace gluante sur ma figure, et s'embarrassait dans les tresses de es cheveux. (…) Souvent à mon réveil j'ai trouvé mes doigts entourés de longs vers engendrés dans la chair corrompue de mon enfant. »


Antonin Artaud a traduit ce livre, je n'en ai pas lu sa traduction. Mais c'est le seul roman qui ait trouvé grâce aux yeux des surréalistes.

Écrit par un jeune homme de vingt ans, c'est un classique rempli de poésie, de noirceur et d'amour.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}