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Critique de Allantvers


Sous l'apparence bonhomme de la bonne histoire à raconter entre amis chasseurs, les « Contes de la bécasse » est un recueil qui commence par piquer, chatouiller un peu, pour mieux faire vite frémir de répulsion parfois mêlée de rire, ou de peur, puis d'horreur. Cette peinture de moeurs non seulement ne met pas l'homme, ni la femme, en valeur, mais souligne de traits cinglants tout ce que l'humanité recèle de plus noir.

J'avais comparé la lecture d'un autre recueil de nouvelles De Maupassant à la dégustation d'un sachet de bonbons colorés et divers ; ici, la métaphore des sucreries variées ne tient pas, tant la potion est amère !
Que de cruauté, de désespoir, de penchants sordides dans ces « Contes de la bécasse » !

L'humour cinglant a beau être là pour adoucir l'ensemble (« ce cochon de Morin » qui paiera longtemps des rires de ses voisins sa pulsion animale envers la belle voyageuse, ou encore « Farce normande » qui ridiculise le jeune marié), ce sont les contes les plus durs qui saisissent et marquent la lecture de ce recueil. Aussi faut-il adopter une certaine distance pour les savourer et les mettre en perspective par-delà les émanations de l'esprit noir, voire morbide, de l'auteur.

Parmi ceux-ci, j'ai adoré le grinçant « Pierrot », le gentil chien jeté dans les mains de vieilles filles radines : plus cruel, tu meurs, et d'ailleurs ce pauvre chien Pierrot agonise encore.
Autre exemple : « Un fils », qui voit un homme bien né mis en face de l'enfant grossier qu'il a engendré, sur une pulsion animale de chevaucher une servante.

Dans toutes ces nouvelles, Maupassant n'épargne pas ses semblables, et pourtant une certaine tendresse perce malgré tout pour ces Normands veules, pingres, couards, mais aussi malins, bon vivants, pleins de bon sens.
Il nous emmène aussi plus profondément dans l'âme humaine, évoquant l'amour absolu (« la rempailleuse »), la terreur ultime (« la peur »).

Ce recueil est un bijou, un recueil qui recueille des leçons de vie à lire et à relire.

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