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Critique de brigittelascombe


Une vie ou une non vie?
La vie de Jeanne vaut bien celle d'une Emma, au point de vue valeur littéraire, j'entends.
Guy de Maupassant qui appartenait à la génération dite 'naturaliste', a su peindre de main de maître ce douloureux portrait de femme romantique et y méler intrigues, descriptions et échanges verbaux pour créer un roman qui a traversé deux siècles et perdure.
On la voit cette campagne normande, on la sent, on la touche, comme cette bruine fine qui inonde tour à tour la chevelure, le coeur, les yeux et le destin de Jeanne. Avec un simple arc en ciel en fin de course, où l'auteur se rattrappe de sa cruauté.
Petite noblesse provinciale. Après un passage austère dans un couvent pour jeunes filles rangées, après un début de mariage auréolé de huit jours d'éveil des sens avec un hobereau charmeur, Jeanne découvre la vraie vie, sa vie, mais celle aussi de nombreuses femmes du XIX° siècle, soumise à un goujat intéressé par une bourse remplie d'or.
Libre, prête à saisir les bonheurs de la vie, rêveuse,radieuse,confiante, elle possède pourtant bien des atouts:une chair d'aristocrate nuancée de rose,des cheveux blonds,des yeux bleus, une taille ondoyante, une poitrine ferme,une voix nette, un rire franc qui sème la joie tout autour, mais voilà! Romantique,émotive,vulnérable, timide, et amoureuse, elle défaille lorsqu'elle surprend Julien, le traitre dans le lit de Rose la petite bonne, enceinte de surcroit.
Pauvre petite chose humiliée,abandonnée, chiffonnée, souffrante, jalouse, accablée! Où trouver du soutien?
"Tout le monde était donc perfide, menteur et faux."
Sa 'petite Mère', égoïste, nie la tromperie, les autres aussi.
Elle perd ses illusions, sa confiance.
"Tout faisait souffrir et pleurer."
Même l'abbé l'influence.
"Tout était misère, chagrin, mort."
Sa vie est morne et sans attente.
"Sa sentimentalité maladive et grandssante, ses rêveries exaltées, tout le désordre de sa pauvre âme secouée par le malheur"
La voilà désespérée.
Et ce secret horrible dévoilé à la mort de sa mère.
"Sa dernière confiance était tombée avec sa dernière croyance"
Un enfant, elle a un enfant et l'idolatre, et a peur de le perdre et la vie se poursuit. Et le mari meurt de la jalousie d'un autre. Et la vie continue. Et la vie s'éclaircit... en fin de vie.
Sublime comme la douce complainte d'une pluie bretonne!
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